«Les Irlandais, on sait qu'ils vont mettre du temps avant de craquer. Il faudra nous montrer patients.» En deux phrases, Xherdan Shaqiri a parfaitement planté le décor de ce Suisse – Irlande du Nord à Genève. Le capitaine qui fêtera samedi sa 97e sélection et dimanche ses 30 ans dégage une sorte de force tranquille rassurante.
«Nous devrons jouer d'une manière clairement offensive. Si chacun apporte sa contribution, les occasions vont venir, poursuit-il. J'aborde ce match avec une très grande confiance.» Avec aussi la ferme volonté de ne pas se dérober devant ses responsabilités. Si la Suisse bénéficie d'un penalty, il se chargera de le transformer pour la première fois depuis ses débuts en sélection en mars 2010. «Je n'ai jamais été le premier choix de l'entraîneur pour cet exercice. J'ai toujours accepté la décision des sélectionneurs. Mais samedi, Murat Yakin m'a clairement confié cette responsabilité», révèle-t-il avec un sourire carnassier.
Un match décisif pour la... 2e place
Pour le nouveau Lyonnais, «une équipe aussi forte que la Suisse se doit de battre devant son public un adversaire tel que l'Irlande du Nord». Murat Yakin partage bien sûr l'avis de son capitaine. Le sélectionneur espère vivre un match moins fermé que le 0-0 du mois dernier à Belfast. «Les Irlandais vont bien devoir sortir du bois s'ils entendent nous souffler la deuxième place du groupe pour disputer les barrages, glisse le successeur de Vladimir Petkovic. Ce match est décisif pour la deuxième place.» Cette précision est utile. Si la Suisse ne trouve pas l'ouverture avant la 75e minute, il veillera à ce que ses joueurs ne prennent pas des risques inconsidérés dans le dernier quart d'heure. Pour éviter de se tirer une balle dans le pied.
Mais Murat Yakin sait parfaitement que la victoire est impérative. Elle permettra d'effacer le 0-0 de Belfast – «un bon match de notre part pour un résultat décevant», lâche-t-il, et de «lancer» parfaitement le sprint final de ce groupe C dont la «finalissima» aura lieu à Rome le 12 novembre. «Je ne vois pas les absences de Granit Xhaka et de Haris Sefeovic comme un problème, dit-il. Pour moi, il n'y a que des solutions». L'une d'entre elles sera d'amener davantage de poids dans la surface adverse. «Nous aurons les joueurs pour le faire», assure Murat Yakin. Le sélectionneur pense, bien sûr, à Breel Embolo, absent à Belfast mais éblouissant samedi dernier à Wolfsburg avec Mönchengladbach.
«Encore certains doutes»
Murat Yakin a rappelé aussi l'importance de Denis Zakaria auquel il demande vraiment de s'affirmer en l'absence de Granit Xhaka. «Nous aurons besoin de son dynamisme pour l'emporter», lâche-t-il. Le Genevois est l'un des joueurs assurés d'une place de titulaire pour samedi. «J'ai encore certains doutes, confesse le sélectionneur. Notamment pour les joueurs appelés à évoluer sur les flancs». On doute toutefois que le fait de jouer à Genève puisse permettre à Kevin Mbabu et à Ulisses Garcia, deux enfants de la cité de Calvin, de passer devant Silvan Widmer et Ricardo Rodriguez.
47e au classement FIFA, l'Irlande du Nord sera privée comme au match aller de Jonny Evans. Le défenseur de Leicester n'est toujours pas complètement remis d'une blessure au pied. Le sélectionneur Ian Baraclough enregistre, en revanche, le retour de Stuart Dallas, titulaire indiscutable à Leeds sous Marcelo Bielsa. Désireux de se «venger» du barrage de 2017 qui avait souri à la Suisse, les Irlandais peuvent s'accrocher aux chiffres pour nourrir certaines espérances. Ainsi, la Suisse n'a plus marqué depuis... 269 minutes dans ce tour préliminaire de la Coupe du monde.
Elle n'a plus trouvé le chemin des filets après le but de Xherdan Shaqiri à la 2e minute du match contre la Lituanie à Saint-Gall. Et ils n'oublient pas que le seul but encaissé face à la Suisse lors de leurs trois dernières confrontations fut ce penalty imaginaire transformé par Ricardo Rodriguez et provoqué par ce diable de Shaqiri lors du 1-0 de Belfast du 9 novembre 2017.