La magistrate du procès en Argentine sur les circonstances de la mort de Maradona, qui avait été récusée pour avoir participé à un documentaire non autorisé, causant l'annulation du procès, a démissionné, a indiqué mardi son avocat.

La démission de celle que la presse surnomme désormais «la juge du scandale» intervient alors qu'a été désigné jeudi un nouveau trio de juges, pour un redémarrage à zéro de ce procès-phare, à une date qui n'a pas encore été arrêtée.
Dans une lettre transmise aux autorités de la province de Buenos Aires par son avocat Dario Saldaño, à laquelle l'AFP a eu accès, la juge Julieta Makintach dit «regretter» le «profond impact institutionnel et social» de ses erreurs, dans un «procès très sensible».
La magistrate de 47 ans se dit «consciente du contexte et des dommages» que son maintien en fonction «pourrait causer à la confiance publique dans le pouvoir judiciaire». Elle estime en conséquence que sa «meilleure contribution à la restitution du prestige de l'institution et à la réparation des erreurs commises» est de démissionner de son poste de juge.
Fin mai, au terme de deux mois et demi d'audience et après quelque 40 témoins entendus, le procès des circonstances de la mort en novembre 2020 de Maradona avait été déclaré nul, après la récusation de Mme Makintach.
Sa position était devenue intenable après la révélation de sa collaboration à la préparation d'une mini-série documentaire dont la bande-annonce promettait: «Une mort, une idole, une juge, un procès».
Mme Makintach avait démenti avoir participé à la production, mais une série de perquisitions, puis la diffusion de vidéos dans la presse, avaient affaibli sa position. Des images de vidéosurveillance la montraient notamment parcourant, le dimanche juste avant le procès, les locaux du tribunal, filmée par une équipe, donnant des interviews.
La juge avait été dans un premier temps dessaisie, avant que le tribunal ne se prononce pour la nullité du procès, à la demande de plusieurs parties, dont le parquet. Le président du tribunal estimait que la conduite de Mme Makintach avait «engendré un préjudice pour les parties civiles comme pour la défense».
Reprise du procès cette année ?
S'agissant du «procès bis», le procureur du premier procès, Patricio Ferrari, a confié espérer sa reprise cette année. Fernando Burlando, avocat des filles aînées de Maradona, spéculait lui aussi pour une reprise «avant la fin de l'année».
Sept professionnels de santé - médecins, psychiatre, psychologue, infirmiers - seront donc jugés, de nouveau, pour «homicide avec dol éventuel». Un «homicide avec dol» est un terme juridique qui désigne une négligence commise tout en sachant qu'elle peut entraîner la mort. Ils encourent entre 8 et 25 ans de prison.
Diego Maradona est décédé à 60 ans le 25 novembre 2020 d'une crise cardiorespiratoire et d'un œdème pulmonaire, après des heures d'agonie selon l'accusation, dans une résidence de Tigre, au nord de Buenos Aires, où il était en convalescence après une neurochirurgie. La justice cherche à déterminer si la star du football argentin est décédé d'un corps usé par excès et addictions (la position de la défense) ou si sa mort était au contraire évitable, et le résultat d'une malveillance.