Nouveau fer de lance de l'attaque lausannoise, Cory Conacher a dû surmonter passablement d'embûches durant sa vie. Diabétique, le Canadien de 30 ans doit composer avec sa maladie en temps de pandémie.
«Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort.» Cette phrase de Friedrich Nietzsche écrite à la fin du 19e siècle résonne depuis longtemps dans le milieu du sport. Et ce n'est pas Cory Conacher qui aurait l'idée de contredire le philosophe allemand.
Car en matière d'écueils à contourner, l'Ontarien a de quoi faire collection. Lorsqu'il vient au monde, il souffre d'une extrophie de la vessie, une pathologie qui touche une personne sur 45'000 et qui fait que la vessie se retrouve en dehors du corps. Avec cet organe huit fois plus petit que la normale, Conacher fait des toilettes son meilleur ami.
Les opérations se succèdent encore à 3 et 5 ans, puis à 8 ans, on lui diagnostique un diabète de type 1. Dès cet instant, le Canadien va apprendre à tester son taux de sucre et à vivre avec une pompe à insuline dans l'abdomen. Malgré tout ça et une taille (1m73) longtemps considérée comme un immense frein à une carrière outre-Atlantique, Conacher a disputé 203 rencontres de NHL (78 points) réparties sur sept exercices.
Une femme asthmatique
Passé une saison par Berne (2015/16) avant de retourner en Amérique du Nord (AHL, surtout, et NHL, parfois) pendant quatre ans, Cory Conacher a comme tout le monde observé la pandémie de COVID-19 se frayer un chemin dans nos vies. A cela près que le personnel médical a assez rapidement identifié que les gens les plus vulnérables au COVID-19 étaient ceux qui souffraient d'autres pathologies, dont le diabète.
«Franchement tu ne veux pas trop y penser en venant à la patinoire, glisse le Canadien après la défaite du LHC contre Bienne vendredi soir à domicile. Je m'astreins à bien me laver les mains et à respecter les gestes barrière. C'est aussi ce qu'on essaie de faire dans le vestiaire entre coéquipiers. On garde nos affaires afin que cela ne se propage pas à l'intérieur du vestiaire, bien évidemment. Ma femme a pris cela très au sérieux – et je l'en remercie – parce qu'elle souffre d'asthme et mon fils a deux ans, donc je dois vraiment faire attention à ne pas les mettre en péril.»
Avant de débarquer sur les bords du Léman pour deux saisons, Cory Conacher a dû se poser pour réfléchir. «J'ai terminé la saison début février à Syracuse (réd: en AHL dans l'état de New York), explique-t-il. Je n'ai disputé que quatre matches avec Tampa Bay durant la saison. Quand il a été décidé de finir dans la «bulle» à Toronto et Edmonton, j'ai pesé le pour et le contre et j'ai finalement opté pour la Suisse parce que je n'avais pas franchement fait partie du noyau de l'équipe durant l'année. J'avais envie de pouvoir effectuer le camp d'entraînement, d'apprendre le système et de me refamiliariser avec les plus grandes surfaces de glace.»
Des têtes connues dans le vestiaire
Auréolé d'un titre de champion avec Berne au terme d'une saison pleinement réussie, le nouveau numéro 71 du LHC a choisi de repartir en Amérique du Nord. Il ne jouera que 54 parties avec le Lightning en quatre ans. De quoi se demander pourquoi il y est resté aussi longtemps? «Tampa Bay m'a très bien traité en m'offrant des contrats à un volet, précise-t-il. J'étais bien payé et j'adorais l'organisation. L'avantage à Syracuse était qu'on ne se trouvait qu'à trois heures de route de la maison au Canada à Burlington.»
Au moment de pénétrer dans le vestiaire vaudois, Cory Conacher n'effectue pas véritablement un saut dans l'inconnu. «Josh Jooris vient de la même ville, on a souvent joué ensemble l'été. Je connais aussi Mark Barberio qui doit nous rejoindre une fois que ce sera terminé avec Colorado. On a joué en PP ensemble à Norfolk, il a une très bonne première passe et sait quand il doit appuyer l'attaque. Je connais aussi Joël Vermin, même s'il n'est pas sur la glace en ce moment.»
Un autre aspect qui a convaincu le Canadien de revenir en Suisse, ce sont les trajets plutôt courts. «Cette ligue me convient bien, conclut-il. Je suis un peu plus âgé, j'avais envie de pouvoir dormir à la maison chaque soir et passer du temps en famille. Ma femme a sacrifié beaucoup de choses pour moi ces dernières années, ce qui fait que j'avais aussi à coeur de lui rendre un peu.»