Après avoir mené les Rapperswil-Jona Lakers en National League en 2018, Jeff Tomlinson a récidivé cette saison avec Kloten, officiellement promu mercredi. L'entraîneur, qui dégage une force tranquille, devrait toutefois se mettre en retrait.
Jeff Tomlinson sait ce que cela siginfie de traverses des moments difficiles. En raison de kystes rénaux qui l'ont longtemps obligé à effectuer des dialyses quotidiennes, il a déjà frôlé la mort. Une transplantation rénale menée à l'automne 2019, grâce à son frère donneur Darryl, lui a ouvert de nouvelles perspectives.
Mais cette épreuve l'a énormément marqué. Aujourd'hui, le coach canado-allemand de 51 ans apparaît plus apaisé, serein. Il transmet ce calme à ses joueurs: «Je ne suis pas là pour faire le show», a-t-il dit à Keystone-ATS après le succès (1-0) dans l'acte V de la finale de play-off de Swiss League contre Olten, mercredi, qui a entériné la promotion des Aviateurs. «Même ma femme me demande pourquoi je suis aussi calme.»
Une mue étonnante, car au fond, Tomlinson est un grand émotif. Mais il a appris à se retenir. A chaud, il aurait souvent très envie de sermonner un joueur ou l'autre. «Mais il est préférable de s'expliquer le lendemain, quand les émotions sont retombées», glisse-t-il.
«Juste du sport»
Et d'ajouter: «Je vis pour le hockey sur glace. En même temps, c'est juste du sport. L'art est de travailler dur et avec sérieux tout en se faisant plaisir, afin d'éviter de se crisper. Tout cela s'apprend», relève le coach.
A Kloten, Tomlinson et ses joueurs ont dû répondre aux attentes élevées des dirigeants et d'un club qui fait partie du paysage du hockey suisse et dont la place n'est pas en Swiss League, au vu de son budget et de son histoire.
L'équipe a répondu présent du début à la fin, jusqu'à cette fête grandiose après le match de mercredi disputé devant près de 8000 supporters. La promotion a été célébrée à la hauteur de la frustration engendrée par quatre saisons passées au purgatoire de la 2e division.
Kloten a attiré une moyenne de 6111 spectateurs durant les play-off. «Pour moi, la vie aurait continué même sans l'ascension. Celle-ci n'était pas un dû. Mais je suis bien sûr content que nous y soyons parvenus», précise l'entraîneur à succès.
Les jeunes au rendez-vous
Son équipe a parfois fait preuve de fébrilité dans ces séries finales. Le déclic, en finale, s'est produit selon lui dans le 3e match, lorsque sa formation a su non seulement surmonter une pénalité de 5' à un moment très délicat (à 1-1 au 2e tiers), mais a même pris l'avantage pour mener 2-1. Elle s'est alors montrée irrésistible.
«Auparavant, notre box play avait été très défaillant dans ces play-off. Cet épisode de la pénalité nous a redonné confiance. Au final, nous n'avons pas toujours présenté un beau jeu, mais les jeunes ont bien progressé», analyse l'entraîneur.
Tomlinson ne va pas s'emballer. La saison après sa promotion, Rapperswil n'avait remporté que dix matches sur cinquante à l'échelon supérieur, dans la saison régulière. Les Lakers avaient bouclé celle-ci avec 19 points de retard sur l'avant-dernier, Davos. La saison suivante a aussi été très décevante, avant que Rappi décolle enfin, en 2020-21. Qu'en sera-t-il de Kloten?
Un pas en retrait
«Cela s'annonce dur, il n'y a pas de mystère», anticipe le coach des Aviateurs. Mais il ne va pas se départir de sa sérénité pour autant. Il en a vu d'autres.
D'ailleurs, sa santé le freine à nouveau. Il devra ainsi prendre du recul la saison prochaine, même s'il souhaite rester au sein du staff technique zurichois. Thierry Paterlini, qui oeuvrait cette saison à La Chaux-de-Fonds, est pressenti pour lui succéder.
«Il ne lui sera pas possible d'exercer pleinement sa fonction, de son point de vue et dans l'intérêt du club, pendant la phase de préparation et la saison à venir», expliquant les Aviateurs dans un communiqué.