Après dix ans d'attente pour Pep Guardiola et treize pour les propriétaires de Manchester City, la finale de la Ligue des champions s'offre enfin à eux. Une occasion en or, pour laquelle les Citizens ont montré qu'ils étaient armés.
Lorsqu'il a racheté le club en 2008, le cheikh Mansour bin Zayed al Nayan rêvait de voir un jour son équipe dominer l'Europe du football. Double champion d'Europe sur le banc de Barcelone en 2009 et 2011 mais absent jusqu'à cette saison de la finale de C1, Guardiola voulait prouver qu'il pouvait aussi amener à la consécration une autre équipe que celle dont il partageait l'ADN.
«Les gens pensent que c'est simple d'arriver en finale de la Ligue des champions. Mais arriver en finale maintenant valide ce que nous avons fait ces quatre ou cinq dernières années», a estimé le technicien catalan, qui a exorcisé ses échecs passés avec le Bayern Munich puis City.
Il reste une marche à franchir, la plus haute sans doute, la plus périlleuse certainement, puisque c'est un match couperet: ça passe ou ça casse. Comme de juste, l'adversaire en face sera une montagne, le Real ou Chelsea, qui ont tous deux déjà soulevé la «Coupe aux grandes oreilles», même si c'est 13 fois pour le premier et une seule fois pour le second.
Chelsea, l'épouvantail ?
Son tropisme barcelonais et son excellent bilan de manager contre le Real – 11 victoires et 4 nuls en 19 matches – pourraient inciter «Pep» à avoir une petite préférence pour les Madrilènes. L'an dernier, City avait d'ailleurs sorti les Espagnols dès les 8es de finale en l'emportant deux fois 2-1, devenant la première équipe à éliminer l'entraîneur Zinédine Zidane en Europe.
Chelsea, à l'inverse, a de quoi vraiment faire peur à City. La victoire à Stamford Bridge (3-1) en championnat ne compte pas vraiment, puisque Frank Lampard était aux commandes et que depuis, l'arrivée de Thomas Tuchel a transfiguré l'équipe. Et lors de leur seul affrontement, l'Allemand a pris le meilleur (1-0) en demi-finale de la Coupe d'Angleterre.
Ironie du calendrier, les deux équipes se retrouveront samedi en championnat, avec comme enjeu pour City de valider son titre. Les Blues courent pour leur part encore après une place en Ligue des champions pour la saison prochaine, que leur offrirait soit une place dans le top 4 de Premier League... soit une victoire en C1.
Chelsea est en tout cas l'une des rares équipes à pouvoir rivaliser avec City aussi bien sur la confiance – 15 victoires, 6 nuls et 2 défaites sous Tuchel -, que de la flexibilité tactique ou d'un facteur décisif à cette période de la saison: la fraîcheur physique.
«Tout n'est pas question d'argent»
Quoi qu'il arrive, Pep Guardiola aura trois semaines pour prendre tout cela en compte avant la finale du 29 mai et si cette campagne européenne admirable lui a appris – ou confirmé – quelque chose, c'est que le salut viendra de ses propres forces. Sur la scène européenne comme anglaise, c'est avant tout la défense qui a porté les Citizens.
Invaincus dans cette C1 – 11 victoires pour 1 nul -, ils n'ont pris que 4 buts et marquent avec une régularité d'horloge deux buts à leurs adversaires à chaque match depuis le début de la phase finale. Mardi soir, c'était un doublé de Riyad Mahrez, sur des contres après avoir passé une bonne partie du match, surtout en première période, à faire le dos rond dans une position inhabituellement basse.
Guardiola a assuré qu'il ne s'agissait pas vraiment d'un plan tactique, mais que les circonstances du match leur avaient dicté cette attitude. Peu importe, son équipe a prouvé une nouvelle facette de son talent et n'a plus subi de frappe cadrée parisienne depuis la 28e minute... du match aller !
Autant dire qu'il faudra être drôlement costaud pour empêcher un sacre de City, qui pouvait paraître à certains inéluctables, vu les sommes astronomiques engagées depuis 2008. «Tout n'est pas question d'argent. Si vous pensez cela, vous avez tort», leur a rétorqué Guardiola mardi soir.