Paris-Roubaix Dylan van Baarle en costaud, Küng magnifique podium

ats

17.4.2022 - 17:07

Une première pour l'équipe la plus riche du peloton: le Néerlandais Dylan van Baarle a remporté dimanche Paris-Roubaix et donné sa première victoire à Ineos dans la reine des classiques courue à une allure-record.

Keystone-SDA, ats

Dans une course menée tambour battant sous le soleil, à près de 46 km/h, van Baarle a été récompensé. Deux semaines après sa deuxième place du Tour des Flandres, il a dominé les favoris, le champion de Belgique Wout van Aert (2e) et le Thurgovien Stefan Küng (3e), résignés à se disputer la deuxième place à 1'47''.

Contrairement aux prévisions, ce n'est pas Mathieu van der Poel (9e) qui a signé la septième victoire néerlandaise de l'histoire mais bien van Baarle, un solide coureur de 29 ans en attente de la consécration. L'année passée, le solide rouleur avait décroché la médaille d'argent du Mondial derrière Julian Alaphilippe.

Sitôt la ligne franchie dans le vieux vélodrome roubaisien, le Néerlandais est tombé dans les bras du patron de son équipe Dave Brailsford. Depuis 2010, la formation britannique (anciennement Sky), la plus riche du peloton, avait échoué sur les pavés de Paris-Roubaix malgré une tentative de son leader Bradley Wiggins au crépuscule de sa carrière.

La moyenne la plus élevée

Dylan van Baarle a bouclé à 45,792 km/h l'édition la plus rapide de Paris-Roubaix depuis la création de l'épreuve en 1896.

Avant la victoire du Néerlandais, le record appartenait au Begle Greg Van Avermaet qui s'était imposé en 2017 à la moyenne de 45,204 km sur une distance quasi-identique, à 200 mètres près.

L'année passée, la moyenne – 42,719 km/h – avait déjà été très élevée, compte tenu des conditions météo exceptionnellement difficiles.

Interrogé sur le sujet, le Suisse Stefan Küng a insisté sur l'importance du matériel qui «a énormément évolué depuis une dizaine d'années». Le facteur météo, avec des pavés secs, et l'intensité de la course, par l'attaque de l'équipe Ineos intervenue dès la fin de la première heure, ont également été soulignés par Küng.

La menace Mohoric

Le résultat a récompensé l'esprit offensif de ses hommes, qui ont attaqué à... 210 kilomètres de l'arrivée, bien avant les premiers pavés de Troisvilles, et contraint les équipes de van der Poel et Küng à une chasse de 105 kilomètres.

«Ce n'était pas planifié d'attaquer aussi loin», a rectifié van Baarle après l'arrivée. «Cela s'est passé comme ça, on était concentré, on a couru juste».

A l'avant, la principale menace, dès lors que van Aert a dû changer de vélo à plusieurs reprises, est venue finalement de Matej Mohoric. Le Slovène, vainqueur de Milan-Sanremo, est parti à l'attaque bien avant la Trouée d'Arenberg. Il a recommencé, avec le Belge Yves Lampaert, à l'entrée des 30 derniers kilomètres avant que van Baarle, parti en contre-attaque, revienne sur la tête de la course.

Au bout d'une course épuisante et haletante, van Baarle a porté le coup décisif sur les (mauvais) pavés de Camphin-en-Pévèle, un secteur classé 4 étoiles dans une échelle de difficultés de 1 à 5, à 19 kilomètres de l'arrivée. Derrière lui, Mohoric a fini par baisser pavillon et Lampaert, dernier représentant d'une équipe Quick-Step qui court après son lustre passé, a fait une chute spectaculaire après avoir heurté le bras d'un spectateur.

Une semaine d'euphorie

«On voulait rendre la course très difficile et je me sentais très bien», a sobrement commenté van Baarle, dont les parents ont été champions nationaux sur piste. Passé par le BMX, le Néerlandais a la réputation d'être un bourreau de travail, indispensable dans les classiques et très utile à ses chefs de file qui ont souvent joué la victoire dans les grands tours.

«On a fait une grande campagne de classiques», a ajouté le vainqueur du jour. En huit jours, sa formation a gagné coup sur coup l'Amstel Gold Race (Michal Kwiatkowski), la Flèche brabançonne (Magnus Sheffield) et Paris-Roubaix. Le signe, avec la révélation du Britannique Ben Turner (11e) très actif, d'une réorientation de l'équipe jadis dominante dans les grands tours mais désormais confrontée à la montée en puissance de l'UAE de Tadej Pogacar et de la Jumbo de Primoz Roglic.

Si van der Poel s'est situé en retrait ("c'était difficile pour tout le monde», a-t-il reconnu), van Aert a signé sa meilleure place en quatre participations. «C'était un Paris-Roubaix classique, chacun a eu sa part de chance et de malchance, c'est aussi ce qui fait la beauté de cette course», a conclu le champion de Belgique.

Côté suisse, outre le podium de Küng, Stefan Bissegger s'est illustré en passant à l'attaque à 60 km de l'arrivée. Le Thurgovien s'est finalement classé 21e à 4'47'' du vainqueur. Le Neuchâtelois Alexandre Balmer (BikeExchange), qui disputait son premier monument, a tenu à terminer. L'ancien spécialiste de VTT a pris le 105 rang à plus de 24 minutes.


Classement

  • 1. Dylan van Baarle (NED/Ineos) 5h37'00'' (45,79 km/h).
  • 2. Wout van Aert (BEL) à 1'47''.
  • 3. Stefan Küng (SUI).
  • 4. Tom Devriendt (BEL).
  • 5. Matej Mohoric (SLO), tous même temps.
  • 6. Adrien Petit (FRA) à 2'27''.
  • 7. Jasper Stuyven (BEL) m.t.
  • 8. Laurent Pichon (FRA) m.t.
  • 9. Mathieu van der Poel (NED) à 2'34''.
  • 10. Yves Lampaert (BEL) à 2'59''.