L'équipe de Gibraltar, la victime expiatoire du football européen, sait d'où elle vient et qui elle est. Mais elle sait aussi où elle veut aller.
Son sélectionneur, l'Uruguayen Julio Ribas, a, ainsi, tenu samedi un discours audacieux à la veille d'affronter l'équipe de Suisse à Sion (18h00), lors des qualifications de l'Euro 2020. «Nous sommes comme tout le monde: nous voulons gagner.»
Une déclaration surprenante pour un technicien dont l'équipe n'occupe que le 198e rang du classement FIFA (sur 211 pays), l'avant-dernier de celui de l'UEFA (juste devant Saint-Marin). Mais Julio Ribas n'en démord pas: il a «fait le choix difficile» d'accepter le poste avec un projet et des objectifs bien en tête qu'il détaille.
«Actuellement, l'idée est de nous préparer cette année pour les matches de 2020, ceux des éliminatoires du Mondial 2022. Mais nous avons aussi des objectifs intermédiaires. Le premier a été de gagner enfin un match en compétition, ce que Gibraltar n'avait jamais réussi à faire en quatre ans d'appartenance à l'UEFA. Et nous l'avons fait (ndlr: contre l'Arménie et le Liechtenstein en octobre 2018, dans le cadre de la Division D de la Ligue des Nations). Mais, par-dessus tout, nous cherchons à trouver notre identité propre.»
Voici donc où en sont les Gibraltariens dans leur processus: mettre tout en oeuvre pour ressembler à cette équipe dont l'identité a été définie par Ribas et son staff «après avoir analysé les quatre dernières années, parce que l'identité d'une équipe se définit par les joueurs qui la composent», étaie le coach.
«Nous avons une ligne de conduite et nous n'allons pas y déroger», poursuit-il quand on lui demande s'il a pour habitude de beaucoup s'adapter à l'adversaire. «Si je changeais tout à chaque match, nous ne pourrions pas atteindre les automatismes dont nous avons besoin pour progresser», assure Ribas.
L'Uruguayen n'a pas peur d'affirmer des ambitions très (trop?) élevées pour une équipe nationale dont le bilan en dit long sur la valeur de l'effectif: 41 matches officiels depuis 2013 et son admission à l'UEFA (2016 à la FIFA), 4 victoires, 3 nuls et 34 défaites, 14 buts marqués pour 152 encaissés, soit une moyenne de 0,3 à 3,7 par rencontre pour un total de -138!
«Mais il n'y a aucune honte à dire que l'on veut gagner! Toutes les équipes veulent gagner et nous aussi. Nous savons très bien la différence de niveau et nous travaillons dur en conséquence. Nous avons des rêves et, pour les atteindre, nous devons grandir. Même si le résultat est très mauvais, on peut grandir à chaque rencontre.»