Au terme d'une année d'hommages qui semblent parfois sans fin dans son Argentine natale, la planète football, de Buenos Aires à Naples, se remémore jeudi d'une icône de ce sport, Diego Maradona, disparu il y a un an à 60 ans, laissant le souvenir de gestes de génie et d'une vie de tumulte.
«Tu vas nous manquer toute notre vie». La Ligue argentine de football a publié à la veille de l'anniversaire une vidéo sur la vie, les buts, les trophées de Maradona, ponctuée des mots émus en 2001, après un match hommage: «ce match-là est fini (...) mais puisse ne jamais finir l'amour que vous me portez».
Voeu exaucé. Un an après sa mort d'une crise cardiaque, au bout d'une lente dégradation de son état de santé, vaincu par les excès et les addictions, l'idole de l'Argentine a semblé ne jamais cesser de recevoir les honneurs, celui qui apporta au pays la Coupe du Monde 1986, et la fierté d'être la patrie du «meilleur joueur de l'Histoire».
Ou du moins du 20e siècle, selon un vote du public organisé en 2000 par la Fifa --Pelé fut, lui, consacré par un vote d'experts.
En Argentine, des statues, des monuments, des dizaines de fresques murales, ont fleuri depuis un an dans plusieurs villes du pays et quartiers populaires de Buenos Aires, représentant Maradona à tous les âges, sous toutes les postures. Avec le maillot de l'Albiceleste, surtout.
Ces hommages ont culminé le 30 octobre pour ce qui aurait été le 61e anniversaire de «D10S» (jeu de mots entre «Dieu» et «10», son numéro) : les matches de championnat arrêtés à la minute «10» pour des ovations, projections d'images de l'idole, un match caritatif avec d'ex-gloires de «son» équipe d'Argentine de 1986, etc.
L'anniversaire de sa mort devait être plus discret et recueilli, les matches de championnat ayant prévu une minute de silence, avec les joueurs formant le nombre «10» sur la pelouse. Et des «Diegooo, Diegooo !», ou chants à la gloire du «10 Eterno» descendront sans doute des tribunes.
«Faiseur de bonheur»
Dalma, la deuxième fille (34 ans) de Maradona, a fait savoir récemment que, bien que reconnaissante pour les hommages à ce jour et invitations, elle ne participerait à rien ce 25 novembre qui marque «le pire jour de sa vie», un jour «ni pour commémorer ni pour célébrer».
Des messes sont bien prévues, comme dans le bidonville de Villa Fiorito ou grandit le champion, et des rassemblements spontanés ne manqueront sans doute pas aux abords de stades, comme celui d'Argentinos Juniors, le club de ses débuts, ou de Boca Juniors, club mythique où Diego ne joua que deux ans mais auquel il reste associé pour toujours.
A Naples (Italie), où le gaucher magique a évolué sept ans, apportant au club deux titres inédits de champion d'Italie et une Coupe de l'UEFA, les hommages iront par contre crescendo, avec deux statues de Maradona dévoilées.
L'une en bronze, commandée par la municipalité, sera inaugurée ce jeudi devant l'ex-stade San Paolo, rebaptisé Stade Diego Armando Maradona, l'autre, initiative du club, sera dévoilée dans le stade dimanche, avant un match contre la Lazio Rome.
Un match que les joueurs du Napoli disputeront, comme depuis trois semaines, avec des maillots arborant le visage stylisé de l'Argentin, objet d'un culte durable à Naples.
Mais autre «legs» de Maradona, l'année passée en Argentine aura aussi vu s'égrener les procédures judiciaires. Sur les conditions de son décès, avec une enquête pour homicide involontaire par soins négligents.
Sur son héritage, entre cinq descendants --cinq reconnus du moins. Sur l'usage de sa marque commerciale. Sur les dettes et dépenses laissées derrière lui.
Ou tout récemment, pour une plainte portant sur une Cubaine de 37 ans, ex-liaison du joueur alors qu'elle était mineure au début des années 2000, et qui a accusé l'idole, alors cocaïnomane, et son entourage de violences et d'abus présumés.
«Un an après sa mort, Diego, faiseur de bonheur, continue aussi de faire souffrir», résumait joliment La Nacion cette semaine. «Par la tristesse de la mort, car nous l'aimions tellement. Et par les signes d'autodestruction. La grande contradiction entre le bonheur public, et la souffrance privée».