Le président de LaLiga, Javier Tebas, a réaffirmé que l'éventuelle Superligue européenne sera «une ruine pour le football». Il a exhorté le président de la FIFA, Gianni Infantino, à «éclaircir sa position» sur ce projet.
-Où en est le projet de Superligue européenne? Qui est derrière ce projet?
«C'est toujours une proposition très clandestine, les seules nouvelles que l'on a nous parviennent par la presse, sauf quand l'(ex-)président du FC Barcelone (Josep Maria Bartomeu) s'était exprimé à ce sujet, et que le président du Real Madrid (Florentino Perez) a insinué quelque chose lors de l'assemblée des représentants des socios (supporters-actionnaires). Qui est derrière ce projet? Je n'aime pas citer les clubs, encore moins le Real Madrid, mais il y a le président du Real (Florentino Perez), puis le propriétaire de Manchester United et aussi celui de Liverpool, et en Italie, l'AC Milan, avec Ivan Gazidis. Ce sont les informations que nous avons. Ils doivent faire quelque chose de mal parce qu'ils font tout de manière cachée. Quand les gens font les choses correctement, ils en parlent.»
-Qui d'autre? Des articles affirmaient en octobre que la FIFA soutenait le projet, mais elle est sortie de l'ambigüité la semaine dernière en s'y opposant clairement...
«Il faut faire la différence entre la FIFA comme institution, et Gianni Infantino. Quand la FIFA a publiquement évoqué ce projet en tant qu'institution, ils ont annoncé y être opposé. Mais je crois que Gianni Infantino, en tant que président de cette institution, doit éclaircir sa position sur ce projet. Car effectivement, il a participé à des réunions, il a travaillé et a encouragé le fait que la Superligue se fasse. Dans la documentation que nous avons de la Superligue, il apparaît une mention «w01», qui est clairement un nom de code pour monsieur Infantino. Je crois qu'il doit urgemment éclaircir sa position, publiquement, personnellement, et dire pourquoi il a assisté à quelques réunions et pourquoi il a encouragé le projet à certains moments donnés.»
-Que voulez-vous dire par «encourager»?
«Il n'est pas contre. Il a pensé que le projet était bon. (Dans les documents de la Superligue), des dates sont préservées pour la Coupe du monde des clubs, si chère à Infantino.»
-C'est une sérieuse allégation...
«Si lui dit publiquement que c'est faux et qu'il peut le prouver, je présenterai mes excuses. S'il écarte cette possibilité pour toujours, on commencera à le croire. Moi, du moins pour l'instant, j'ai des doutes.»
-Craignez-vous que ce projet de Superligue cannibalise l'industrie du football en Europe?
«Les détenteurs de droits gagneront un peu plus à court terme, mais à moyen terme ce sera une ruine pour le football et pour eux. Ce projet intéresse ces clubs avec des propriétaires américains ou qui ont des modèles de ligues fermées, car aujourd'hui les seuls qui gagnent sont les clubs qui sont des sociétés anonymes (SASP en France). Mais cela détruirait l'équilibre de l'écosystème du football européen. Le projet de Superligue va tuer la Ligue des champions actuelle. C'est ce qu'ils cherchent, pour ensuite se répartir tout ce que génère la Ligue des champions.»
-Quelles seraient les pertes pour les championnats?
«On avait fait une étude il y a deux ans, quand ils voulaient réformer la Ligue des champions. Pour un championnat comme la Liga espagnole, avec toute l'industrie qu'elle génère, la perte de revenus serait environ de 1,6 milliard d'euros, et la valeur des clubs chuterait de 1,8 milliard d'euros. Et les 14 clubs qui ne feraient pas partie de cette compétition pourraient perdre environ 3 milliards d'euros.»
-Quand ce projet de Superligue va-t-il être officiellement lancé?
«Selon les documents dont je dispose, ce sera annoncé en février. Ils veulent finaliser la vente des droits de retransmission en mars, et se lancer en 2022. Ils peuvent projeter des choses sur papier et y réfléchir, mais ces projections de temps sont erronées. Il ne faut pas oublier que ces clubs participent aux compétitions de l'UEFA, qui a vendu ses droits de retransmissions jusqu'en 2024».
-La Superligue est-elle inévitable?
«Tant que je serai à la tête de LaLiga, cela n'arrivera pas. C'est mon opinion. Ce qui est important, ce sont les clubs, et en Espagne 18 clubs sont contre ce projet. En Allemagne, 18 sont contre aussi. En Angleterre je crois qu'ils sont 16 opposés à ce projet. On ne peut pas aller à l'encontre du modèle structurel du football européen. Entre autres parce que ce serait entrer dans une guerre avec toutes les institutions du football mondial.»
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