Elle a été la première aux Etats-Unis à avoir mis sur pause sa saison, a sensibilisé les jeunes, fait les dons les plus généreux: face au coronavirus, la NBA soigne son image de Ligue responsable.
Passé le choc du test positif au Covid-19 de Rudy Gobert, qui a poussé la Ligue, «en une fraction de seconde», à reporter sine die le championnat le 12 mars, le commissaire Adam Silver a peu apprécié de voir quelques critiques s'abattre sur la NBA.
D'abord à l'endroit du Français, négligent face à la pandémie avec sa fameuse blague tactile sur les téléphones et magnétophones. Puis celles envers les joueurs parvenus à se faire dépister, «les riches» selon les mots du maire de New York Bill de Blasio, pointant le fait que la très grande majorité de la population américaine n'a pas accès aux tests.
Alors à défaut de spéculer sur une date de retour aux affaires du basket, compte tenu de l'imprévisibilité de la situation et de sa durée, le patron de la NBA n'a pas hésité à monter au front pour défendre sa famille et soigner son image.
Selon lui, sa décision de suspendre la saison a eu un impact positif sur la prise de conscience de la pandémie aux Etats-Unis. «Nous occupons une place dans l'inconscient de notre pays, du monde aussi, d'ailleurs, et lorsque nous avons stoppé les matches, c'était une décision qui dépassait la NBA et qui a attiré l'attention d'un grand nombre de personnes.»
«Rôle important»
La plupart des autres ligues nord-américaines, MLB (baseball), NHL (hockey sur glace), MLS (football) ont suivi et pris des mesures similaires.
Proactive, la ligue a fait en sorte de l'être aussi dans la sensibilisation aux dangers du Covid-19, diagnostiqué pour l'heure chez 14 de ses joueurs. Certains, comme Gobert, son équipier du Jazz Donovan Mitchell, la star de Brooklyn Kevin Durant ou encore le joueur de Boston Marcus Smart, ont ainsi pris la parole.
«Ils ont choisi de donner un visage au virus, de démontrer que cette maladie n'est pas seulement à risque pour les plus âgés. La NBA est depuis longtemps à la pointe des problématiques sociales, et leur initiative en est un exemple», estime Eric Pincus, journaliste au Bleacher Report.
Deux jours seulement après avoir mis la saison sur pause, Adam Silver estimait en effet que «la NBA peut jouer un rôle important, en particulier auprès des jeunes qui n'ont pas pris assez au sérieux les mesures de précaution».
Première à rejouer ?
Outre les messages en ce sens aussitôt envoyés par les stars à leurs fans sur les réseaux sociaux, la NBA a lancé vendredi dernier une «campagne globale d'engagement social» visant à «prévenir, éduquer et aider les gens» face à la pandémie.
«NBA Together» comprend notamment des interviews quotidiennes de joueurs tels Luka Doncic et Trae Young, des programmes éducatifs, du contenu en ligne destiné aux jeunes qui ne peuvent pas jouer avec leurs amis.
Cette initiative s'inscrit dans la tradition de la ligue, qui a mis en place en 2005 le programme «NBA Cares», dont la mission est d'aider à la résolution de problèmes sociaux aux Etats-Unis et dans le monde. Distributions de nourriture, de fournitures scolaires, visites d'hôpitaux, matches pour les enfants, mobilisent ainsi régulièrement les joueurs.
Prompte, la NBA l'a aussi été pour faire des dons. «Des joueurs comme Kevin Love (Cleveland) et Blake Griffin (Detroit) ont tôt mené la charge, ce qui a conduit les équipes à rejoindre le mouvement, avec leurs ressources plus grandes encore, afin de venir en aide aux employés de salles, aux personnels médicaux, aux malades», souligne Eric Pincus.
A ce jour, plus de 30 millions de dollars (29,4 millions de francs) ont été promis.
Première, la NBA veut aussi l'être pour le retour au jeu. Adam Silver a évoqué l'idée d'un match exhibition «peut-être pour une collecte de fonds ou tout simplement pour le bien des gens». «Nous avons été les premiers à prendre la décision de suspendre notre saison, nous voulons trouver un moyen d'être les premiers à aller de l'avant.»