«Ça fait chier...» Scène déchirante après avoir frôlé l’exploit sur le Tour de France

AFP

18.7.2024

Surnommé «le Petit Voeckler» par son patron, Mattéo Vercher est passé jeudi tout près de l'exploit d'une carrière : une victoire d'étape dans le Tour de France, à peine deux ans après un titre de champion de France amateurs.

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Il s'est retrouvé là, presque étonné, entre le champion du monde 2014 et un des tout meilleurs rouleurs du peloton, avec face à lui une ligne d'arrivée synonyme de passage à la postérité.

A 23 ans, le coureur de la TotalEnergies s'est lancé corps et âme dans un sprint désespéré à 800 m de la ligne, conscient que la pointe de vitesse de Michal Kwiatkowski et de Victor Campenaerts lui serait fatale. Un coup de poker qui n'a pas souri, mais qui a débouché sur une deuxième place derrière le Belge, soit le meilleur résultat de la carrière du Lyonnais.

Torrent de larmes

Des larmes plein les yeux après avoir frôlé la victoire, Vercher se montrait inconsolable. «Sur le coup, forcément, un compétiteur veut gagner donc deuxième c'est sûr que ça fait chier...», a-t-il expliqué.

Entouré par ses coéquipiers Steff Cras et Mathieu Burgaudeau, présents pour l'aider à sécher des larmes qui n'en finissaient plus de couler, le Français pouvait pourtant se dire qu'il avait tout bien fait entre Gap et Barcelonnette, après avoir chuté lors du départ fictif, sans gravité.

Parti dans le gros groupe de tête pour épauler son leader Steff Cras et «porter des bidons», il a suivi un mouvement de course initié par Michal Kwiatkowski dans la dernière difficulté du jour. Le bon coup était parti, et Vercher s'est retrouvé avec un duo royal qui a collaboré parfaitement pour aller se disputer la victoire.

«Je ne pense pas que c'était à mon tour d'être devant, mais ça s'est joué comme ça», a-t-il admis après la course, confirmant qu'il sait s'imposer là où on ne l'attend pas. Ça n'était déjà pas forcément son tour de prendre part à la Grande boucle. Mais ses qualités et sa persévérance ont convaincu le staff de la TotalEnergies de l'emmener pour lui offrir un premier dossard.

«C'est un pari de prendre des jeunes français de 23, 24, 25 ans, qu'on prend déjà pour des vieux», a déclaré dans un sourire Jean-René Bernaudeau, le manager de l'équipe vendéenne. «Mattéo on a cru en lui, c'est un coureur précis, on dit que c'est le petit Voeckler, (...), il me fait penser à Thomas, il va très très loin dans la souffrance», assure-t-il.

«Un type brillant»

Son équipe l'a attiré en 2022, d'abord pour l'intégrer à sa réserve «Vendée U». La greffe a rapidement pris, puisque Vercher a décroché le titre de champion de France amateurs dans la foulée. De quoi rejoindre l'équipe TotalEnergies l'année suivante pour découvrir le peloton pro.

Dans la chaleur de Barcelonnette, Jean-René Bernaudeau n'a pas tari d'éloges au sujet de son poulain, qui a bien failli offrir une deuxième victoire d'étape à sa formation dans ce Tour après le triomphe d'Anthony Turgis dans la poussière des chemins blancs à Troyes.

«C'est un type brillant au niveau intellectuel, qui analyse tout, qui fait très peu d'erreurs», affirme le manager. «Il court très bien, c'est un vrai ordinateur, il a une belle progression, une très belle éducation», souligne-t-il.

A 23 ans, Vercher est venu apprendre, et a connu plusieurs fois la joie d'ouvrir la route, comme lors de son échappée en compagnie de Clément Russo lors de la cinquième étape entre Saint-Jean-de-Maurienne et Saint-Vulbas.

Pour Jean-René Bernaudeau, le pari de l'emmener pour un premier Tour est réussi: «On savait que dans le plus mauvais des cas, ça allait le faire grandir pour l'année prochaine, on voit dès maintenant qu'il sera déjà acteur, c'est quelqu'un qui va déjà sortir du Tour avec un amas d'expérience».

Et le Lyonnais se projette déjà, affirmant après l'arrivée: «Ce n'est que partie remise». Le rendez-vous est pris.