La Suisse a ses certitudes. Et elle entend bien en profiter pour regarder droit dans les yeux l'Allemagne dimanche soir (20h45) pour son deuxième match en Ligue des Nations.
La grande Mannschaft, celle contre qui la Suisse n'a jamais brillé (9 victoires, 6 matchs nuls et 36 défaites toutes époques confondues), se présente donc à Bâle. C'est une affiche, forcément. Mais c'est surtout la possibilité pour l'équipe nationale de se débarrasser du complexe d'infériorité qui pourrait l'animer face à cet imposant voisin.
«Ce n'est pas parce que nous sommes un plus petit pays que nous devons envier l'Allemagne, a balayé Manuel Akanji. Nous avons nous aussi de très bons joueurs.» Le défenseur du Borussia Dortmund n'était pas encore sélectionné en A, mais lors de la dernière confrontation entre les deux équipes, la Suisse s'était en plus imposée. C'était en juin 2012, déjà à Bâle, lorsque l'Allemagne qui préparait l'Euro (auquel la sélection d'Ottmar Hitzfeld ne s'était pas qualifiée) s'était inclinée 5-3, avec notamment un triplé d'Eren Derdiyok.
De l'eau a coulé sous les ponts. Beaucoup. Hitzfeld n'est plus là, son approche très conservatrice non plus. La Suisse de Vladimir Petkovic, elle, se veut proactive et ambitieuse. Elle l'a démontré jeudi en Ukraine, malgré la défaite 2-1, avec une possession audacieuse et un pressing très haut.
Et ce n'est pas parce que c'est l'Allemagne en face que Petkovic entend faire différemment: «C'est notre style, lance le sélectionneur. Nous ne devons pas trop le renier ou l'adapter à l'adversaire. Il faut dire que l'Allemagne est favorite, comme elle l'est contre presque n'importe quelle équipe. Respect à Joachim Löw, qui a bien mené le renouvellement de génération, mais nous nous concentrons sur nous.»
Corriger les errements
Il faudra tout de même apporter certaines corrections, histoire de se montrer un peu plus dangereux qu'à Lviv jeudi. Bien que satisfait de la prestation de son équipe, Petkovic a relevé certains points à améliorer: «Nous avons été trop peu concrets. Par exemple sur les côtés, nous avons fait vingt-cinq centres contre un seul pour l'Ukraine. Ces centres ont bien trop peu amené. Et puis, sur dix situations prometteuses, nous n'avons eu qu'une seule grosse possibilité: le but. Nous devons aussi nous améliorer dans les changements de rythme.» Tout un programme, mais qui permet de pointer assez facilement les carences de la Suisse: elles se situent dans les trente derniers mètres.
Alors Petkovic pourrait amener du neuf dimanche. Il l'a d'ailleurs laissé entendre samedi, en conférence de presse: «Nous verrons qui est prêt et qui ne l'est pas, afin d'aligner une équipe qui puisse être à 100% contre l'Allemagne. Il pourrait y avoir des différences dans l'équipe alignée, avec quelques changements.»
Mbabu absent de l'entraînement
L'un d'eux est tout trouvé: Kevin Mbabu a été légèrement touché contre l'Ukraine et ne s'est pas entraîné samedi. Il ne devrait pas être disponible pour affronter l'Allemagne. Reste à déterminer qui du très en forme Silvan Widmer ou de l'inconnue Michael Lang occupera le couloir droit.
A gauche, la prestation de Steven Zuber contre l'Ukraine laisse imaginer la possibilité d'une rocade. Plusieurs options s'offrent à Petkovic: une approche défensive, avec Loris Benito, ou une solution plus offensive avec Renato Steffen, qui a occupé ce poste en deuxième période jeudi. A moins que le joueur de Wolfsburg ne soit aligné plus haut, dans un rôle qui correspond mieux à ses qualités et à ce qu'il a l'habitude de faire en club.
Quoiqu'il en soit, Petkovic n'a pas l'embarras du choix partout: les secteurs renfloués sont ceux-ci. Même si Michel Aebischer pourrait également être une alternative à Djibril Sow au milieu. Mais le saut de qualité n'est pas si perceptible. «J'ai aujourd'hui les 23 meilleurs joueurs disponibles, a noté Petkovic. J'espère que lors des prochains rassemblements, les choix seront plus compliqués à faire.» Un nouveau résultat décevant contre l'Allemagne donnerait un certain crédit aux absents.
ATS