Rechausser les crampons mais sans supporters. Les îles Féroé ont timidement relancé samedi à huis clos une saison footballistique européenne quasiment à l'arrêt, accueillant les premiers matches officiels en Europe de l'Ouest depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Samedi soir, sur la pelouse d'Argir, en banlieue de la capitale Tórshavn, la Betri Deildin (première division féringienne) a repris ses droits. Dix clubs sont en lice pour la saison 2020, dont l'inauguration était initialement prévue début mars.
Dernier des cinq matchs programmés pour cette première journée de championnat, l'équipe locale d'Argja Bóltfelag -- l'AB -- a signé un match nul (0-0) contre celle de Víkingur, trois fois championne nationale par le passé.
Qu'importe, pour Atli Gregersen, international féringien et capitaine de l'équipe de Víkingur, reprendre le chemin des stades est l'essentiel, même s'il regrette encore l'absence de public. Sur cet archipel autonome danois de 18 îles plongées dans l'Atlantique-Nord entre l'Islande et l'Ecosse, le football passionne.
En temps normal, près de 10% des 52'000 habitants peuvent se rassembler dans le plus grand stade du pays. Samedi, c'est pourtant dans des stades vides – restrictions sanitaires obliges – que les équipes ont rechaussé leurs crampons.
«Nous jouons pour les fans (..), il est donc très difficile de jouer un match sans spectateurs. Mais avec un peu de chance, cela sera bientôt passé et nous aurons à nouveau nos fans», espère Atli Gregersen.
Plusieurs d'entre eux ont toutefois fait le chemin jusqu'aux abords du stade. Sverri Petersen, supporter de l'AB, est l'un d'eux: «Ca m'a vraiment, vraiment beaucoup manqué! Je joue au football moi-même, j'y ai joué tous les jours, mais depuis le virus, il n'y a plus rien», s'exclame-t-il. La Betri Deildin est pour le moment le seul championnat féringien à reprendre sur l'archipel, les handballeurs et volleyeurs ayant renoncé à revenir sur le terrain.
Coup de projecteur
Premier championnat à reprendre en Europe occidentale, la ligue féringienne, semi-professionnelle et affiliée à la FIFA depuis 1988, n'avait jamais autant attiré l'attention. La télévision norvégienne a même acheté les droits de retransmission des douze premiers matchs, dans un paysage sportif encore largement à l'arrêt.
Pour les clubs, c'est une manne financière appréciable, succédané à l'inexistante vente de billets pour cause de huis-clos et pour les joueurs, une occasion de se montrer.
«C'est une grande occasion (...) Certains joueurs rêvent de jouer à plein temps à l'international. Maintenant, tous les yeux sont tournés vers eux», note Tróndur Arge, journaliste sportif à Sosialurin, le plus grand journal féringien.
En Europe, seul le championnat de foot au Bélarus était resté actif en période de pandémie. Le Championnat d'Allemagne de football sera, lui, le premier grand championnat européen à rependre, le 16 mai.
Pour Sverri Petersen, cette reprise permet surtout de mettre en avant le football férigien sur la scène internationale. «Peut-être que (...) plus de gens s'intéresseront au football féringien, car nous sommes un petit pays, mais nous aimons le football, et c'est une grande priorité pour nous», aspire le supporter.
Le territoire a fermé ses frontières mi-mars et introduit une batterie de restrictions, dont la fermeture des écoles, des cafés et restaurants, qu'il lève progressivement depuis le 20 avril. Toutefois, chaque personne entrant aux îles Féroé est soumise à une quarantaine stricte de deux semaines lors de laquelle aucun contact avec des personnes extérieures à son foyer n'est autorisé.
Les voyages d'agrément dans le territoire sont déconseillés jusqu'au 30 juin. Les îles Féroé ont recensé 187 cas depuis le début de la pandémie et aucun décès