Locataire de la patinoire des Vernets, Genève-Servette n'a pas payé le loyer qu'il doit à la Ville de Genève depuis le début de la saison. Les pouvoirs publics vont rapidement envoyer une mise en demeure au club, a expliqué vendredi à l'ats le Conseiller administratif Sami Kanaan, confirmant une information publiée par la Tribune de Genève.
Les responsables de Genève-Servette sont en revanche demeurés injoignables.
Le GSHC doit s'acquitter d'un loyer de 240 000 francs pour la période allant d'août à avril. Un montant à régler en trois tranches de valeurs inégales, la première en août, la deuxième en décembre et la troisième au terme de la saison. Or le club, en proie à de graves difficultés financières, n'a toujours pas versé la première tranche, malgré trois rappels lui ayant été adressés.
"Il s'agit d'argent qui est dû et nous parlons ici d'une première facture pour laquelle trois rappels ont été envoyés", reprend Sami Kanaan, le Conseiller administratif en charge des sports. La deuxième facture, envoyée en décembre, n'est pas encore arrivée à échéance, précise l'élu.
Le socialiste se dit "très inquiet" de la situation, notamment en raison de l'absence totale de retour de la part de Genève-Servette et de son président et unique actionnaire, Hugh Quennec. "Je suis gré à M. Quennec de tout ce qu'il a fait pour le sport genevois, insiste M. Kanaan, mais dans les difficultés, il a tendance à fermer ses écoutilles et à espérer la solution miracle."
Un scenario et un silence qui rappellent forcément ceux qui avaient failli provoquer une deuxième faillite pour le Servette FC quand, il y a trois ans, il était dirigé par Hugh Quennec. Le club avait été sauvé financièrement mais n'avait pas pu éviter une relégation sportive. "Or on sait que cette relégation était évitable", glisse M. Kanaan.
Qui poursuit: "Pour tout ce qui est des questions de la vie quotidienne, qui sont gérées par Pierre-Alain Regali (NDLR: le directeur général du club), ça joue. Le club est même demandeur, puisqu'il lui faut un nouveau 'rink' et qu'il existe un projet d'extension des loges VIP qui devrait commencer en fin de saison. Mais pour le reste..."
Le reste, ce sont les questions cruciales qui conditionnent la survie même du GSHC, aux abois financièrement. La presse articule ces jours-ci une dette qui pourrait atteindre huit millions de francs pour le club au terme de la saison. Faute de liquidités, le versement des salaires de janvier aux employés du GSHC serait tout sauf assuré.
Une source proche du club, contactée par l'ats, parle d'une explosion des dépenses depuis que Hugh Quennec a fait entrer dans le club ses compatriotes canadiens Mike Gillis, Peter Gall et Lorne Herning. Du temps où Chris McSorley était le personnage central et que Christophe Stucki oeuvrait comme directeur général, le budget de Genève-Servette se situait entre 10 et 11 mio de francs et il était couvert pour dégager même un petit bénéfice. Aujourd'hui, les frais ont pris l'ascenseur pour porter le budget à près de 16 mio de francs, sauf que les recettes ne suivent pas, dévoile cette même source.
Elle confirme ainsi les propos tenus par Sami Kanaan dans la Tribune de Genève: "En réalité, ces dirigeants n'ont pas amené de l'argent à Genève-Servette, ils en ont coûté. Et le club est pris en otage."
En otage car le coeur du dossier reste la construction d'une nouvelle patinoire que des investisseurs privés se disent prêts à financer entièrement. Des investisseurs représentés par Mike Gillis, présenté au printemps dernier comme le nouvel homme fort du club. Toutefois, Hugh Quennec reste à ce jour l'unique actionnaire de Genève-Servette, même si plusieurs personnes proches du club sont à pied d'oeuvre pour apporter une solution et, peut-être, écarter l'actuel président.
"C'est un secret de polichinelle, il y a actuellement des négociations pour racheter à M. Quennec ses actions, confirme Sami Kanaan. Les chiffres me paraissent raisonnables."
La modification importante du projet de la patinoire l'automne dernier avait refroidi les autorités genevoises, même si un réchauffement dans les rapports a été observé au début du mois de décembre après des déclarations publiques d'Anne Emery-Torracinta, la Conseillère d'Etat en charge des sports. Laquelle laissait entrevoir la possibilité d'attribuer la construction du complexe auxdits investisseurs sans passer par un appel d'offres.
"Mais les nuages s'accumulent depuis mi-décembre", reconnaît M. Kanaan. A tel point que le ciel de Genève-Servette s'est tellement obscurci que les plus grandes craintes sont de mise.
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