Un salon pour jouer au foot, des repas dans un hôtel vide et une salle de sport: Ronaldinho a troqué sa prison paraguayenne pour un luxueux établissement. Il y attend, assigné à résidence, la fin de l'enquête pour usage de faux passeport.
Après plus d'un mois derrière les barreaux, l'ancien Ballon d'Or est arrivé le 7 avril à l'hôtel Palmagora, récemment rénové et situé dans un bâtiment époque 1900 du centre historique d'Asuncion, la capitale du Paraguay. Ronaldo de Assis Moreira et son frère Roberto y occupent deux suites Premium, qu'ils paient chacun 350 dollars (environ 320 euros) la nuit, selon le gérant de l'hôtel, Emilio Yegros.
Tous deux ont été arrêtés le 6 mars à Asuncion, accusés d'être entrés au Paraguay en possession de faux passeports. Ils étaient arrivés deux jours auparavant dans la capitale paraguayenne pour faire la promotion d'un livre et participer à des opérations de bienfaisance.
Les deux hommes étaient depuis lors en détention provisoire dans un commissariat de police, où le Ballon d'Or 2005 a fêté ses 40 ans le 21 mars. Les avocats de l'ancien champion brésilien ont proposé une caution de 1,6 million de dollars pour les deux frères, qui a été acceptée par la justice paraguayenne. Dans cette affaire, ils encourent jusqu'à cinq ans de prison.
«Toujours le sourire»
A cause de la pandémie de nouveau coronavirus, qui a déjà contaminé au moins 161 personnes au Paraguay et en a tué 8, l'ancienne star du Paris-SG et du FC Barcelone n'a pas le droit de recevoir des visites et l'hôtel n'a pas d'autres clients. «Nous appliquons strictement le protocole sanitaire. Le jour où ils sont arrivés, nous avons lavé tous leurs vêtements», explique à l'AFP Emilio Yegros.
Depuis, le champion du monde 2002 tue le temps entre le gymnase et les couloirs de cet établissement de 6'000 mètres carrés. «Hier, on lui a apporté un ballon réglementaire. On lui a mis a disposition un salon, de 30 mètres sur 15 environ, pour jouer à la balle», poursuit le gérant.
«Ca a l'air d'être quelqu'un de bien. Il a toujours le sourire, comme son frère. Il a un tout autre visage que le jour de son arrivée, où il était visiblement tendu et stressé», ajoute-t-il. La présence de ce client médiatique a modifié la routine des employés, qui se tournent désormais pour répondre au téléphone: des journalistes du monde entier cherchent à obtenir un entretien avec «Ronnie».
«Laissez Ronaldinho tranquille»
«Le Vendredi Saint, j'ai déjeuné avec eux, ainsi qu'avec le consul du Brésil. Ronaldinho ne perd pas son sens de l'humour et fait des blagues entre deux conversations», raconte le gérant, qui balaie les rumeurs selon lesquelles le Barça serait intervenu pour que l'établissement reçoive les frères Assis de Moreira.
«C'est une pure coïncidence» que les propriétaires de l'hôtel soient catalans, assure M. Yegros. Pour l'avocat brésilien de Ronaldinho, Sergio Queiroz, la détention du Brésilien «est illégale, abusive». Ronaldinho et son frère «ne savaient pas que les documents étaient illégaux», poursuit-il.
«Laissez Ronaldinho tranquille», est également monté au créneau l'ancien joueur argentin Jorge Valdano. «Le seul lieu où il a été subversif, c'est sur le terrain», a-t-il récemment déclaré à un journal madrilène. «Etre un délinquant c'est une chose, être bête c'en est une autre», a-t-il ajouté.
«Ils savaient», assure au contraire à l'AFP la procureure en charge de l'affaire, Alicia Sapriza. L'enquête cherche notamment à déterminer si l'ex-joueur a été utilisé ou s'il était au courant d'éventuelles activités illicites liées à sa venue au Paraguay.
«Dans leurs téléphones, que nous avons analysés, nous avons trouvé des conversations du frère Roberto où il est question de ces documents», avance la magistrate, qui estime que «Ronaldinho ne pouvait pas ne pas savoir. Il ne peut pas plaider la bonne foi».
Même si l'enquête pourrait durer jusqu'à six mois, il est fort probable que les deux frères soient remis en liberté conditionnelle dès que l'activité administrative, actuellement paralysée par la pandémie, pourra reprendre, selon des sources judiciaires consultées par l'AFP.