Déterminants face aux Français en quart de finale puis devant les Anglais en demie, les remplaçants sud-africains jouent un rôle essentiel dans le parcours de leur équipe lors de la Coupe du monde. Rôle qui pourrait s'avérer encore décisif en finale samedi contre la Nouvelle-Zélande.
A chaque annonce de composition d'équipe, les mêmes questions sont devenues récurrentes. A quoi va ressembler le banc des Springboks ? Sera-t-il constitué de sept avants pour un seul arrière, comme devant la Nouvelle-Zélande en préparation (victoire 35-7) et l'Irlande (défaite 13-8) durant le Mondial ? Ou le staff optera-t-il pour un dispositif en 5-3 voire 6-2 plus traditionnel ?
Quel que soit le choix, le résultat sur le terrain est souvent le même: les remplaçants apportent leur pierre à l'édifice et sont même capables de faire basculer la rencontre comme samedi face au XV de la Rose (16-15) et, avant cela, face aux Bleus (29-28), hôtes de la compétition.
Signe de l'importance des joueurs du banc: en six rencontres du Mondial 2023, les champions du monde en titre ont inscrit seize de leur vingt-sept essais en seconde période. Et même huit dans les vingt dernières minutes.
«Parfois, au fil du match, on regarde l'exécution du plan de jeu, les conditions et les domaines où l'on peut s'améliorer. Quand les remplaçants rentrent en jeu, ils apportent quelque chose de différent, ils redonnent de l'énergie à l'équipe et permettent de mettre en oeuvre d'autres schémas de jeu pour l'attaque en fonction de l'adversaire», explique l'entraîneur-adjoint des Boks, Deon Davids.
«Bomb squad»
Contre le XV de la Rose, les Sud-Africains ont longtemps semblé empruntés, incapables de répondre au piège anglais. Les têtes pensantes Boks, passées maîtres dans l'art du contre-pied, se sont donc tournées vers le banc: d'abord avec l'ouvreur Handré Pollard, entré en jeu dès la 31e minute et auteur de la pénalité de la victoire, ensuite avec le demi de mêlée Faf de Klerk (42e) puis en changeant la quasi-totalité du pack avant l'heure de jeu.
Avec le pilier Ox Nche, le deuxième ligne RG Snyman, auteur du seul essai du match samedi, ou le troisième ligne Kwagga Smith, le banc sud-africain a aussi pour rôle de broyer ses adversaires et de finir le travail. A tel point qu'il a reçu le surnom de «bomb squad» (équipe de déminage).
En entrant tôt en jeu, la «bomb squad» avait déjà joué son rôle à fond dans la conquête du titre de 2019, permettant ainsi aux titulaires de rester frais en fin de compétition. Rebelote quatre ans plus tard.
Mais leur impact ne serait pas aussi décisif sans le travail accompli au préalable par les titulaires, comme le souligne le sélectionneur Jacques Nienaber. «Quand on compose notre banc, les gens se concentrent sur le nombre d'avants mais l'important, c'est le groupe et sa qualité. S'ils (les remplaçants) entrent sur le terrain, c'est parce que les titulaires ont posé les bases du match. (...) Ils fatiguent l'adversaire».
Contre l'Angleterre, c'était «la victoire de tout un groupe», a abondé le capitaine et troisième ligne Siya Kolisi. «La plupart des joueurs auraient baissé les bras mais pas nous. Quand on gagne, c'est toute l'Afrique du Sud qui gagne. Cette mêlée, c'est la victoire de Vincent (Koch), d'Ox (Nche), de Bongi (Mbonambi)», a ajouté le futur joueur du Racing 92.
«Homogénéité»
«Chacun a son rôle à jouer», renchérit le demi de mêlée Cobus Reinach. «S'il s'agit d'entrer en jeu à la 35e ou à la 45e minute, ou n'importe quand, on fait ce qu'il faut. Personne ne se plaint», poursuit le joueur de Montpellier.
«La beauté de cette équipe, c'est l'homogénéité entre les titulaires et les remplaçants. Tout le monde a une bonne idée du moment où les remplacements peuvent avoir lieu. Les titulaires ont un travail spécifique à faire et c'est pareil pour les remplaçants», affirme encore Deon Davids.
Les All Blacks sont prévenus: pour être champions du monde une quatrième fois, il faudra être sur le qui-vive pendant 80 minutes.