Une défense à trois, une attaque Mbappé-Vinicius et un pressing incessant: Xabi Alonso a engagé une refonte en profondeur de l'architecture du Real Madrid. Il espère recueillir les premiers lauriers de cette révolution tactique dont au Mondial des clubs.

Après une entame poussive contre Al-Hilal (1-1) pour ses grands débuts en remplacement de Carlo Ancelotti, l'entraîneur espagnol commence petit à petit à imprimer sa patte sur la formation merengue, qui monte en puissance dans le tournoi. Le quart de finale face au Borussia Dortmund de Gregor Kobel, samedi à East Rutherford, constituera ainsi un test supplémentaire pour le technicien et ses joueurs, obligés de s'adapter à une nouvelle philosophie de jeu.
Au terme d'une saison sans trophée majeur et marquée par des désillusions en Liga (2e derrière le grand rival, le FC Barcelone) et en Ligue des champions (élimination en quart de finale par Arsenal), l'ancien patron du Bayer Leverkusen est parti d'une feuille blanche. Il a entamé une véritable reconstruction, prenant le contre-pied du style pragmatique d'Ancelotti pour tenter de ramener le Real au sommet.
Trois centraux et deux pistons
La principale originalité concerne la base arrière. Depuis le lancement de la Coupe du monde des clubs, Madrid évolue dans un système composé de trois défenseurs centraux (Dean Huijsen, Aurélien Tchouaméni, Antonio Rüdiger) et deux pistons sur les côtés (Fran Garia, Trent Alexander-Arnold), qui tranche singulièrement avec le 4-3-3 prévalant sous Ancelotti et Zinédine Zidane.
De quoi casser les habitudes et les automatismes des Madrilènes. Mais Xabi Alonso, sacré en Bundesliga en 2024 grâce à cette formule, semble bien décidé à poursuivre dans cette voie et à installer durablement ce schéma.
«J'ai toujours eu cette idée en tête. Les joueurs ont l'intelligence footballistique nécessaire pour comprendre pourquoi nous les utilisons. Cela nous permet d'avoir beaucoup de stabilité et de contrôle», a expliqué l'entraîneur de 43 ans après le succès probant contre Salzbourg au premier tour (3-0), synonyme de qualification pour les 8e de finale.
Un équilibre à assurer
Le duel face au Borussia permettra aussi à Xabi Alonso de travailler plus en profondeur l'association entre Kylian Mbappé et Vinicius, qu'il compte bien aligner seuls en attaque. Pour l'instant, l'entraîneur espagnol n'a pas eu le temps de peaufiner le duo, la faute à une gastro-entérite sévère qui a mis sur le flanc le capitaine de l'équipe de France.
La superstar des Bleus a certes effectué son retour en 8e de finale contre la Juventus Turin (1-0) mais il n'est entré sur le terrain qu'à la 68e minute. Difficile donc de juger en l'état sa complicité avec Vinicius, mais le match de samedi pourrait fournir plus d'indications sur la capacité des deux joueurs à cohabiter sur le front de l'attaque.
«Ils peuvent le faire, Vini en partant de l'extérieur, Kylian de l'intérieur. Mais il n'y a rien d'exclusif. Je pense que les choses peuvent fonctionner, ils ont des qualités individuelles. Mais nous avons besoin aussi de la qualité collective pour que les joueurs puissent avoir un bon soutien», a déclaré Xabi Alonso la semaine dernière.
Au-delà de son rendement offensif, le binôme Mbappé-Vinicus sera également scruté sur son aptitude à défendre à la perte de balle et à assurer l'équilibre de l'équipe, entreprise sur laquelle Ancelotti s'est cassé les dents.
Mbappé doit se faire violence
Les deux joueurs, et surtout Mbappé, seront-ils capables d'exercer le pressing de tous les instants réclamé par leur nouveau boss? Le Français de 26 ans n'a jamais été un expert en la matière et s'est toujours reposé sur son affolante efficacité devant le but, encore démontrée lors de sa première saison au Real (43 réalisations toutes compétitions confondues, un titre de «pichichi"). Il devra donc se faire violence et fournir des tâches presque inconnues pour lui en près de dix années passées au plus haut niveau.
Mais Xabi Alonso a déjà prévenu: il ne fera pas de cadeau, quels que soient les statuts des uns et des autres. «Il faut une équipe qui presse comme une seule unité. Il y a la même exigence avec Mbappé qu'avec Tchouaméni, Huijsen ou Ceballos», a-t-il averti.