Il y a une année, Silvan Dillier avait bluffé son monde avec un 2e rang à Paris – Roubaix. L'Argovien revient dimanche sur le lieu de son «forfait». Mais il sait qu'il sera à peine envisageable de répéter l'exploit, qui jusque-là constitue le meilleur résultat de sa carrière.
Naturellement, Dillier repense souvent et avec plaisir à ce qu'il nomme la «course parfaite». Le coureur de l'équipe AG2R avait passé 210 des 257 kilomètres en tête de la course. A la fin, il avait joué la victoire à la pédale face au champion du monde Peter Sagan dans le légendaire vélodrome de Roubaix.
Dillier n'a malheureusement pas réussi le grand coup dans la plus prestigieuse course d'un jour à côté du Championnat du monde. Il n'avait eu aucune chance au sprint contre la puissance du champion slovaque. En jetant un regard en arrière, Dillier s'est senti pourtant comme un vainqueur mais à côté des émotions il lui restait surtout des douleurs lancinantes et des ampoules dans les mains.
Depuis son exploit dans l'Enfer du Nord, Dillier n'a plus réussi un aussi bon classement. Il en est conscient: «Même si ce fut le meilleur résultat de ma carrière, je ne me repose pas là-dessus. J'essaie d'être meilleur chaque jour pour pouvoir rééditer ce genre de course ou encore mieux la boucler en ma faveur.»
Ce n'était pourtant pas évident pour Dillier d'apprivoiser cette classique qui propose 55 km de pavés, répartis sur 29 secteurs. «Jusqu'à l'an dernier, je haïssais cette course», relève l'Argovien. Avant son raid spectaculaire, il n'avait disputé l'épreuve qu'une fois en juniors et une fois sous les couleurs de BMC. Et même en 2018, il ne s'était retrouvé au départ que par la grâce d'un forfait de dernière minute d'un équipier.
Le leader c'est Naesen
Cette année, il est évident que Dillier sera au départ du troisième des cinq «Monuments» du cyclisme (Milan – San Remo, Tour des Flandres, Paris – Roubaix, Liège – Bastogne – Liège et le Tour de Lombardie) au calendrier. Il ne sera pourtant pas leader unique au sein de la formation de Vincent Lavenue. Ce rôle incombera au Belge Oliver Naesen, déjà deuxième cette année à Milan – San Remo, troisième à Gand – Wevelgem et 7e aux Flandres.
L'Argovien s'accommode sans broncher de cette hiérarchie: «Oliver est actuellement dans une forme de dingue, il est clairement notre no 1. Je pourrai certainement bénéficier de ma liberté. Mais à la fin, si nous nous retrouvions les deux dans le groupe de tête, je bosserai pour lui et refreinerai mes propres ambitions.»
Dillier sait aussi qu'il ne pourra compter cette fois-ci sur l'indulgence de la concurrence pour prendre beaucoup d'avance dans une échappée. Sur la route de Roubaix, c'est encore plus dur que dans les autres courses pour se trouver au bon endroit au bon moment. «On peut imaginer que 120 coureurs veulent faire partie du groupe de tête, souligne l'Alémanique. Je vais essayer d'être plus malin.»
Comme l'an dernier, lorsqu'une fracture du doigt l'avait gêné, Dillier ne tient pas la forme optimale ce printemps. Mais il ne sait pas pourquoi il ne tourne pas mieux. Son meilleur résultat jusque-là est un 14e rang aux Strade Bianche. «L'an dernier, la forme ou l'absence de forme ne constituait pas un obstacle pour une grande performance. Cela sera pareil cette année», analyse Dillier.
Dillier coupera après Roubaix pour deux semaines. Il reviendra en compétition à l'occasion du Tour de Romandie. Il disputera également le Tour de Suisse. L'Argovien espère décrocher une place pour le Tour de France. Une bonne performance à Roubaix serait la meilleure des publicités.
Quatre autres coureurs suisses sont annoncés au départ à Compiègne dimanche: Michael Schär (CCC), Reto Hollenstein (Katusha) et Tom Bohli (UAE-Team Emirates) et Stefan Küng (Groupama). Le Thurgovien n'a pas connu beaucoup de réussite dans les Flandriennes. Il tentera de trouver le succès sur les pavés. L'an dernier, il était tombé et s'était blessé à la mâchoire avant de les aborder.