Après 95 jours 6 heures 9 minutes et 56 secondes, Alan Roura a terminé son tour du monde jeudi soir à 20h29. Le Genevois a pris la 17e place d'un Vendée Globe compliqué.
Le bonheur de retrouver les siens compense beaucoup de choses. Au large des Sables d'Olonne, une fois la ligne d'arrivée franchie, Alan Roura a vu son équipe, son épouse Aurélia et Billie, sa petite fille de huit mois le rejoindre dans La Fabrique. Emu, mais la barbe moins longue qu'il y a quatre ans, le skipper suisse avait le sourire: «C'était un beau Vendée Globe, dans tous les sens du terme, a-t-il lâché aux médias de l'organisation. Il se méritait. C'est quand on arrive qu'on se rend compte qu'on a réalisé quelque chose d'incroyable. Même si ce fut une guerre contre moi-même.»
Le classement ne compte pas tant en ce jeudi. Ce ne sont que des petits calculs. A ce stade-là, on parle même des comptes d'apothicaire. Alan Roura a terminé 17e du Vendée Globe en plus de 95 jours. C'est bien loin que ce que le Genevois espérait. Il en visait quinze de moins. Pour y parvenir, il aurait fallu remporter cette édition du tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Seul le vainqueur Yannick Bestaven, arrivé le 28 janvier dernier, et ses poursuivants directs sont parvenus à cet objectif des 80 jours.
Vraiment pas de quoi chatouiller le record absolu, réalisé il y a quatre ans par Armel Le Cléac'h en un peu plus de 74 jours. Cela dit beaucoup de ce Vendée Globe 2020-21, qui n'a épargné aucun des concurrents. Les conditions météorologiques n'ont jamais été idéales, les problèmes techniques ont rythmé les jours et nuits de course et il a même fallu un incroyable sauvetage de Jean Le Cam pour récupérer Kevin Escoffier, qui voguait au milieu des vagues de l'Atlantique Sud sur son radeau de survie une nuit de la fin novembre.
Un duel final remporté
Alan Roura n'a pas vécu cela. Heureusement pour lui. Mais il a eu ses pépins. Une petite avarie, alors qu'il avait déjà de la peine à avancer dans sa descente de l'Atlantique. Et puis surtout cette quille devenue récalcitrante au milieu du Pacifique. C'était le lendemain de Noël et il avait hésité à tirer la barre pour se diriger tranquillement vers la Nouvelle-Zélande. Ce n'est pas la nature du bonhomme: il s'est accroché, quitte à dégringoler au classement.
A 27 ans (et même 28 dans quinze jours), le Genevois a terminé son second Vendée Globe. Au niveau du classement, il fait moins bien qu'il y a quatre ans, lorsqu'il avait pris le douzième rang. Qu'importe, il était encore une fois le benjamin et il peut ressentir la fierté d'avoir fait voguer La Fabrique dans tous les océans, la ramenant à bon port. «J'ai couru en mode aventurier, j'ai appris à trouver d'autres réglages, accepte-t-il. J'ai mis du temps à prendre du plaisir, mais une fois que ça été le cas, j'en ai vraiment pris.»
Et puis, il a même gagné un petit duel final, en terminant devant Stéphane Le Diraison, avec qui il était au coude à coude. Même si, comme au départ le 8 novembre dernier, le chenal des Sables d'Olonne s'est révélé bien désert jeudi soir. D'ailleurs, en raison de la marée, Roura ne le remontera que vendredi après-midi. Symbole d'un temps qui n'est plus devenu pressant.
Retour à la page d'accueilRetour au sport