NBA Enes Kanter veut convaincre l'ONU d'agir

ATS

6.4.2022 - 13:58

Ses critiques virulentes du régime chinois lui coûtent selon lui sa carrière en NBA. Enes Kanter Freedom espère convaincre Michelle Bachelet, la cheffe des droits de l'homme à l'ONU, de passer à l'action lors de son voyage en Chine.

Ancien joueur de NBA, Enes Kanter veut convaincre l'ONU d0agir
Ancien joueur de NBA, Enes Kanter veut convaincre l'ONU d0agir
Keystone

Né à Zurich, déchu de sa nationalité turque et aujourd'hui citoyen américain, Enes Kanter Freedom a provoqué des vagues en NBA en prenant fait et cause pour les minorités musulmane ouïghoure et tibétaine que Pékin est accusé de persécuter par des ONG de défense des droits de l'homme, l'ONU ou encore une partie de la communauté internationale.

Jeudi, il espère bien rencontrer Michelle Bachelet, la Haute commissaire de l'ONU aux droits de l'homme et l'encourager «à agir concrètement» plutôt que de seulement condamner verbalement. «J'ai beaucoup d'espoir pour cette rencontre», confie-t-il.

«La clé, c'est qu'il faut que ça change et que le changement ne peut plus attendre. Il nous faut passer à l'action», martèle le pivot de 29 ans, debout dans la fameuse allée des drapeaux du Palais des Nations à Genève. «Prenez des actions concrètes, parce que condamner c'est bien, cela fait prendre conscience, mais cela ne change rien», plaide l'ancien joueur des Celtics, qui a ajouté Freedom (liberté en anglais) à son patronyme pour célébrer sa naturalisation américaine en novembre 2021.

«Pas le temps d'attendre»

Mme Bachelet doit se rendre en mai en Chine y compris dans le Xinjiang, où la Chine est accusée par les démocraties occidentales de commettre un génocide, ce que Pékin rejette avec véhémence. Le voyage a longtemps été reporté faute d'accord avec Pékin, et nombre de pays reprochent aussi à l'ancienne présidente du Chili de garder sous le coude un rapport sur les exactions commises par la Chine.

«On n'a pas le temps d'attendre. Les gens meurent et sont tués, alors il faut qu'elle bouscule ceux qu'il faut bousculer», ajoute Enes Kanter, distingué ce mercredi au bord du Léman lors du Sommet pour les droits humains et la démocratie pour avoir eu le courage «de risquer sa carrière» afin de dénoncer le traitement des Ouïghours.

Ces critiques – il a affirmé que le président Xi Jinping était «un dictateur brutal» – ont valu aux Celtics d'être bannis de diffusion par le service de streaming Tencent en Chine, qui est de loin le plus grand marché étranger pour la NBA.

«Je ne regrette rien»

Quant aux sportifs qui ont participé aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin: «Honte à eux», «ils ont choisi l'argent et les affaires au lieu de la morale, des principes et des valeurs», accuse Enes Kanter Freedom, qui craint que la guerre en Ukraine ne donne des idées à la Chine.

«Le monde doit imposer des sanctions encore plus dures et mettre plus de pression sur la Russie pour que la Chine n'essaye pas d'envahir Taïwan», demande-t-il, pour que Pékin sache que les conséquences seront sévères.

«Nous ne voulons pas que Taïwan subisse ce que subit l'Ukraine», explique le joueur, qui est convaincu que ces critiqes affectent sa carrière. Bien avant de s'en prendre au gouvernement chinois, Kanter a souvent critiqué les autorités de la Turquie, son pays d'origine, n'hésitant pas à surnommer Recep Tayyip Erdogan, le «Hitler de notre siècle» en 2017.

Pour l'heure, Enes Kanter Freedom cherche une nouvelle équipe, après que les Houston Rockets ont décidé de se passer de lui dès son arrivée en provenance des Celtics. «J'ai 29 ans et j'ai l'intention de jouer encore six ou sept ans en NBA, parce que je suis bien physiquement et que j'aime le basket», confie-t-il.

«Je suis convaincu qu'ils me punissent pour s'assurer que tout athlète qui voit ce qui m'arrive renonce à parler de ce qui arrive en Chine», ajoute-t-il. Mais «je ne regrette rien de ce que j'ai fait. Si je pouvais remonter dans le temps je le referais mais encore plus fort».

ATS