Football PSG - Real : là où tout se joue pour le décrié Emery

12.2.2018

Considéré comme une valeur sûre en Espagne, Unai Emery reste décrié en France. Alors qu'approche sa fin de contrat avec le Paris SG, la double confrontation contre le Real Madrid lui offre une occasion rêvée de démontrer qu'il est la bonne personne au bon endroit.

Il n'a jamais connu le goût de la victoire au Santiago Bernabeu. A 46 ans, le Basque a déjà affronté à 20 reprises le grand Real Madrid, avec le petit club d'Almeria qu'il avait fait monter en Liga, puis avec Valence et Séville. Le bilan n'est guère reluisant, avec 14 défaites pour 5 victoires et 1 nul.

Et devient même inquiétant concernant le stade du Real, où Paris joue son huitième de finale aller de Ligue des Champions et une partie de sa crédibilité continentale. Emery a disputé 10 matches dans l'enceinte de 81'000 spectateurs, pour... Neuf défaites et un nul.

"Un des meilleurs entraîneurs du monde"

Mais si le Basque aux trois Europa League (2014, 2015, 2016) ne manque pas de détracteurs, il a aussi de bons avocats. L'international algérien Sofiane Feghouli, qui en fait "l'un des meilleurs entraîneurs du monde", en est un. "Que ce soit à Bernabeu ou à domicile, on mettait beaucoup d'intensité" quand il évoluait avec Valence sous les ordres d'Emery. "Tactiquement on arrivait au point, on connaissait toutes les qualités et toutes les faiblesses de l'adversaire avant chaque match".

"La semaine à l'entraînement, il te donne la stratégie à aborder et les phases de jeu à faire, tout pour que toi, tu arrives prêt", expose à l'AFP le joueur de 28 ans. En cas de défaite, "tu ne peux pas dire que c'est de sa faute. Il t'apprend ce que tu dois attendre de l'adversaire, tu arrives prêt pour ce type de match, et après c'est aux joueurs d'assumer et de gagner ce match".

"Pour le football espagnol, c'est une fierté que ce type sensé, infatigable et prudent occupe un banc aussi prestigieux", expliquait Alfredo Relaño directeur du quotidien sportif As dans un édito.

Décrié à Paris

A Paris pourtant, le bilan d'Emery est plutôt mitigé. Il reste marqué par deux catastrophes à l'échelle des ambitions du PSG, la perte de la couronne de France, abandonnée à Monaco la saison dernière, et l'humiliation à Barcelone 6-1, au même stade de la Ligue des Champions la saison précédente.

L'entraîneur a dû composer avec les départs de plusieurs cadres du vestiaires, Ezequiel Lavezzi, David Luiz, Zlatan Ibrahimovic. Et son français pas franchement optimal ne lui permet pas de s'exprimer avec autant d'humour et de charisme qu'il n'en est capable en espagnol.

Ces points négatifs ont occulté sa ligne crédit, à commencer par le 4-0 du huitième de finale aller contre Barcelone. Florent Toniutti, auteur du blog Chroniques tactiques, y voit l'"apogée" de l'identité collective du PSG version Emery. "En arrivant à Paris, il a inculqué les données du jeu de position à une équipe qui a beaucoup de possession", observe-t-il, citant "des milieux plus haut sur le terrain, les latéraux qui occupent les couloirs et des ailiers qui repiquent à l'intérieur".

Cette saison, la "patte" Emery est moins visible, selon lui. "Avec les deux recrues Neymar et Kylian Mbappé, c'est moins clair sur le plan collectif, mais les différences individuelles sont possibles à tout moment", estime Toniutti.

Fin de contrat en juin

"L'objectif est quasiment de leur amener le ballon pour qu'ils fassent la différence balle au pied (...) et ensuite de trouver l'équilibre défensif permettant de résister en Ligue des champions." En somme, Emery serait désormais moins indispensable, surtout par rapport à Neymar, qui n'a pas une très grande estime de son entraîneur selon certains médias.

Cela tombe mal pour l'entraîneur: le directeur sportif parisien, Antero Henrique, n'est lui non plus pas totalement convaincu par le Basque, selon les médias. Et le contrat d'Emery expire en juin prochain... Sauf si Paris atteint les demi-finales de C1.

Interrogé en janvier sur son envie de poursuivre ou non à Paris, Emery avait rétorqué à l'AFP que ce n'était "pas le moment" d'aborder le sujet. "C'est le moment pour le travail (...) pour bien préparer les matches contre le Real Madrid. C'est le moment de penser à maintenant. Il faut construire le futur avec le présent". Imparfait proscrit mercredi.

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