Genoni Genoni: "C'est terrible que tout soit soufflé au dernier moment"

ATS

21.5.2020

Leonardo Genoni a beaucoup réfléchi à l'avenir du hockey sur glace en cette période de crise. Le gardien du CP Zoug et de l'équipe de Suisse demande que tout le monde se serre les coudes. La défaite concédée il y a une année au Championnat du monde contre le Canada ne le préoccupe d'ailleurs pas le moins du monde.

Le gardien Leonardo Genoni est arrivé l'été dernier dans l'effectif de l'EV Zoug.
Le gardien Leonardo Genoni est arrivé l'été dernier dans l'effectif de l'EV Zoug.
Keystone

0''4? Ce chiffre ne lui parle pas tout de suite. «Ah oui, c'était quoi déjà, le quart de finale du Mondial?», demande-t-il à son tour. La défaite malheureuse concédée il y a 12 mois face au Canada, qui avait égalisé à 0,4 seconde du terme du temps réglementaire en quarts de finale avant de s'imposer en prolongation, ne le touche guère. «Cela fait longtemps que je n'y avais plus pensé», souligne le Zurichois de 32 ans dans un entretien avec Keystone-ATS.

Le quintuple champion de Suisse (3 titres avec Davos, 2 avec Berne), qui possède un Master en économie d'entreprise, est bien plus inquiet à propos du futur du hockey helvétique. La crise du coronavirus, avec son absence de rentrées financières en raison de l'annulation des play-off, a démontré la fragilité de la base sur laquelle les clubs reposent.

«Le hockey suisse a manoeuvré dans une direction où l'on n'est pas sûr que cela va fonctionner à long terme», analyse Leonardo Genoni. «Comme on peut le lire dans les médias, les acteurs concernés ne sont pas si satisfaits de la situation.» Pour lui, il est primordial que tous les partis s'assoient à la même table et cherchent une solution qui concerne le moyen et le long terme.

Genoni, qui fait partie des privilégiés de la branche, estime que lui et ses collègues ont une responsabilité à endosser dans le processus. «Je crois que les joueurs sont prêts pour des changements», se persuade-t-il. «Nous savons nous-mêmes que cela ne marche que si tout fonctionne pour tous. On ne rend personne heureux si on doit gérer les budgets avec un couteau tranchant. Personne ne doit tomber en faillite.»

"Le hockey sur glace doit être au milieu des préoccupations"

Le CP Zoug fait certainement partie des clubs qui ne sont pas menacés dans l'immédiat. Pourtant, joueurs, entraîneurs et cadres ont décidé de renoncer à une partie de leurs salaires pour assurer ceux du personnel administratif. «Le club a su communiquer d'une manière ouverte avec nous», se réjouit Genoni.

Fondamentalement, il lui déplaît simplement que de trop nombreux éléments soient actuellement communiqués à travers les médias. «On doit peut-être réaliser que nous sommes tous dans le même bateau. Le produit 'hockey sur glace' doit être au milieu des préoccupations, non pas des intérêts de chacun.»

Le médaillé d'argent de Copenhague ne peut pas juger si et quand le Championnat de Suisse pourra redémarrer à l'automne. «Ce n'est pas à nous joueurs de dire quand nous devons commencer. Cela doit être juste pour les clubs, les sponsors. Nous les joueurs ne sommes qu'une petite partie du business.»

Il est en tout cas certain que Leonardo Genoni n'est pas très chaud à l'idée de disputer des matches à huis clos, comme ce fut le cas lors des deux dernières journées de la qualification au début du mois de mars. «Nous pratiquons ce sport pour procurer de la joie aux supporters. S'ils ne sont pas là, c'est difficile à vivre.»

Un jalon effacé

Plus que l'élimination en quarts de finale l'an dernier, c'est l'annulation du Championnat du monde en Suisse et des play-off, qu'il aurait disputés pour la première fois avec Zoug, qui lui ont fait mal. «Le Mondial, c'était une campagne qui s'était amorcée il y a un an et demi. Que tout soit soufflé au dernier moment, c'est terrible.»

Peut-être que le tour de la Suisse reviendra en 2023. Mais il ne veut pas trop se focaliser sur l'opportunité. «J'ai toujours de l'espoir, mais 2020 c'était un jalon. Après, tu dois te fixer de nouveaux objectifs. Les deux prochaines années étaient déjà formatées», rappelle Leonardo Genoni, qui a appris désormais à être prudent avec la planification.

De retour sur la glace

Le Zurichois se réjouit par ailleurs d'avoir pu retrouver la glace après deux mois de pause forcée. Dans un premier temps sans contact physique, ce qui pour un gardien n'est qu'un moindre mal. Le portier de Zoug cherche toujours à tirer le positif d'une situation, même difficile: «Nous avons autour de nous plus de coaches que d'habitude. Il faut savoir en profiter.»

Ce père de trois enfants est également ravi d'avoir pu bénéficier de beaucoup de temps avec sa famille. L'été dernier, il avait quitté le CP Berne pour rejoindre Zoug, et il s'est ainsi à nouveau établi à Kilchberg au bord du Lac de Zurich, là où il avait grandi.

A propos des dernières semaines, Genoni explique qu'il ne s'est jamais laissé aller. «Ce fut aussi une période extraordinaire. Lino (Martschini) a pensé que j'allais revenir bien bronzé», s'amuse le Zurichois. «C'est vrai, nous avons beaucoup fait dans le jardin. J'ai maintenant un demi-pouce vert.»

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