Jérémy Desplanches sort d'une semaine éprouvante, après avoir disputé 14 courses en six jours lors des championnats de France à Rennes. «Cela fait un moment que je n'avais pas pris autant de plaisir à nager autant de courses», lâche le Genevois, qui visera une finale sur 200 m 4 nages aux Mondiaux de Fukuoka fin juillet.
«Le plaisir est relatif, car je n'ai pas obtenu de résultats mirobolants en ayant pourtant nagé à fond le matin (en séries) comme l'après-midi (lors des finales). Mais c'est plaisant de ne pas avoir été ridicule alors que je n'étais ni rasé, ni reposé, ni affûté, et qu'en face c'était des avions de chasse», glisse-t-il.
Les Français jouaient en effet leur qualification pour les Mondiaux, prévus du 23 au 30 juillet, alors que Jérémy Desplanches était là pour se tester. «Les championnats de France servent toujours à pointer du doigt mes défauts. Et c'est ce qui s'est passé», souligne le médaillé de bronze des JO de Tokyo 2021, qui s'est confié à Keystone-ATS lundi au téléphone.
Ces défauts, ce sont le virage et la coulée. «Les nageurs ont beaucoup évolué ces dernières années dans ces domaines. J'avais déjà beaucoup de retard, et maintenant j'en ai encore plus car je suis parti de très, très, très loin. C'est à moi de mettre les bouchées doubles», explique le champion d'Europe 2018 du 200 m 4 nages.
«Mais je ne veux pas mettre les bouchées doubles sur quelque chose qui ne fonctionne pas. Je veux trouver ce qui marche pour moi, et l'entraîner à fond. J'ai regardé pas mal de vidéos sous l'eau pour trouver ce qui me correspond. Je ne gagnerai jamais grâce à mes coulées, mais je veux éviter de perdre là-dessus», poursuit-il.
Des secondes de perdues
Jérémy Desplanches n'a pu que constater les dégâts à l'heure d'analyser ses courses disputées lors des championnats de France. «Les virages, ça va encore. Mais je perds des secondes dans la poussée au mur, la coulée et la reprise de nage. Et je dis bien des secondes», se désole le protégé du légendaire coach Philippe Lucas.
«Sur 200 m 4 nages, je rate deux reprises de nage sur trois. Ca fait beaucoup», souligne le vice-champion du monde 2019, qui a terminé 5e de la finale du 200 m 4 nages mercredi dernier à Rennes en 2'00''73. Soit à plus de quatre secondes du vainqueur, le prodige Léon Marchand (1'56''25), champion du monde 2022 de la discipline.
Jérémy Desplanches – dont le meilleur chrono, établi en finale des JO 2021, est de 1'56''17 – s'était même montré plus rapide lors des séries matinales (2'00''26). «J'avais dû m'employer en séries, car seul un nageur étranger peut disputer la finale A aux championnats de France. J'étais déjà cramé avant la finale», précise-t-il.
«J'avais déjà disputé neuf courses (réd: dont quatre la veille). C'est un peu frustrant, mais la satisfaction est tout de même de mise. Je sais désormais dans quels secteurs je dois travailler jusqu'aux Mondiaux», qui ne sont qu'une étape sur la route des JO de Paris 2024. Mais qu'il n'abordera pas sans ambition.
Une étape
«C'est pour remonter en finale mondiale que je m'entraîne ces temps», rappelle Jérémy Desplanches, qui avait échoué en demi-finales des Mondiaux de Budapest au cours d'une difficile saison 2022 marquée aussi par sa 4e place aux Européens de Rome. «Et je pense que c'est possible d'atteindre la finale», assure-t-il.
«Mon état de forme n'est pas si mal, même si je manque de fraîcheur. Aux championnats de Suisse (réd: fin mars à Genève), j'ai obtenu des résultats honorables (notamment 1'58''70 sur 200 m 4 nages, son meilleur temps de l'année) en étant un peu reposé mais sans être au mieux sur le plan mental», explique-t-il.
«Donc, avec ma tête de retour dans le +game+ et mon corps au rendez-vous, je vais très vite retrouver mes marques», se réjouit un Jérémy Desplanches pour qui la mauvaise passe du début d'année est de l'histoire ancienne. «Je ne nage plus juste pour nager. J'ai retrouvé la niaque, j'ai retrouvé un but», lâche-t-il.
Ce but, c'est bien sûr les JO de Paris 2024, dans lesquels le Genevois rêve de frapper un dernier grand coup l'année de son 30e anniversaire. «Je suis parti pour un cycle d'une année et demie. Pour moi, cette fin de saison n'en est pas une, c'est un début de saison olympique», précise-t-il.
«J'ai déjà les yeux rivés sur Paris, j'ai une planification de 16 mois en tête. Les Mondiaux sont très importants et j'y vise une finale. Mais n'est qu'une étape», pour laquelle il se préparera néanmoins avec le plus grand soin. «Le plaisir est là à chaque entraînement. J'y retourne à nouveau avec hargne et envie.»
ats