Ligue des nations Yann Sommer, l'éternel débat de la Nati

ATS

16.11.2020

Son cas cristallise les débats. Fautif lors du match aller contre l'Espagne (1-0), décisif au retour samedi (1-1), Yann Sommer symbolise bien l'ambivalence de cette Suisse joueuse, qui doit battre l'Ukraine mardi (20h45) à Lucerne pour se maintenir en Ligue A de la Ligue des nations.

Yann Sommer symbolise bien l'ambivalence de cette Suisse joueuse.
Yann Sommer symbolise bien l'ambivalence de cette Suisse joueuse.
Keystone

Le débat revient à intervalles réguliers. Yann Sommer (31 ans) est-il véritablement le meilleur gardien suisse en activité? En équipe nationale, son statut se veut pourtant indiscutable. Au point de dégoûter Roman Bürki et Marwin Hitz. Les deux portiers du Borussia Dortmund ont considéré l'horizon comme tellement bouché qu'ils ont choisi d'eux-mêmes de renoncer à la concurrence à un poste où le football suisse a de la densité (Jonas Omlin, Yvon Mvogo, Gregor Kobel, entre autres).

Il faut dire que le gardien du Borussia Mönchengladbach n'a pas toujours tout fait pour taire ses détracteurs, bienheureux de pouvoir sauter sur l'occasion lorsqu'elle s'est présentée ces dernières semaines: un ballon relâché en Ukraine (défaite 2-1), un autre offert à l'adversaire en Espagne, une présence aérienne globalement pas vraiment rassurante. Au-delà de ces erreurs, il y a des vérités: statistiquement, Yann Sommer encaisse plus de buts cette saison que ce qu'il devrait (selon le modèle des «Expected goals»), tant en club qu'en équipe de Suisse, là où il avait tendance à surperformer ces dernières années.

«Il n'y a pas de cas Yann»

Jusqu'à samedi passé. Ces deux penalties sortis devant Sergio Ramos ont non seulement permis à la Suisse de rester en vie dans cette Ligue des nations et de disputer un match décisif contre l'Ukraine, mais ils ont également rendu une certaine légitimité au natif de Morges.

«En tant que gardien, il n'y a évidemment pas grand-chose de mieux que d'arrêter deux penalties, d'autant plus tirés par Ramos, a souri Sommer en conférence de presse lundi. Il n'y a pas vraiment de recette pour expliquer comment repousser un penalty. J'essaie un peu de me renseigner pour savoir où l'adversaire tire. Il y a une question de feeling. J'essaie aussi de faire douter mon vis-à-vis, pour qu'il ne tire pas aussi bien que ce qu'il voudrait. Des fois cela fonctionne bien, des fois moins.»

Pour Vladimir Petkovic, cette performance n'a rien changé. «Il n'y a jamais eu de cas Yann, tranchait le sélectionneur après la rencontre de samedi. Il a un fort caractère et regarde toujours vers l'avant.» Il est surtout prédominant dans le jeu de l'équipe de Suisse. Contre l'Espagne, il a été le Suisse à avoir le plus souvent touché la balle (56 fois, trois de plus que Xhaka). Cela révèle au moins autant l'emprise de l'Espagne sur la partie que la confiance que lui renvoient ses coéquipiers.

Gardien de la Suisse, un rôle «très exigeant»

Même si cela induit une part de risque. Car il vaut mieux ne pas être cardiaque avec Yann Sommer, lui qui n'hésite pas à tenter un dribble dans sa propre surface si le jeu le demande et qui est toujours prêt à assumer une certaine pression de l'adversaire.

Avec la Suisse, c'est une constante. «Être gardien de cette équipe, c'est très exigeant, décrit-il. Quand nous avons la balle, nous devons beaucoup nous parler, être bien organisés. Dans la construction, c'est exigeant, car nous voulons être courageux à la relance, mais il faut trouver le bon équilibre pour ne pas prendre trop de risques.»

La magnifique et minutieuse action menant au but contre l'Espagne a mis en exergue l'importance du rôle conféré à Sommer. C'est en effet lui qui a dû choisir le bon moment pour trouver Breel Embolo dans un espace que la Suisse s'était créé. Treize secondes plus tard, Remo Freuler pouvait ouvrir le score.

Et si l'on excepte l'égalisation de Gerard Moreno, sur laquelle il n'y pouvait rien, le portier suisse a été plutôt rassurant: «Vu de mes buts, le point positif avec notre style, c'est que nous défendons bien, explique-t-il. Nous sommes très compacts, nous bloquons beaucoup de tirs adverses. Moi, je dois simplement être un peu plus concentré pour être là quand ces tentatives ne sont pas bloquées.» L'essence-même de son rôle de gardien, a priori.

Sauf que l'approche de l'équipe de Suisse valorise au moins autant ses qualités dans le jeu au pied. «C'est un gardien qui donne de la continuité au jeu», faisait remarquer Luis Enrique, le sélectionneur espagnol, en octobre. Et c'est peut-être ce qui le rend intouchable aux yeux de Vladimir Petkovic. N'en déplaise aux voix discordantes. A Sommer de ne pas leur donner du grain à moudre mardi.

Retour à la page d'accueilRetour au sport