A l'avant d'une tempête, poussé par des rafales de 80 km/h, Charlie Dalin continue vendredi de creuser l'écart en tête du Vendée Globe, avec près de 200 milles nautiques sur Sébastien Simon, les deux skippers filant plein Est vers l'Australie. De son côté, Alan Roura navigue dans des conditions très instables et a reconnu qu’il «était à bout de forces mentales et physiques».
Après avoir laissé les Kerguelen derrière lui, Dalin (Macif) navigue à la limite de la zone d'exclusion maritime et des 50e hurlants, composant avec un vaste système dépressionnaire et des vagues avoisinant les 5 mètres. Comme l'explique l'organisation, il est parvenu à se maintenir à l'avant de la dépression, ce qui lui permet de bénéficier de ses vents puissants sans subir une mer totalement déchaînée.
Ainsi, selon le pointage de 11h00 vendredi, il a encore augmenté de plus de 80 milles nautiques l'écart avec Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), qui se trouve lui à l'arrière de la même tempête et dont la moyenne sur 24 heures est sensiblement inférieure (18,15 noeuds contre 22,62 noeuds).
«Je me suis fait un peu bouffer par l’œil de la dépression qui m’a bloqué pendant presque deux heures, c’était très étonnant, j’avais jamais eu cette expérience-là! Le vent a commencé à revenir avec l’arrière de la dépression», a déclaré Simon à l'organisation. Un point commun toutefois pour les deux skippers de tête: un air et une mer glaciale (5 degrés), rendant le vent encore plus mordant, comme le résume le vainqueur de la solitaire du Figaro 2018: «Ça caille vraiment !».
Mettraux toujours 10e, Roura dans le dur
Meilleure femme et première Suissesse de cet «Everest des mers», Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef) est toujours en 10e position, à 1’344 milles de la tête. La Genevoise a «a commencé à dépasser l’archipel des Crozet, qui fait partie des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises)», a indiqué son équipe sur Instagram vendredi matin.
Sur les 38 concurrents, ils sont désormais 30 à avoir franchi le Cap de Bonne Espérance et à naviguer dans l'Océan Indien, dont Alan Roura (Hublot), qui est toujours secoué par un vent fort et des eaux très agitées. «Ça commence à être long de naviguer dans cette mer impraticable», déclaré sur son site le Genevois, qui est 22e à 2’553 milles.
«J’ai fait des plantés dans les vagues comme jamais. Je ne sais pas comment le bateau est encore en un seul morceau, et le mât toujours sur le pont», a-t-il décrit. Ces conditions difficiles commencent à peser sur le skipper de 31 ans. «J’ai tellement veillé que je me suis effondré de sommeil ce matin. Pas longtemps, mais de quoi avoir un bon filet de bave. J’étais à bout de forces mentales et physiques. C’est surtout le mental qui prend de la place sur le physique», a-t-il reconnu.