Le commentateur de NBC Sports qui officie pour les matches des San Jose Sharks ne manque jamais de célébrer avec verve et couleur les buts de Timo Meier, l'attaquant suisse le plus prolifique de NHL en ce début de saison.
Dix-huit matches, douze buts depuis le départ de la saison de NHL. Treize buts sur les 39 derniers matches de saison régulière lors de la saison précédente. Le millésime Timo Meier 2018 épate. à un rythme déconcertant. Il y a quelques jours, les onze goals du sniper appezellois de 22 ans plaçaient même celui-ci en tête de la hiérarchie à égalité avec Alexander Ovechkin, Patrick Kane et David Pastrnak. Pastrnak en a depuis inscrit cinq de plus, mais Timo Meier est toujours au deuxième rang.
Son taux de réussite au tir fait rêver avec 19,4%, soit un lancer sur cinq qui touche la cible. Insoutenable sur une saison complète, mais Timo Meier est en train de se faire une place dans la catégorie des ailiers puissants capables de marquer.
Un développement intelligent
En fait, Timo Meier se trouve ni plus ni moins que là où il doit être. Drafté au 9e rang en 2015, l'ancien junior de Rapperswil a bénéficié d'un excellent programme de développement. De nature, les joueurs labellisés "power forward" prennent davantage de temps à comprendre leur rôle en NHL. Il faut aussi et surtout s'imposer physiquement, savoir se frayer un chemin jusqu'au but et accepter d'aller "là où ça fait mal" pour reprendre une expression chère au milieu. Devant le filet, Timo Meier se mue en taureau que le rouge de la cage n'a de cesse d'exciter. Et dès que le puck est à portée de crosse, il ne se pose pas de question.
Passé par Genève-Servette durant le dernier lock-out, Logan Couture a une réponse à la production en hausse de son coéquipier, comme il l'a récemment déclaré au site The Athletic: "Je pense que c'est avant tout une question de confiance et qu'il contrôle mieux le puck, il trouve plus facilement le filet, il réussit de meilleurs jeux en zone offensive et il sait conserver le palet davantage lorsque c'est nécessaire. C'est souvent ce qui se passe lorsque tu es en confiance et que tu joues de plus en plus dans cette ligue. Il a toujours été très habile, là je pense qu'il est en train d'apprendre comment se faire sa place en NHL."
Pour le coach de San Jose Pete DeBoer, la maturité de Meier a pris l'ascenseur. Il faut dire que le club californien a développé son joueur avec parcimonie, sans le jeter au feu comme tant de clubs l'ont fait par le passé et le font encore aujourd'hui. "Nous n'avons pas précipité les choses. Nous voulions être certains qu'il prenne ses marques en AHL avant de le faire monter. Et une fois qu'il est revenu, nous ne lui avons rien garanti. Il a dû gagner ses minutes de jeu. Et il l'a très bien fait."
De la confiance et un mentor
Brillant avec la Suisse lors de l'épopée argentée de Copenhague ce printemps avec 7 points en 7 matches, le gamin d'Herisau affiche une confiance en béton armé. "Quand tu te retrouves dans l'alignement et que tu joues sur les deux derniers trios, tu crains un peu plus d'être retiré au prochain match si tu ne fais pas les choses correctement", reconnaît aisément l'Appenzellois, toujours à The Athletic. "Je crois que, maintenant, j'ai montré de quoi j'étais capable. Et d'un point de vue personnel, j'ai nettement plus confiance en moi."
Timo Meier a la chance de pouvoir compter sur un bel exemple à San Jose avec son coéquipier Evander Kane, un attaquant taillé comme un bison dont Meier s'est beaucoup inspiré: "C'est le genre d'attaquants qui a eu du succès et je pense que ça m'aide de voir la vitesse et l'impact physique qu'il amène au quotidien. C'est vraiment chouette d'avoir un type comme ça dans l'équipe et de pouvoir apprendre à ses côtés. Il m'a beaucoup aidé. Mais j'essaie de regarder tous les joueurs afin d'être le plus complet possible."
Installé dans le top 6 des Sharks, Meier doit désormais s'y maintenir. Archétype du joueur moderne, il possède tous les atouts pour réussir et devenir, pourquoi pas, le premier Suisse à atteindre la barre des trente buts en saison régulière outre-Atlantique. Sa production actuelle le situerait autour des 55 goals s'il maintient son rythme. Mais gageons que s'il en réussit 35, ce serait déjà exceptionnel. Pas question toutefois pour l'Appenzellois de se gargariser de ce succès météorique. "Progresser en tant que joueur est un motif de fierté, conclut Meier. Je ne suis jamais satisfait de moi-même et j'aspire à de grands objectifs."