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Petkovic: "Ca ne peut pas continuer comme ça"

ATS

12.11.2019

Presque tous les sélectionneurs au monde sont confrontés à la même problématique: le temps de jeu en club des internationaux. Vladimir Petkovic n'y échappe pas mais, bien qu'il doive mettre de l'eau dans son vin, il applique une politique claire en la matière.

Petkovic n'a jamais hésité à ne plus convoquer un international si ce dernier était en manque de rythme.
Petkovic n'a jamais hésité à ne plus convoquer un international si ce dernier était en manque de rythme.
Keystone

Comme Petkovic, Ottmar Hitzfeld avait énoncé un principe simple en entrant en fonction (2008): un joueur doit jouer pour être convoqué en équipe de Suisse. L'Allemand avait pourtant rapidement revu sa copie, faute de quoi il aurait été parfois bien emprunté pour coucher vingt-trois noms sur une liste. Ainsi le prédécesseur de Petkovic a-t-il régulièrement, surtout à la fin de son mandat (2013-14), maintenu sa confiance en certains hommes en difficulté (Xhaka, Shaqiri, Djourou ou encore Seferovic).

L'actuel boss de la sélection n'est pas beaucoup mieux loti. Des dix-huit professionnels évoluant à l'étranger réunis en ce moment à Zurich pour préparer les deux derniers matches qualificatifs pour l'Euro 2020 (vendredi contre la Géorgie et lundi prochain à Gibraltar), la moitié n'est pas titulaire en club. «Certains auraient besoin de plus de minutes dans les jambes, concède Petkovic. Mais je ne laisse pas tomber mes joueurs. Avec moi, tout le monde a droit à une deuxième chance.»

Enfin jusqu'à un certain point. Parce que le Mister, contrairement à Hitzfeld, n'a jamais hésité à ne plus convoquer un international si ce dernier était en manque de rythme. Avec deux exemples plus que parlants: Gökhan Inler, lorsque le Soleurois avait quitté Naples pour Leicester (2015), et Stephan Lichtsteiner au printemps dernier, qui, surnuméraire à Arsenal, n'était pas dans le groupe pour le Final Four de la Ligue des Nations. Pas plus qu'en septembre dernier lors des éliminatoires, faute d'avoir trouvé un nouveau club (Augsbourg) assez vite pendant l'été. Inler et Lichtsteiner: soit les capitaines de l'équipe de Suisse!

Rodriguez et les attaquants

D'autres nuages s'amoncellent déjà à l'horizon du Mister, surtout sur la tête de Ricardo Rodriguez, lequel, pour la première fois de sa carrière, n'est plus titulaire (à l'AC Milan, aucune minute de jeu depuis le 21 septembre). Le Zurichois conserve encore l'avantage sur Loris Benito (titulaire à Bordeaux), «mais à l'avenir il va devoir trouver une solution avec son club», prévient Vladimir Petkovic. Et Rodriguez sait de quoi le Tessinois est capable, pouvant constater que Kevin Mbabu, le successeur désigné de Lichtsteiner, est redevenu no 2 derrière le Lucernois à cause d'un temps de jeu insuffisant à Wolfsburg.

Le problème est encore plus grave dans le compartiment offensif puisque même Haris Seferovic n'est plus indiscutable à Benfica, n'ayant par exemple foulé le terrain que durant 311 des 540 minutes disputées par le club lisboète depuis la victoire suisse contre l'Irlande en octobre. Le sélectionneur n'a que peu d'options, avec les blessures de Xherdan Shaqiri, Breel Embolo, Admir Mehmedi, Steven Zuber et Josip Drmic.

«Ca ne peut pas continuer!»

Ainsi le Mister a-t-il convoqué des hommes peu utilisés depuis le début de saison, comme Albian Ajeti (West Ham United) ou Renato Steffen (Wolfsburg). Mais tout en rappelant ses principes de base.

Alors que Hitzfeld encourageait ses joueurs à serrer les dents, à inverser la tendance et à ne rien lâcher, Petkovic, lui, met une forme de pression sur ses internationaux. «Je ne suis pas de ceux qui incitent aux transferts. Ce sont les joueurs, avec leur entourage et leur club, qui doivent prendre cette décision. Mais il est clair que certains doivent plus jouer. Ca ne peut pas continuer comme ça! Je souhaite à ceux-ci d'arriver à trouver une solution dont je pourrais aussi profiter en tant que sélectionneur.»

L'exigence est là: il n'y aura pas de place dans la liste des vingt-trois à l'Euro 2020, pour autant que la Suisse se qualifie, pour neuf hommes en manque de temps de jeu et de rythme.

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