Daniel Yule Daniel Yule: "Impossible de vivre quelque chose d'aussi fort"

ATS

21.4.2020

Devenu le meilleur slalomeur suisse de l'histoire cet hiver grâce à ses trois succès supplémentaires en Coupe du monde, Daniel Yule a repris l'entraînement physique depuis deux semaines dans son val Ferret. La pandémie de COVID-19 a remis quelques uns de ses plans à plus tard, mais le Valaisan se dit chanceux.

Avec trois succès cet hiver, Daniel Yule est devenu le meilleur slalomeur suisse de l'histoire.
Avec trois succès cet hiver, Daniel Yule est devenu le meilleur slalomeur suisse de l'histoire.
Keystone

Il avait le globe dans le viseur, mais a finalement dû mettre son rêve sur pause par la force des choses. Auteur d'une saison plus que remplie, Daniel Yule a pu ranger ses lattes le 12 mars lorsque la FIS a prononcé l'arrêt de la saison. De retour chez lui, le Valaisan s'est accordé un peu de repos avant de reprendre sa préparation. «Cela fait quatre ou cinq ans que la commune me met une salle à disposition pendant l'été pour mes entraînements, explique le dernier vainqueur du slalom de Kitzbühel. Je me suis acheté du matériel, et je peux continuer ma préparation normalement.»

Si la routine physique ne change guère, il n'en va pas de même avec les interactions sociales. Reclus au fond du val Ferret, Daniel Yule s'applique à ne pas déroger aux principes édictés et préconisés par le Conseil fédéral. «Disons que la distanciation sociale, j'en fais tout l'hiver», glisse-t-il sur un ton amusé.

«Je le fais volontairement de manière assez stricte pour être dans les meilleures dispositions durant la saison, souligne-t-il. Comme on voyage beaucoup l'hiver, on n'a pas franchement le temps de faire autre chose. Et le printemps, c'est l'occasion de voir mes amis. Je voulais fêter mes trois victoires de la saison. On n'a pas pu le faire. C'est vrai que cela commence à me manquer parce qu'on était tous heureux de se retrouver.»

Le ski touché rapidement

Si la saison a presque pu aller à son terme sans trop de casse, la Coupe du monde de ski alpin a été frappée plus vite que d'autres compétitions par ce qui n'était encore qu'une épidémie. Prévues au mois de février, les épreuves préolympiques de Yanqing en Chine n'ont pu avoir lieu par crainte pour la santé des athlètes masculins. Puis au mois de mars, c'est l'Europe qui a dû prendre des mesures, et la dernière course a eu lieu le samedi 7 à Kvitfjell.

«Malgré l'annonce de l'annulation des finales de Cortina le 6 mars, on se préparait pour Kranjska Gora et le slalom du 15, se souvient Daniel Yule. On a dû changer nos plans et on est parti en Autriche pour se préparer. En début de semaine, les coaches étaient confiants. Puis le jeudi, après quatre-cinq manches d'entraînement, on a appris que les courses étaient annulées, que la saison était terminée, qu'il fallait rentrer à la maison. C'était assez brusque.»

Assez peu claire dans ses directives, la FIS a donné l'impression de naviguer à vue. «Cela n'a pas été très bien géré au niveau de la communication aux athlètes, avance Daniel Yule. Mais il faut reconnaître que ce n'était pas évident du tout. C'est la première fédération qui a été confrontée au problème et le système de la FIS donne beaucoup de responsabilités aux organisateurs locaux. La situation était frustrante pour tout le monde. On devient tous experts et chacun y va de son avis. Mais c'est une situation de crise inédite et il était impossible de plaire à tout le monde, donc pas question de leur reprocher une éventuelle gestion défaillante.»

Une barre placée très haut

D'un point de vue sportif, le skieur de La Fouly a connu la meilleure saison de sa carrière. Troisième du classement du slalom derrière Henrik Kristoffersen et Clément Noël, le Valaisan a su prendre une partie de l'espace laissé par le retraité Marcel Hirscher. «Sportivement, c'est frustrant, souffle-t-il. Il y a eu ces trois courses annulées, et je n'aurai peut-être pas quarante occasions comme celle-ci dans ma carrière.»

Mais «cette saison fut absolument magnifique avec des succès dans des courses mythiques comme Adelboden et Kitzbühel. Ca aide à relativiser. En tout cas j'aborde la suite plus sereinement. Est-ce que je vais réussir à faire aussi bien dans le futur? Avec trois victoires en une saison, j'ai placé la barre très haut», lâche-t-il.

«Tomber sur un Yule errant»

En remportant les slaloms de Madonna, Adelboden et Kitzbühel, Daniel Yule est devenu le Suisse comptant le plus de victoires (4) dans la discipline. Une validation de toutes ses années de travail. Et même si la première victoire obtenue à Madonna en 2018 occupe une place à part dans son coeur, le succès à Adelboden lui procure encore aujourd'hui des frissons.

«Impossible de vivre quelque chose d'aussi fort, estime-t-il. Je n'ai jamais vu ça. Une ambiance unique! Les autres athlètes m'ont dit que c'était spécial. Et de voir le 1 quand tu coupes la ligne en dernier, cela donne une explosion de joie incroyable.»

En repensant à ses récents succès, Daniel Yule rappelle que les skieurs font partie des groupes à risque: «Parce que nous sommes très souvent en contact rapproché avec le public. Avec les demandes de selfies, c'est impossible d'éviter une transmission si quelqu'un a le virus. Même chose à Kitzbühel où il faut traverser la foule.» Dans son val Ferret natal, le Valaisan s'autorise des balades loin de l'agitation. «Là, on doit bien à être à 100 mètres de distance entre les gens, conclut-il en rigolant. Dans les bois, on peut éventuellement tomber sur un Yule errant.»

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