Après le Mondial 2022, terminé dimanche, le Qatar, qui se veut «leader mondial dans le domaine du sport», vise les Jeux olympiques en 2036. La route est longue mais des jalons sont posés.
L'émirat a fait l'objet de vives critiques concernant son bilan environnemental et en matière de droits humains après s'être vu attribuer la Coupe du monde de foot fin 2010, mais les infrastructures et l'organisation du tournoi – au coût estimé à 300 milliards de dollars (réd: les Jeux olympiques de Sotchi avait coûté 50 milliards de dollars) – ont été largement saluées.
Candidate malheureuse pour les JO d'été de 2016, 2020 et 2032, Doha, qui entend diversifier son économie gazière à l'horizon 2030 grâce au sport et au tourisme, étudie une nouvelle campagne pour 2036 en utilisant le Mondial comme tremplin, selon des responsables sportifs.
«Le Comité international olympique (CIO) n'en voulait absolument pas et je pense qu'à la suite de la Coupe du monde ça va être exactement la même chose», tempère Jean-Loup Chappelet, spécialiste du mouvement olympique à l'Université de Lausanne, interrogé par l'AFP.
«Face à n'importe quelle autre candidature, le Qatar n'a aucune chance», estime-t-il, pointant le manque d'infrastructures, alors que «le CIO cherche à éviter les investissements qui font déraper les budgets», et l'inscription du respect des droits humains dans le contrat de ville hôte.
«Buts contre leur camp»
Le changement de date du match d'ouverture du Mondial à trois mois de la compétition, qui témoigne d'un «manque de professionnalisation», et la volte-face sur la vente de bière autour des stades à deux jours du coup d'envoi sont des «erreurs» qui pourraient peser, renchérit M. Chappelet.
Le Qatar et la FIFA ont «inscrit quelques buts contre leur camp», abonde auprès de l'AFP Michael Payne, directeur marketing du CIO entre 1983 et 2004.
Ceci dit, la question de l'alcool a été vite oubliée» et «la plupart des gens, en regardant maintenant ce que le Qatar a fait, notent que ce n'était pas si mal, toutes choses égales par ailleurs», remarque-t-il.
Comme pour le Mondial, décalé à l'automne pour éviter les chaleurs accablantes de l'été, des JO dans l'émirat nécessiteraient certainement un changement de date. Des précédents existent, à Tokyo en 1964 (10-24 octobre) ou encore Séoul en 1988 (17 septembre-2 octobre).
Alors que sept des huit stades du Mondial étaient climatisés, le concepteur de leur système d'air conditionné estime par ailleurs «faisable et possible en matière d'ingénierie» de climatiser le parcours du marathon.
Saud Abdulaziz Abdul Ghani, surnommé Dr. Cool, assure toutefois à l'AFP ne pas avoir été contacté à propos d'un projet olympique.