Le CP Berne est désormais dirigé par Jussi Tapola l'un des entraîneurs européens les plus courtisés. Le Finlandais doit remettre d'aplomb le navire chancelant du géant helvétique.
Il fut un temps pas si lointain où Jussi Tapola aurait déjà pu trembler pour son poste de coach du CP Berne. L'entraîneur à succès n'apporte pas de spectacle à proprement parlé. Mais après quatre années de vaches maigres, les exigences chez les Bernois sont devenues plus modestes. Les matches peuvent offrir moins de frissons, du moment qu'ils rapportent des points. De ce point de vue, Tapola a largement rempli ses devoirs avec 21 points en onze matches et un 3e rang avant un déplacement à Lugano et la venue de Genève-Servette.
Ce n'est pas une surprise non plus. Le carnet de notes de l'ancien maître d'école est excellent : onze finales de play-off en treize ans ! Il a ainsi fêté deux titres de champion ces deux dernières années avec Tappara Tampere et a gagné la Ligue des champions. «Mais naturellement, j'ai aussi connu des phases difficiles comme chaque coach», avait assuré Tapola dans un entretien avec Keystone-ATS peu avant le début de la saison. Toute une saison ? «Non pas ça».
Accueilli à bras ouverts
Dans la capitale, il a été accueilli les bras ouverts. «Quand le supposé meilleur entraîneur d'Europe de ces dernières années est prêt à venir chez nous, tu serais bête de ne pas l'engager», s'amuse le directeur du club, Marc Lüthi. «C'est un coach avec grande expérience, qui sait comment on apprivoise le succès», s'enthousiasme Samuel Kreis, qui après un titre à Zoug a retrouvé son club formateur. «L'an dernier, nous avions appris d'une manière amère comment c'était de jouer contre lui.»
Zoug avait échoué en demi-finale de la Ligue des champions sur un score total de 2-5 face à Tappara. «Il est comme Dan Tangnes (coach de Zoug) une grande personnalité, qui associent les joueurs, mais qui a malgré tout sa ligne.» Ils essaient d'apporter l'intensité d'un match lors des entraînements. «Ca paye pendant les matches.»
A Berne, la continuité a fait défaut depuis le départ de son compatriote Kari Jalonen en janvier 2020 après le dernier titre. Tapola est déjà le sixième entraîneur à se présenter à la bande du club de la capitale. Après diverses expériences manquées avec de «vieux destriers» ou ensuite avec des novices, on retrouve de nouveau un spécialiste à la barre du club de tradition.
Quatrième meilleure défense
La patte de Tapola est visible après à peine un quart du Championnat. L'offensive ne tourne pas encore à plein régime, mais derrière l'équipe est enfin à nouveau solide. Le CP Berne avance avec la quatrième meilleure défense de la Ligue et sans la fessée encaissée face aux Zurich Lions (1-6), le bilan serait encore meilleur. La réputation d'entraîneur défensif avait précédé le Finlandais. A ce jour, il n'a pas déçu.
La nostalgie des «Big Bad Bears» serait-elle d'actualité sur la glace bernoise ? «Pour pouvoir jouer dur, tu dois pouvoir te reposer sur un bon système de jeu offensif, explique le Nordique. Sinon tu cours derrière et tu ne parviens pas à arriver le premier dans les duels.» C'est pourquoi il tient à son credo : «Tu dois jouer intelligemment pour pouvoir jouer dur. Sinon tu joues dur et bête et tu perds.»
La Suisse et la Finlande sont assez proches, également en ce qui concerne le hockey. Tapola comprend le Hochdeutsch («Le Berndeutsch est au contraire assez difficile»), son fils de 15 ans et sa fille de 13 ans fréquentent une école en allemand. Une différence importante est toutefois apparue. «Ici, il est vraiment important de ne pas avoir beaucoup de blessés.» En Finlande, il n'y a aucune limitation des joueurs étrangers et l'on peut facilement engager un remplaçant pour pallier une absence. Ici, il est important de pouvoir compter sur un bon mouvement juniors.