«C'est un héros» Zidane crée l’émoi à Marseille

AFP

12.2.2022

Des pleurs, des femmes aux fenêtres, des enfants juchés dans les arbres: l'icône du football Zinedine Zidane a inauguré vendredi un cabinet de téléconsultation crucial pour les habitants de la Castellane, cette cité pauvre de Marseille où il a «grandi».

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«C'est un héros», «il n'a pas oublié d'où il venait», «c'est une fierté pour nous, il représente notre quartier», lancent  dans un débit de mitraillette, Mohamed Kherfouch, 15 ans, Adem Abid, 16 ans, et tous leurs copains massés devant la Maison médicale digitale.

Enfants sur les épaules des parents, adolescents bras tendu vers le champion du monde 1998 pour espérer décrocher une photo, personnes âgées prises dans la nasse des journalistes: la présence de l'enfant de la Castellane, un des quartiers les plus pauvres de Marseille, était attendue.

Même certains jeunes guetteurs chargés d'alerter les dealers de l'arrivée de la police avaient du mal à garder leur poste de contrôle aux côtés des chariots de supermarchés renversés sur la chaussée pour ralentir la circulation des voitures.

Ils sont plus d'une centaine, agglutinés, pour entendre leur idole. La majorité, trop jeunes, ne l'a pourtant jamais vu jouer.

Les personnalités politiques, qui n'ont jamais été aussi nombreuses dans la cité surplombant les ferries stationnés dans le port, enchaînent les discours. La voix douce de «Zizou» se fait attendre, alors quand les premiers mots sont prononcés, les habitants applaudissent.

Cela faisait des années que le discret footballeur de 49 ans n'avait pas fait d'apparition publique dans ce quartier où vit encore un de ses frères.

«Vous le savez, je suis de La Castellane, j'ai grandi ici avec mes parents. On a toujours notre cœur qui est là même si on est parti», déclare l'ancien entraîneur du Real qui vit toujours à Madrid.

«J'ai pas l'habitude de faire les discours et on s'en fout», poursuit l'ex-numéro 10 de l'équipe de France, qui pourtant ne mâche pas ses mots: «C'est pas possible de laisser se creuser les inégalités dans l'accès aux soins!».

«Le cerveau de la Castellane»

Le 16e arrondissement dans lequel est situé la cité de La Castellane, comme les trois autres du nord paupérisé de Marseille, sont bien «moins dotés que le reste de la ville en médecins généralistes et en spécialistes», selon l'Agence régionale de santé. Le dernier médecin qui prenait en charge les 7.000 habitants de ces longues barres d'immeubles est parti il y a deux ans.

Grâce aux bornes de téléconsultations de la nouvelle maison médicale, équipées entre autres d'un tensiomètre, d'un stéthoscope et d'une balance connectée, les habitants, accompagnés d'une infirmière, pourront consulter un médecin à distance.

«Des médecins on en a un très, très grand besoin. Avec le Covid c'était compliqué», témoigne Abdelkarim Zaatout, un adolescent admiratif de Zidane, «le cerveau de la Castellane».

«C'est vraiment une forte demande (...), on est obligé de prendre le bus pour aller voir des médecins quand on est malade, quand on n'a pas de véhicule c'est pas évident», témoigne Sabrina Choulak, de l'association «Femmes du monde».

«On a essayé de faire venir des médecins, mais ils ne veulent pas. On va donc déployer un système hybride avec des spécialistes qui pourront effectuer des consultations par demi-journée», explique Driss Khanès, l'infirmier à l'origine du projet avec le professeur Philippe Metellus.

Emu aux larmes par la présence de son ami d'enfance, qui a apporté «une lumière incommensurable à ce projet crucial», M. Khanès a du mal à cacher son émotion devant le footballeur, qui, gêné, baisse la tête.

Sobrement, «Zizou» le remercie à son tour «pour ce projet qui va apporter des solutions efficaces dans le quotidien des gens»: «J'espère que ce dispositif pourra se déployer dans tous les quartiers qui en ont besoin», conclut-il, avant de se prêter au jeu des autographes et de repartir sur la pointe des pieds dans une voiture que les jeunes de la Castellane auront bien du mal à laisser partir.