Le relais 4x100 m féminin de Swiss Athletics bénéficie d'une nouvelle opportunité de briller ce week-end aux Mondiaux de Eugene. Après trois quatrièmes places consécutives (Européens 2018, Mondiaux 2019 et JO 2021), il rêve de cueillir enfin une médaille.
Une place sur le podium constituerait l'aboutissement d'un projet lancé en 2010 par Laurent Meuwly dans l'optique des Européens 2014 de Zurich. Un projet qui avait démarré de manière idéale avec une qualification pour les Mondiaux 2011 à Daegu, où les relayeuses avaient décroché leur ticket pour les JO 2012.
Pas un long fleuve tranquille
Mais ce projet a également connu son lot de contretemps. Les Européens de 2014 s'étaient ainsi conclus de manière dramatique pour Mujinga Kambundji, Marisa Lavanchy et les soeurs Ellen et Lea Sprunger, la Bernoise ayant lâché le témoin au départ alors qu'une médaille leur semblait promise.
On était même passé au psychodrame en mars 2016 lorsque Mujinga Kambundji avait quitté le cadre national du relais en raison d'un profond désaccord avec Laurent Meuwly. Sans sa cheffe de file, le quatuor helvétique (Ajla Del Ponte, Sarah Atcho, Ellen Sprunger et Salomé Kora) avait échoué dès les demi-finales des JO 2016.
Mujinga Kambundji avait finalement obtenu la «tête» du technicien fribourgeois, relevé de ses fonctions de coach du 4x100 m féminin à la fin 2016. Et ses progrès fulgurants amorcés en 2017, année de son retour dans le relais et de son premier passage sous les 11''10 sur 100 m, ont poussé ses partenaires à se sublimer.
Un réservoir plus important
Swiss Athletics a pu compter sur un quatuor qui a longtemps semblé indéboulonnable: Mujinga Kambundji, Ajla del Ponte, Salomé Kora et Sarah Atcho ont ainsi terminé 5e des Mondiaux 2017, 4e des Européens 2018 et 4e des Mondiaux 2019. La Vaudoise a cédé sa place à Riccarda Dietsche l'an dernier aux Jeux de Tokyo, avec le même résultat final.
De 42''53 lors de l'édition 2017 d'Athletissima, le record de Suisse est passé à 42''05 en séries des JO 2021. Mujinga Kambundi a emmené dans son sillage Ajla Del Ponte, 5e sur 100 m devant la Bernoise aux JO de Tokyo et deuxième Suissesse à être passée sous les 11 secondes, ainsi que toute une nouvelle génération de sprinteuses.
Kambundji au repos vendredi
La composition de ce relais est désormais plus incertaine. Coach du 4x100 m dames - et de Mujinga Kambundji -, Adrien Rothenbühler peut aussi compter sur Géraldine Frey (11''23 cette saison), Natacha Kouni (11''12 à Bulle il y a deux semaines) et Sarah Atcho à Eugene.
Adrien Rothenbühler va d'ailleurs laisser Mujinga Kambundji au repos vendredi soir lors des séries. Un luxe inimaginable il y a trois ans, mais une option dont il pourra certainement profiter souvent à l'avenir avec d'autres jeunes comme Melissa Gutschmidt ou Léonie Pointet qui s'affirment également.
Abondance de biens ne peut nuire, et l'émergence de nouvelles sprinteuses de premier plan sera de toute manière profitable, à court comme à moyen terme. Il ne faut pas oublier que, depuis 2017, le quatuor helvétique n'est parvenu qu'une seule fois à battre le record national en finale d'un grand championnat (Doha 2019)...
La finale du relais fut ainsi la huitième course pour Mujinga Kambundji aux JO de Tokyo. Une journée de repos à Eugene - où Frey, Atcho, Kora et Del Ponte seront alignées en séries - lui permettra certainement de recharger ses batteries afin d'aller chercher les quelques centièmes qui pourraient séparer une 3e d'une 4e place.
Un peu tôt pour Del Ponte ?
Car il faudra très probablement passer sous les 42 secondes pour aller chercher le podium samedi soir. Ou compter sur une défaillance dans la transmission du témoin de l'une des trois équipes favorites, la Jamaïque, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui avaient squatté le podium tant aux Mondiaux de Doha qu'aux JO de Tokyo.
Les 42''13 réalisés le 30 juin à Stockholm par le quartett Frey-Kambundji-Kora-Del Ponte autorisent certes tous les espoirs. Mais la mécanique devra être parfaitement huilée pour que l'exploit soit au rendez-vous.
Or, Ajla Del Ponte n'est peut-être pas suffisamment en forme pour se mettre au diapason de Mujinga Kambundji. Freinée dans sa préparation par une blessure, elle n'a pu faire mieux que 11''41 en séries du 100 m. Elle sera certainement plus performante aux Européens de Munich (15-21 août), où ce relais sera d'autant plus ambitieux.