Kurt Zuppinger (56 ans) est un stratège redoutable. Animal politique, l'Argovien est un sérieux candidat à la présidence de l'ASF en dépit d'éléments qui, a priori, ne plaident pas en sa faveur.
Président de la 1re ligue de 2006 à 2014, Kurt Zuppinger n'exerce presque plus aucune fonction dans l'administration du football depuis. «Mais je siège toujours dans la commission HatTrick de l'UEFA», précise l'ancien arbitre FIFA aux quelque 150 matches de LNA. Reste que ces quatre ans de retrait sont curieux, surtout au regard des profils des deux autres candidats Jean-François Collet (Swiss Football League) et Dominique Blanc (Ligue amateur).
«Je vois plutôt cela comme un avantage, parce que justement j'apporte un regard extérieur, répond l'Argovien. Je n'étais par exemple pas impliqué dans la gestion des affaires qui ont eu lieu durant et après la dernière Coupe du monde. Je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ai plus exercé de fonction dans le football durant ces quatre ans. Peut-être pour trouver une nouvelle énergie.»
Une matrice fédérale
Le seul fait de la désignation comme candidat, début 2019, de l'ancien arbitre est une preuve de l'habileté politique de ce dernier, alors que beaucoup de monde pressentait que l'heure de Philippe Hertig était arrivée. «En tant que président d'honneur de la 1L, j'ai assisté à l'assemblée générale de novembre. Des membres m'ont demandé de me présenter car ils voulaient pouvoir choisir entre trois candidats (ndlr: le président Romano Clavadetscher était aussi en lice). J'ai accepté, mais en disant que je ne mènerai pas campagne ni ne passerai le moindre coup de téléphone.» Kurt Zuppinger a remporté le suffrage dès le 1er tour...
Ce sens politique, l'Argovien le doit vraisemblablement à sa décennie passée en tant que chef des ressources humaines du département des conseillers fédéraux Kaspar Villiger, puis Hans-Rudolf Merz. En 2006, Zuppinger réoriente sa carrière chez les CFF, toujours dans la gestion de personnel. «J'y gère de nombreux projets de grande envergure», glisse-t-il.
Sans doute est-ce aussi dans cette Berne fédérale que l'Argovien a appris l'art de créer du liant entre plusieurs mondes aux intérêts et aux cultures différents. L'essence de son programme pour cette élection à la présidence de l'ASF se concentre sur la réunion de toutes les forces afin d'atteindre un but commun. But dont la définition passera par un profond état des lieux d'entrée de mandat duquel naîtra une stratégie «qui n'existe pas aujourd'hui».
«L'âge idéal»
«J'ai l'âge idéal pour être président. Jeff Collet n'a que 51 ans et il se peut qu'il reste 14 ans ou plus à la présidence. Or, si je suis élu, je ne resterai que huit ans au maximum, période après laquelle il faut de nouvelles têtes. Dominique Blanc, lui, a 69 ans et ne pourra donc pas siéger dans les diverses commissions de l'UEFA, celle-ci ayant fixé une limite d'âge de 70 ans. Or c'est important que la Suisse y soit représentée.»
Comme Collet, Zuppinger sait que son pire adversaire est le mode électoral, avec les 47 voix attribuées à la LA, les 28 à la SFL et les 26 à la 1L, et la tentation du vote d'appartenance. «Ce serait dommage de ne pas voter pour celui que l'on estime être le meilleur. Mais, heureusement, le vote se déroulera à bulletins secrets et dans un isoloir...»