La carrière de Luca Sbisa en NHL ne tenait plus qu'à un fil. Winnipeg lui a donné une chance et il a su en profiter. Même une côte fracturée ne l'a pas arrêté
Luca Sbisa (30 ans) n'est pas un usurpateur sinon il ne compterait pas 580 parties dans la meilleure ligue du monde. Il est un défenseur de confiance, qui joue dur, bloque les tirs et remporte des duels. Mais sa carrière a connu un coup d'arrêt lors de sa meilleure saison. En 2017, le Zougois avait alors pris le chemin de la nouvelle franchise des Vegas Golden Knights à l'occasion d'une draft d'expansion. Il avait brillé sous ses nouvelles couleurs. Il possédait la chance de signer un contrat lucratif.
C'est alors qu'il ne fut pas épargné par les blessures. Certes, il est revenu dans l'équipe au moment des play-off après une longue pause dans une formation qui allait atteindre la finale à la surprise générale. Pourtant, la collaboration fut en fin de compte interrompue. Sbisa dut patienter longtemps avant de décrocher un contrat d'un an aux New York Islanders juste avant le début de la saison. Il ne reçut jamais vraiment sa chance. Il n'était qu'une bonne assurance en cas de blessure d'un autre défenseur. Il n'a disputé que neuf matches lors de la saison 2018-2019.
La frustration était grande mais Sbisa ne s'est jamais plaint. «Je n'ai jamais rien dit, j'ai essayé de toujours donner le meilleur de moi-même à l'entraînement», confie le papa d'un petit Nolan, bientôt 3 ans. Dans le débriefing d'après-saison, il a été félicité pour son comportement très professionnel. Les dirigeants des Islanders lui assurait alors vouloir le garder. Mais il ne vit rien venir. Un retour en Suisse était même envisageable.
Une journée de fou
A la fin octobre, alors que la saison battait déjà son plein, les événements se sont précipités. C'est d'abord les Anaheim Ducks qui ont annoncé son engagement pour un an. Mais le manager général Bob Murray a expliqué à Sbisa que malgré un contrat à un volet, il devait aller faire ses gammes dans l'équipe-ferme des San Diego Gulls en AHL. C'est dans cet état d'esprit que Sbisa a pris l'avion à New York pour rejoindre Los Angeles.
Après une nuit à Newport Beach, où Sbisa possède une maison, il a été pris en charge dès 6.00 du matin pour prendre la route de San Diego. Le temps de saluer les coaches, il était emmené passer des tests médicaux à 30 minutes de la patinoire. C'est alors que le téléphone sonna. Sbisa a alors appris que les Winnipeg Jets l'avait sélectionné dans la liste des joueurs libres. Il est alors immédiatement reparti à la patinoire prendre ses affaires avant de se retrouver sur le parking. Il a finalement eu recours à un taxi pour rejoindre Newport Beach.
Le vol vers Winnipeg via Minneapolis était fixé à minuit et demi. Sbisa en a profité pour faire un golf. Et quand il a réussi pour la première fois de sa vie un trou en un, il a pensé: «Ce fut un signe pour moi que tout allait bien marcher.» Il a débuté avec les Jets à... Anaheim.
Moins 40 degrés l’hiver
Le transfert à Winnipeg se révéla comme un coup de chance pour Sbisa. Il a vite obtenu la confiance des coaches, qui l'ont aligné 18 minutes en moyenne par match. «J'ai essayé de faire de mon mieux puisque je n'avais pratiquement pas joué pendant un an», souligne Sbisa. «Beaucoup de gens ne croyaient plus en moi. Je savais que je n'avais besoin que d'avoir une chance.» Lui et sa famille ont apprécié leur nouvelle vie dans la métropole canadienne même si la température descend à moins 40 degrés ! «Winnipeg a une mauvaise réputation dans la Ligue comme ville et lieu de hockey. Mais nous avons été vraiment surpris positivement. Parce qu'il fait froid, le soleil brille généreusement.»
Sbisa est resté à Winnipeg après l'interruption de la NHL. «Nous nous sentons vraiment bien ici», assure-t-il. Jusqu'à la semaine dernière, son coéquipier Blake Wheeler habitait juste à côté de chez lui. «Nous sommes les meilleurs amis depuis le premier jour. Il m'a tout montré dans la ville et m'a aidé.»
Le contrat du Zougois à Winnipeg échoit à la fin de la saison. Il n'y a encore eu aucune négociation pour le futur. «Je resterais bien», dit-il. Pour mettre toutes les chances de son côté, il n'a pas hésité à jouer avec une côte fracturée. Même s'il avait de la peine à respirer, il a continué à jouer sous piqûre. Il voulait absolument montrer sa valeur sur la glace. «Ce ne fut pas très marrant», convient-il.
A la mi-février, Sbisa s'est cassé la même côte mais à un autre endroit lors d'un match contre Chicago. Cette fois-ci, les responsables de l'équipe ne l'ont plus laissé jouer. Jusque-là, le Zougois avait disputé 44 matches. «Le fait d'avoir joué malgré une côte cassée m'a vraisemblablement sauvé. Je crois que ça devrait jouer avec un nouveau contrat. Si ce n'est pas ici, ce sera ailleurs», relève le vaillant Sbisa.