Un an après son miraculeux sauvetage, Neuchâtel Xamax s'apprête à retomber en Challenge League. Cela était presque écrit d'avance.
A Neuchâtel Xamax, 2019 restera comme l'année du miracle. Celui d'un maintien inespéré lors du barrage contre Aarau, malgré une défaite 4-0 à domicile au match aller. Dans les couloirs de la Maladière, ce 2 juin au Brügglifeld est resté dans toutes les mémoires, rappelé dans tous les contextes. Un exploit comme il n'y en a pas deux dans une histoire.
Pourtant, ce jour-là, Xamax avait peut-être déjà signé sa relégation pour la saison suivante. Le péché originel ne vient pas de cette remontée de l'impossible. Plutôt des semaines qui l'ont précédé. Quand Stéphane Henchoz, en pleine opération sauvetage, avait appris qu'il ne continuerait pas, qu'importe le résultat final.
Quand le club Rouge et Noir, sous l'impulsion du président Christian Binggeli, a décidé de se donner une nouvelle politique. Plus de jeunes, un entraîneur formateur (Joël Magnin) et un modèle inspiré de Thoune, disait-on alors. Force est d'admettre que l'idée n'a pas fait long feu.
Une faillite politique
«L'échec est sportif, mais aussi politique.» Le constat est amer et il vient de Laurent Walthert. «Il y a des choix faits par le club, avec un Xamax 2.0 qui devait miser sur les jeunes, avec un staff où excepté Jörg Stiel, personne n'avait entraîné plus haut que la 1ère Ligue, récite le capitaine neuchâtelois. C'était un parti pris du club, mais l'idée a échoué. Ce Xamax 2.0 n'a pas suffi. Il y a eu des renforts à Noël, mais le mal était déjà profond.» La critique se veut acerbe, elle vient de l'intérieur, de l'un de ceux qui ont permis à Xamax d'avoir une âme ces dernières années.
Elle est partagée par Jean-François Collet, qui a racheté les actions du club à la famille Binggeli (Christian et son fils Grégory) l'hiver passé. «Qui pensait que l'équipe du début de saison pouvait se maintenir?, interroge le Vaudois. Vouloir faire un club formateur, c'était utopique. Avec les joueurs qu'il y avait, Xamax ne pouvait pas régater. Nous avons essayé de faire au mieux à Noël, mais sans réussir à nous sauver.» Attentif, l'observateur Walthert est à peine plus mesuré: «Xamax a de nouveau travaillé dans l'urgence. Je savais dès le mois de juin 2019 que ce serait compliqué. Le but était de rester en vie, d'essayer d'être dans le coup jusqu'à la fin pour passer l'épaule dans le money-time. Mais il nous a toujours manqué un petit quelque chose.»
C'est la chronique d'une saison sans relief, d'une relégation qui s'est vite révélée inéluctable. «Il faut regarder la réalité en face, lance le gardien. Si Xamax a été en vie jusqu'à la 34e journée, c'est grâce au premier tour de Thoune (réd: 9 points à la trêve, cinq de moins que Neuchâtel). Cela nous a permis d'y croire.» Mais les Neuchâtelois n'ont jamais eu une équipe de Super League. Sans doute que Raphaël Nuzzolo marquerait des buts partout ailleurs, que la solidité d'un Marcis Oss serait un argument intéressant pour la concurrence, que les renforts Musa Araz, puis Xavier Kouassi ont un certain impact et que Léo Seydoux, prêté par Young Boys, est l'unique réussite de cette politique avortée. Le reste? Des joueurs de complément, au mieux, qui ne devraient jamais être aussi importants à ce niveau.
Repartir pour remonter?
L'état des lieux qui sera fait en amont de la future saison devra le prendre en compte. Il incombe à Stéphane Henchoz, bien sûr, qui restera en poste, même s'il a cette fois failli à cette mission quasi impossible.
A Jean-François Collet, aussi. Symbole de ce Xamax 2.0 mort-né, sa reprise a entraîné le club dans une approche différente, où les résultats comptaient plus que le projet initial. Le remplacement de Joël Magnin à huit journées de la fin en a été l'illustration la plus récente. «J'avais déjà hésité à changer d'entraîneur avant la reprise post-Covid», confie-t-il d'ailleurs.
Mais le patron ne fait pas dans l'illusion: il sera compliqué de remonter immédiatement. «Pour avoir un projet solide, il faut partir de la formation, mais il nous faut un peu de temps pour faire de Xamax un club formateur pérenne, où l'on puisse aussi vendre nos meilleurs jeunes. Alors, en attendant, nous devrons trouver des solutions intermédiaires. On fera l'équipe la plus compétitive possible, mais il faut être honnête: on ne peut pas dire qu'on remontera à coup sûr.» Il faudra en tout cas se tenir à une idée réaliste, cette fois.