Avec ses cinq buts en six matches, Nico Hischier est pour l'instant le meilleur buteur du Championnat du monde. Mais l'impact du Haut-Valaisan de 23 ans, intronisé capitaine de la sélection par Patrick Fischer, se mesure au-delà de ces chiffres.
Depuis ses premiers coups de patins, Nico Hischier doit répondre aux attentes placées en lui. C'est ainsi lorsque l'on possède un talent au-dessus de la moyenne. A chaque étape importante de la carrière du gamin de Naters, les lunettes se changent en jumelles. On scrute. On compare. On évalue.
Si Roman Josi a pu se construire à Nashville dans l'ombre de défenseurs tels que Shea Weber et Ryan Suter, Nico Hischier a toujours dû composer avec la lumière des projecteurs. En pleine figure. Le «privilège» d'un soir de juin 2017 à Chicago lorsque son nom fut appelé en premier par les New Jersey Devils lors de la draft NHL.
Succès individuel secondaire
Alors quand le numéro 13 annonce qu'il rejoint la sélection nationale pour le Championnat du monde, les supporters se frottent les mains, voient déjà les buts s'empiler et rêvent de médaille. Désireux de lancer un nouveau cycle après les JO de Pékin, Patrick Fischer a écarté certains vétérans en passant les clefs du camion aux jeunes.
Et logiquement, il a fait de Nico Hischier son capitaine. Pas de quoi effrayer l'ancien joueur de Berne, puisqu'il occupe déjà ce rôle au sein des Devils.
«J'essaie de ne pas changer, précise-t-il, plaçant systématiquement l'équipe avant lui. Le succès individuel est secondaire pour moi. Cela a bien entendu pour conséquence une pression supplémentaire, mais j'ai eu de la pression dès le début. Maintenant, il ne s'agit pas seulement de marquer des buts. Je peux aussi aider l'équipe par un travail défensif acharné.»
Une progression exponentielle
A Helsinki, Hischier est monté en puissance. Lors des trois derniers matches, le centre de 23 ans est devenu un vrai leader. Il y a bien sûr ce fantastique but contre le Canada. Sans regarder une seule fois en direction du gardien, le capitaine des New Jersey Devils a expédié le puck dans la lucarne de Logan Thompson.
Mais il y a aussi les tirs bloqués, notamment contre la Slovaquie dans le dernier tiers à un moment où la Suisse ne faisait pas la maligne et que les joueurs de Craig Ramsay pressaient. Et il y a ces pucks récupérés dans les bandes associés à ce travail permanent autour du filet. «Il est dévoué à l'équipe, dit de lui son agent Gaëtan Voisard. J'ai vu les deux matches du week-end et j'ai vu un Nico dans la lignée de sa fin de saison avec New Jersey.»
Les boutons de son visage d'adolescent ont disparu et cédé leur place à une barbe de jeune homme. Cette transformation faciale accompagne l'évolution du jeu de ce talent précoce. Parce que bien évidemment la courbe de progression se cabre vers l'exponentiel. On ne parle pas ici d'une trajectoire à la Connor McDavid, mais de celle d'un athlète qui commence à trouver sa place dans la meilleure ligue du monde.
Revoir les attentes placées en lui
Auteur de 60 points en 70 matches, Hischier a connu sa plus jolie saison NHL sur le plan comptable. Mais son impact se traduit au-delà des chiffres bruts. Responsable défensivement depuis ses plus jeunes années, lorsqu'il rêvait d'imiter Pavel Datsyuk, Nico Hischier possède presque une licence en travail de l'ombre, le fameux «Drecksarbeit» qu'il applaudit en parlant de son coéquipier Jonas Siegenthaler.
«Je suis un peu surpris des attentes à son égard en Suisse, juge Gaëtan Voisard. Il ne va pas inscrire quatre points par match, il ne faut pas oublier que c'est un centre 2 way et donc un joueur sur lequel on peut compter défensivement. Mais là il montre son potentiel, il étend son registre. Honnêtement je suis bluffé parce qu'il n'a que 23 ans. Mais je peux volontiers imaginer des saisons à plus de 80 points dans le futur.»
Si la Suisse veut aller loin dans ce tournoi et atteindre le dernier carré, elle aura besoin d'un Nico Hischier inspiré et inspirant, comme l'avait souligné Tristan Scherwey plus tôt dans le tournoi. Humble, bosseur et talentueux, Hischier incarne à merveille les valeurs de cette équipe de Suisse et la vision de Patrick Fischer. Et en cela c'est déjà une franche réussite.
ma 24.05. 11:05 - 14:45 ∙ blue Sports Live ∙ Le direct: Allemagne - Suisse
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jfd, ats