L'équipe de Suisse s'est retrouvée lundi matin à Bâle, dix mois après s'être rassemblée pour la dernière fois. Le temps lui est compté: elle n'a que quelques jours pour retrouver des automatismes afin d'aborder un automne particulièrement dense.
Les internationaux suisses s'étaient quittés sur un rocher, le sentiment du devoir accompli mais avec un plus grand défi à relever. Gibraltar et la victoire 6-1 appartiennent désormais à un passé lointain de près de 300 jours et l'Euro 2020 a été reporté d'une année, même s'il demeure l'objectif le plus important. Mais il n'est plus le seul: la Ligue des Nations en est un premier en matière de chronologie, et le temps de s'y préparer n'existe pas. Il faudra répondre présent immédiatement et avec constance.
L'automne sera en effet tellement chargé pour l'équipe de Suisse que les passages en club ne seront que des interludes entre deux rassemblements. Avec huit matchs au programme entre celui en Ukraine jeudi et la réception de la sélection dirigée par Andriy Shevchenko le 17 novembre à Lucerne, la densité du calendrier permettra de combler les dix mois de manque. Surtout, il n'y aura pas de répit: la Suisse ne va affronter presque que des cadors.
«Un moment important»
«Trois mois intensifs nous attendent, à la fois en matière de quantité et de qualité des matchs, a fait remarquer le directeur des équipes nationales Pierluigi Tami en conférence de presse vendredi. Nous allons affronter cinq équipes qui appartiennent au top 10 mondial.» A savoir, l'Ukraine, l'Allemagne et l'Espagne sur des matchs aller-retour en Ligue des Nations, ainsi que la Croatie (en octobre) et la Belgique (en novembre) en rencontres amicales.
«Ce seront des tests très intéressants pour l'équipe nationale, a poursuivi Tami. Je pense que nos fans voulaient que la Suisse puisse se mesurer à de tels adversaires. C'est un moment important pour la progression de cette équipe, qui est jeune et qui a toujours su présenter des performances à la hauteur. J'espère qu'on arrivera à le faire aussi contre des adversaires de premier plan.»
Le déplacement en Ukraine, dont la sélection avait terminé première de son groupe de qualification à l'Euro 2020 devant le Portugal, et la réception de l'Allemagne dimanche sont deux premiers écueils de choix. Vladimir Petkovic et ses joueurs n'ont pas de temps à perdre à la recherche de nouveaux repères.
L'équipe a peu bougé depuis novembre dernier et, à l'exception du néo-retraité Stephan Lichtsteiner et du convalescent Denis Zakaria, les absents d'hier le sont encore aujourd'hui. Xherdan Shaqiri, Fabian Schär ou Admir Mehmedi manquaient en effet déjà à l'appel face à la Géorgie et à Gibraltar. «J'ai sélectionné les 23 meilleurs joueurs qui étaient disponibles», se devait de souligner Petkovic lors de la divulgation de sa liste en fin de semaine dernière.
Compliqué de lui donner tort. Le contexte n'offre pas beaucoup de marge de manoeuvre, mais n'éloigne pas les incertitudes. Les états de forme des uns et des autres sont très variables, entre ceux qui ont repris leur championnat après plusieurs mois sans compétition et ceux qui se préparent après un été particulièrement chargé.
Petkovic devra jongler, trouver la meilleure alchimie possible pour enchaîner deux matchs déjà capitaux dans cette compétition qui avait emmené la Suisse au Final Four de sa première édition en 2019. Et puis, espérer que le coronavirus épargnera sa délégation, tous les joueurs et membres du staff ayant été testés à leur arrivée à Bâle lundi.
Des places à prendre
Le constat est tel que la Suisse n'a pas d'équipe-type sur laquelle se reposer et recréer certains automatismes. Elle a ses cadres, ceux dont la présence régulière suffit à les aligner: Yann Sommer, Manuel Akanji, Nico Elvedi, Granit Xhaka ou Haris Seferovic sont de ceux-ci. Les autres font en fonction des absences ou des choix tactiques. Steven Zuber, Breel Embolo et Kevin Mbabu sont appelés à jouer. Ricardo Rodriguez, qui sort d'une saison blanche (remplaçant au Milan, puis prêté au PSV Eindhoven juste avant que la pandémie n'arrête tout) et vient de signer au Torino, est une inconnue.
Et puis, autour de ces noms habituels, il y a ceux qui auront quelque chose à gagner. Une place peut-être, mais principalement une exposition. Au milieu, Djibril Sow et Michel Aebischer ont une relation à construire avec Xhaka, par exemple. Renato Steffen reste sur un bon printemps à Wolfsburg et il est un candidat crédible à un statut plus solide que par le passé. Devant, Albian Ajeti peut profiter de la blessure de Cedric Itten pour confirmer son bon début de saison au Celtic (deux buts en deux matchs de championnat).
Les pistes sont diverses, Vladimir Petkovic a trois entraînements (deux à Bâle lundi et mardi, un à Lviv mercredi) pour dégager une équipe crédible à présenter contre l'Ukraine. Les certitudes, elles, ne pourront venir qu'avec le temps. Les occasions de les discuter ne manqueront pas: l'automne sera la saison des débats.