De nouveau en rose après sa victoire dans le deuxième chrono du Tour d'Italie, Remco Evenepoel avait du mal à jubiler dimanche à Cesena où il aurait aimé prendre davantage de temps à ses principaux concurrents. Mais si un coureur pouvait être frustré à l'issue de ce chrono, c'est bien le Thurgovien Stefan Küng, 4e à 4''.
Impérial dans cet exercice en solitaire lors de la première étape il y a huit jours à Ortona, Remco Evenepoel a été beaucoup mois souverain cette fois-ci. Le Belge s'est imposé avec seulement une seconde d'avance sur Geraint Thomas et deux sur l'autre Britannique de l'équipe Ineos, Tao Geoghegan Hart.
Sur un parcours plat qui l'avantageait pourtant et avec une distance (35 km) bien supérieure à celle du 6 mai, le champion de monde 2022 de la course en ligne n'a repris que 17 secondes à son grand rival slovène Primoz Roglic. Au classement général, il compte désormais 45'' d'avance sur Thomas et 47 sur Roglic.
Un pécule loin d'être ridicule, mais qui ne le met absolument pas à l'abri d'une contre-performance dans les deux semaines à venir, après la première journée de repos lundi. Lorsqu'il a coupé la ligne, sous la pluie et dans le froid, le jeune Flamand (23 ans) n'a d'ailleurs pas caché sa déception.
«Ce n'est pas le résultat que j'espérais. Ça reste une victoire d'étape mais ce n'était pas le meilleur chrono de ma vie, c'est évident», a-t-il avoué sans fard. «Je n'ai pas bien géré mon contre-la-montre, je suis parti trop vite.»
«Un plan pour m'attaquer»
Déjà mis en difficulté la veille, Evenepoel finit ainsi la semaine avec davantage de doutes qu'il ne l'avait commencée. Il misait sur les trois chronos au programme pour faire la différence face à Roglic, en espérant faire jeu égal en montagne avec le Slovène.
Son matelas de 47 secondes constitue un avantage moins conséquent qu'il ne l'espérait, avant la troisième semaine terrible qui attend les coureurs dans les Dolomites, dont un dernier contre-la-montre en côte effrayant, à l'avant-veille de l'arrivée à Rome.
«Je sais que l'équipe Ineos aura un plan pour m'attaquer, mais j'ai confiance en mon équipe (Soudal-Quick Step)», a insisté le Belge qui compte profiter de la journée de repos lundi pour refaire du jus, après sa double chute dans l'étape de mercredi.
A nouveau une question de secondes
Cinquième du «chrono» disputé sur 19,6 km en ouverture de ce Giro et déjà remporté par Remco Evenepoel, Stefan Küng (29 ans) a donc fait un peu mieux entre Savignano sul Rubicone et Cesena dimanche. Mais la frustration du vice-champion du monde de la spécialité doit être à nouveau grande.
Battu pour 2''95 par le Norvégien Tobias Foss dans le contre-la-montre des derniers Mondiaux, privé de bronze pour moins d'une demi-seconde lors des JO 2021, devancé de 54 centièmes par l'autre Stefan thurgovien (Bissegger) lors des Européens 2022, Stefan Küng laisse à nouveau filer la victoire pour un rien.
Toujours en quête d'un premier succès d'étape sur un grand Tour, Stefan Küng n'a qui plus est pas été aidé par les conditions. Les derniers partants - soit les coureurs les mieux classés au général - ont ainsi bénéficié d'une météo plus favorable. De quoi accroître sa déception, à la veille de la première journée de repos de ce Giro.