L'agence antidopage ukrainienne (ONAD) a prévenu à l'avance les sportifs de contrôles aléatoires hors-compétition, qui n'en étaient donc pas, a indiqué mardi l'Agence mondiale antidopage (AMA). Elle a dénoncé un système «audacieux» remontant à près de dix ans.
Ouverte en 2019, «cette enquête baptisée 'Opération Hercules' a établi que, depuis 2012, l'ONAD a procédé à des prélèvements d'échantillons avec préavis injustifiés, en organisant des contrôles sur des sportifs, parfois par groupes, dans le cadre de rendez-vous dans ses locaux», indique l'AMA dans son communiqué.
Le règlement «stipule que, sauf circonstances exceptionnelles et justifiables, la collecte d'échantillons doit se faire sans préavis, ce qui constitue une caractéristique fondamentale d'un programme de contrôle efficace et imprévisible», souligne l'instance.
«Nous avons récolté des preuves établissant que l'ONAD téléphonait à des sportifs ou les joignait par l'intermédiaire de leurs entraîneurs pour les convoquer le lendemain, en vue d'un contrôle (...) L'agence ukrainienne s'est souvent prêtée à cette pratique avant d'importantes compétitions internationales et, parfois, toute l'équipe nationale d'une discipline spécifique pouvait être présente dans ses locaux pour un contrôle», a détaillé le directeur du département Renseignement et enquêtes de l'AMA, Gunter Younger.
Echantillons mal classés
Les enquêteurs ont en outre également découvert qu'«au moins six échantillons ont été déclarés de manière inexacte» par l'ONAD. Cette dernière, qui les a prélevés pendant les Jeux olympiques de Tokyo cet été, a indiqué les avoir prélevés «hors-compétition». Les six échantillons en question ont été réanalysés par l'AMA mais sont revenus négatifs.
Selon M. Younger, les preuves indiquent que les échantillons ont été classés à tort afin de satisfaire au nombre minimum de contrôles hors-compétition requis pour participer aux Jeux de Tokyo.
L'omission d'enregistrer correctement un échantillon, comme étant prélevé en compétition ou hors-compétition, peut avoir des conséquences importantes, car «un test positif pourrait être incorrectement classé comme négatif, et un sportif pourrait commettre impunément une violation des règles antidopage», a expliqué M. Younger.
«Défaillances organisationnelles»
«'L'Opération Hercules' a soulevé de sérieuses questions quant à l'intégrité des pratiques de contrôle de l'ONAD et à la compétence de certains membres de son personnel. Par ailleurs, la durée apparente et le caractère audacieux de ces pratiques suggèrent l'existence d'importantes défaillances organisationnelles en son sein», a-t-il ajouté.
Les conclusions de l'«Opération Hercule» ont été remises au département de la conformité, des règles et des Standards ainsi que le département des contrôles de l'AMA, pour une éventuelle sanction.