L'Allemagne est devenue samedi la première grande nation européenne de football à relancer ses compétitions. Le coup d'envoi de quatre matches de deuxième division a été donné à 13h, à huis clos, en attendant l'entrée en lice des stars de la Bundesliga dès 15h30.
L'ambiance étrange des stades de Karlsruhe, Regensburg, Bochum et Aue a donné un aperçu de ce qui attendait notamment le Borussia Dortmund de Lucien Favre: l'impression d'assister à un match de campagne entre équipes juniors.
Sans cérémonie ni musique, les équipes sont entrées séparément sur les terrains. Aucune poignée de main, pas d'enfants pour accompagner les joueurs, et aucune montée d'adrénaline sonore pour le premier but, marqué par le Coréen de Kiel Jae-Sung Lee en déplacement à Regensburg, après trois minutes de jeu.
Sur le banc de touche, les remplaçants portent des masques et sont tous assis à deux mètres les uns des autres. Les téléspectateurs entendent en revanche l'écho de tous les appels et cris des joueurs et entraîneurs.
La D2 est soumise aux mêmes mesures sanitaires strictes que la Bundesliga. L'un des matches de D2 programmé ce samedi entre Hanovre et Dresde a déjà dû être reporté, après le placement en quarantaine de toute l'équipe de Dresde, consécutive à la détection de deux cas positifs au coronavirus.
Calme plat à Dortmund
A Dortmund, où devait se disputer dès 15h30 le traditionnel derby de la Ruhr entre le Borussia et Schalke, l'ambiance en ville n'avait rien à voir samedi avec un jour de match, a constaté un journaliste de l'AFP. Plusieurs fourgonnettes des forces de l'ordre étaient positionnées, et notamment autour de la gare, dans le but d'éviter tout rassemblement de supporters.
Raisonnables, les quelques fans rencontrés font preuve de réalisme: «Mieux vaut des matches à huis clos pour freiner la progression de l'épidémie qu'une catastrophe sanitaire», reconnaît Nicole Bartelt, 44 ans, maillot noir du BVB sur le dos, qui regardera le match chez un couple d'amis, en respectant les règles sanitaires n'autorisant les réunions qu'entre deux foyers différents et avec une distance de sécurité minimale de 1,5 m.
Un peu plus loin, Marco Perz, 45 ans et possesseur d'une carte de membre permanent depuis 1987, porte fièrement une veste sur laquelle sont collés des dizaines de logos du club. «Il serait absurde et dangereux que la saison n'aille pas à son terme», juge-t-il: «Pas nécessairement pour les sportifs, qui devront peut-être acheter une Lamborghini en moins, mais pour toute l'économie qui dépend d'eux, les techniciens, jardiniers, magasins de fans.»