Un joueur sait s'il est en mesure ou pas d'apporter quelque chose à son équipe, et le rôle du sélectionneur est de l'épauler. Tel est, en substance, le message délivré par Vladimir Petkovic lundi à Zurich, où la Suisse s'est réunie, sans sa star, pour préparer ses deux matches éliminatoires de l'Euro 2020 en Irlande (jeudi) et contre Gibraltar à Sion (dimanche).
"Je comprends, nous comprenons tous et nous acceptons la décision de Xherdan", a asséné à plusieurs reprises un sélectionneur attendu au tournant. "Xherdan ne se sent pas capable, aujourd'hui, d'aider l'équipe, de faire la différence, de tout donner pour la Suisse, comme il l'a souvent fait par le passé. Il se sent peut-être un peu vidé, ça ne faisait pas sens qu'il vienne. Il a besoin de ces deux semaines pour lui, je l'accepte pour cette fois", a quand même glissé le Mister, comme un avertissement.
Avant de rappeler que "nous avons souvent aidé des joueurs en difficulté en club, que nous avons pris et fait jouer pour leur redonner confiance, pour leur transmettre notre positivité. Et ça a souvent fonctionné". Mais pourquoi alors Shaqiri n'a-t-il pas saisi la main tendue? "Les joueurs sentent s'ils sont aptes ou pas. Dans des moments difficiles, chacun réagit différemment et les besoins diffèrent d'une personne à l'autre. Certains ont envie de changer d'environnement, d'autres de rester chez eux devant la TV", estime le sélectionneur, épaulé dans l'exercice par Pierluigi Tami.
Bienfaiteur des médias
"Shaqiri est un être humain et il a le droit de traverser un moment difficile", souligne pour sa part le Tessinois, nouveau directeur des équipes nationales. "Il compte déjà presque cent sélections (ndlr: 82), il a souvent été décisif (22 buts) mais, là, il ne se sentait pas à même de nous aider."
Et Petkovic de répondre aussi, avec humour, aux énièmes critiques concernant sa communication. Pourquoi n'a-t-il pas convoqué les médias vendredi déjà, pour éviter trois jours de polémique? "Vous auriez vraiment préféré?", a-t-il demandé, un sourire en coin. "Mais vous avez vendu des journaux, vous avez fait des clics sur les sites et vous avez pu vous préparer pendant trois jours à cette discussion avec moi!", a lancé le Mister, déclenchant les rires dans la salle.
Reste que Vladimir Petkovic a reconnu, entre les lignes, que les rapports qu'il entretenait avec l'attaquant de Liverpool n'étaient pas optimaux. "Disons que notre relation est ok mais qu'elle pourrait être meilleure," a-t-il concédé. "Nous devons plus nous ouvrir l'un à l'autre, tout le monde a tout à y gagner."
Lichtsteiner "en retard"
Il a également été question de Stephan Lichtsteiner, l'autre absent de la liste, durant cette conférence de presse. "Je suis très heureux que Stephan ait retrouvé un club et j'espère qu'il va s'imposer en Bundesliga," a expliqué Petkovic. "Mais il accuse trop de retard dans la préparation. Et je trouve encore pire de sélectionner un capitaine et de le laisser sur le banc ou de l'envoyer en tribune."
Changer de club charrie toujours son lot de complications, estime le sélectionneur, entre temps de jeu aléatoire et statut incertain dans l'effectif. La non-convocation de Lichtsteiner – qui a signé il y a peu à Augsbourg – est à comprendre ainsi, "de même que celle de Michael Lang", qui vient d'être prêté à Werder Brême. "J'ai essayé de retenir ceux qui sont, selon moi, les vingt-trois meilleurs joueurs actuellement, ceux qui sont dans les meilleures dispositions physiques et mentales pour servir l'équipe de Suisse."