Football L'équipe de Suisse a-t-elle les moyens de ses ambitions ?

ATS

12.11.2020

L'équipe de Suisse ne s'en sort pas: à insister dans un style audacieux, elle ne cesse d'être trahie par ses propres erreurs. Le chemin est-il le bon, alors qu'elle joue sa place dans l'élite de la Ligue des nations?

L'équipe de Suisse s'est à nouveau sabordée mercredi en Belgique.
L'équipe de Suisse s'est à nouveau sabordée mercredi en Belgique.
Keystone

Il commence à y avoir de quoi faire une compilation. Si l'automne de l'équipe nationale a été dense en matches, il l'a aussi été en erreurs plus ou moins grotesques mais très souvent évitables. Ils sont plusieurs à pouvoir être mis dans le panier: Yann Sommer (un peu en Ukraine et surtout en Espagne), Fabian Schär (en Allemagne principalement) ou encore Loris Benito (en Belgique mercredi). Des éléments défensifs, mais cela ne signifie pas qu'ils soient les uniques responsables des mauvais résultats. Ce sont surtout ceux que l'on remarque le plus.

Mais dans l'approche de l'équipe de Suisse, leur rôle est capital. Déjà parce que son entraîneur Vladimir Petkovic, à vouloir récupérer des ballons haut, accepte leur exposition aux attaques adverses. Et puis, c'est à eux qu'incombe la fonction de lancer la phase offensive, quitte à prendre certains risques. C'est assumé.



«Nous avons déjà montré contre des adversaires de qualité que nous sommes capables de sortir la balle depuis l'arrière, se félicitait Petkovic mercredi. Même contre la Belgique, nous sommes parvenus plusieurs fois à bien sortir, mais également à varier notre jeu, en jouant parfois de manière plus directe.»

Un discours qui évolue

Manière d'affirmer ses idées, ce style qu'il veut pour son équipe et qu'il entend bien imposer aux adversaires, qu'importe leur supériorité sur le papier. C'est le credo du Mister, il le poursuit et s'y accroche plus que jamais, même si son discours évolue: à l'ambition et l'optimisme, il a ajouté le réalisme à l'aube de ce rassemblement de novembre. La Suisse peut perdre contre l'Espagne, la Croatie, la Belgique ou l'Ukraine, dans le sens où ce sont des adversaires d'une qualité au moins équivalente, pour ne pas dire plus grande.

C'est une façon habile de ne pas avoir à justifier une domination adverse, qui n'a rien d'indécente quand elle vient d'équipes si bien placées dans le concert des nations. En revanche, Petkovic est plus emprunté lorsqu'il doit répondre des erreurs individuelles de ses propres joueurs: «Bien sûr, elles peuvent arriver. Mais leur accumulation lors des derniers matchs n'est pas acceptable. Il faut les gommer.» Le moyen d'y parvenir manque de limpidité, surtout dans un contexte où le jeu suisse plaide pour la prise de risque en défense. La Suisse a-t-elle seulement les qualités pour cela?



Autrement dit, l'équipe nationale n'atteint-elle pas son plafond lorsqu'elle est prise à son propre jeu? A vouloir attirer l'adversaire, elle lui rend la balle avant même d'avoir trouvé les espaces qu'elle voulait créer. Cela n'est évidemment pas une constante, mais sa récurrence justifie-t-elle vraiment le parti pris? Même s'il existe des éléments rassurants: la défense Cömert-Schär (qui sera suspendu contre l'Espagne)-Benito alignée à Louvain doit sans doute être considérée comme celle de réserve à l'heure actuelle. Elvedi, Akanji et Rodriguez affichent en effet plus de garanties en la matière.

Xhaka, ce leader irremplaçable

La vraie limite de l'équipe de Suisse est ainsi peut-être celle de la marge à disposition. Peut-elle remplacer aussi efficacement ses cadres que ce qu'elle le souhaiterait? La réponse par la négative semble indéniable. Exemple encore criant mercredi soir, après la sortie de Granit Xhaka à la pause. Le capitaine en est vraiment un: c'est lui qui organise les remontées de balle et c'est également lui qui structure la phase défensive.

Sans vouloir associer les errements de la seconde période à un seul joueur (quatre changements avaient été effectués à la pause), Vladimir Petkovic ne cache pas qu'il se repose beaucoup sur le milieu d'Arsenal: «Granit est un leader, estime-t-il. A la fois dans le vestiaire et sur le terrain. Peut-être qu'en deuxième mi-temps, il a manqué l'impulsion pour mieux presser ou pour mieux contrôler les ballons. Granit est clairement important pour cette équipe.»



Avec la Suisse, quand les meilleurs font défaut, cela se voit (et la longue absence de Denis Zakaria se fait aussi sentir). Mais contre l'Espagne samedi à Bâle, l'équipe alignée doit se rapprocher d'un onze-type, plus que jamais depuis le début de cette Ligue des nations. Une bonne chose avant un défi d'un niveau certain, à la hauteur de l'enjeu (se maintenir en Ligue A et être dans le premier pot pour les qualifications au Mondial). Le genre de match où les erreurs ne seront plus tolérées. Les idées de la Suisse passeront au révélateur.

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