Elu joueur de la semaine dernière en NHL, Kevin Fiala connaît une année 2020 fantastique. Virevoltant, le St-Gallois de 23 ans enquille les points et permet à Minnesota de croire encore aux séries.
Kevin Fiala est en feu. Sur ses 16 derniers matches, l'ailier du Wild a inscrit 24 points, soit 1,50 par match. Seuls trois joueurs affichent une meilleure moyenne durant ce laps de temps: il s'agit de Mika Zibanejad (1,75), du meilleur compteur de la NHL Leon Draisaitl (1,69) et de son compère Connor McDavid (1,60). Rien que ça.
En ce moment, Kevin Fiala a des allures de Neo, le héros des films Matrix incarné par Keanu Reeves, une fois son pouvoir libéré. Il donne l'impression de ralentir le temps autour de lui. En confiance, Fiala désarçonne les défenseurs par ses habiletés techniques. Ce n'est pas son ex-coéquipier Ryan Ellis qui dira le contraire, lui qui a été abusé par le St-Gallois lors du dernier match contre les Predators. Auteur de 12 buts lors de ses 16 derniers matches, l'ancien junior des Zurich Lions éclabousse la ligue de son talent.
De capricieux à mature
Mais ce qui frappe le plus dans l'évolution du St-Gallois, c'est sa capacité à se mettre au service de son équipe et à ne pas hésiter à revenir défendre. Car si les aptitudes techniques de Fiala n'ont jamais été discutées, son caractère parfois capricieux l'a plutôt desservi au cours de sa jeune carrière.
Avec HV71 en Suède (2013-15), le jeune Kevin n'en avait parfois fait qu'à sa tête, refusant de se plier aux règles et n'écoutant pas ses coéquipiers les plus chevronnés. En novembre dernier et alors qu'il était aligné aux côtés de Zach Parise et Mikko Koivu, le jeune homme avait ignoré les paroles de son capitaine finlandais. Comme le disait son ex-entraîneur Bruce Boudreau à The Athletic: «Lorsqu'il chope la grosse tête, son jeu se détériore.»
Autre exemple: à l'occasion de la journée des médias suisses du Championnat du monde 2015 en République tchèque, le jeune professionnel alors âgé de 18 ans n'avait pas spécialement goûté le manque d'attention à son égard. «Seulement deux journalistes?», avait-il alors dit au chef de presse.
Mais si aujourd'hui Minnesota peut encore croire à une participation aux play-off, c'est en partie grâce aux multiples coups d'éclat du St-Gallois qui cumule 52 points (21 buts) en 62 matches pour être le meilleur compteur de la franchise. Et ses statistiques avancées sur le dernier mois le classent parmi les joueurs les plus influents.
Un contrat de «petite valeur»
Troisième joueur à avoir disputé la même année (2014) les Championnats du monde avec les M18, les M20 et l'équipe A, Kevin Fiala n'a peut-être pas eu le temps de grandir normalement. Prototype du joueur «high risk, high reward» (réd: grosse prise de risques, grosse récompense), le médaillé d'argent de Copenhague entre enfin dans l'âge adulte.
Et cette maturité se matérialise dans son jeu et sur ses prises de décision. «Je suis un jeune joueur, déclarait-il récemment à The Athletic. J'espère m'améliorer chaque année. En ce moment, j'ai le sentiment d'avoir parcouru un long chemin. Je veux être une star, c'est ce que je me dis à moi-même. Je veux faire la différence chaque fois que je monte sur la glace. Et je veux aider mon équipe, peu importe la manière, même défensivement s'il le faut.»
Etabli en NHL depuis 2017, Fiala semblait parti sur d'excellentes bases avec une saison 2017/18 ponctuée de 48 points, dont 23 buts, en 80 matches. Mais ce n'était pas gagné si l'on se souvient de sa fracture du fémur intervenue en play-off en 2017. Moins performant la saison dernière (32 points en 64 parties), il avait payé son attitude un brin désinvolte qui avait poussé les Predators à l'échanger contre Mikael Granlund.
Lorsque le manager général du Wild, Paul Fenton, avait cédé son Finlandais pour obtenir l'ailier de Nashville, plusieurs personnes avaient haussé un sourcil. Son successeur, Bill Guerin, lui a accordé un contrat de six millions sur deux ans. Une manière de dire à Kevin Fiala qu'il doit prouver sa valeur sur la durée avant de pouvoir prétendre faire sauter la banque. A l'heure actuelle, ce contrat ressemble à un cadeau du ciel pour Minnesota. Mais si Fiala poursuit sa progression, le Wild risque fort de devoir empiler les liasses pour pouvoir le conserver.