Face à la vague sans précédent de révélations de cas de violences sexuelles qui secoue le sport français, la ministre des Sports Roxana Maracineanu a sonné la charge lors de la convention nationale consacrée à ces abus, vendredi à Paris.
«Notre système a fauté depuis trop longtemps, à tous les étages. N'attendons pas, agissons maintenant, avec une mobilisation totale, sans concession. Agissons vite et fort», a exhorté Roxana Maracineanu, après avoir ouvert la journée par des extraits de témoignages de victimes, «des paroles crues, violentes, qu'il est temps d'entendre, enfin.»
«Performer ou avoir encore plus de licenciés ne peut plus être la seule priorité du mouvement sportif, la première doit être d'assurer la sécurité, physique et morale» des enfants, a-t-elle martelé. «Maintenant que la parole se libère, le sport français doit agir d'un même mouvement», a appelé la ministre.
Présentée comme un «temps d'information et de mobilisation» par le ministère, avant une phase de réflexion collective qui aboutira à une feuille de route «courant mai», l'événement a toutefois été l'occasion de présenter de premières mesures.
Roxana Maracineanu a d'abord entériné qu'elle «entend généraliser le contrôle d'honorabilité des bénévoles à toutes les fédérations». A ce stade, ce contrôle n'est systématique que pour les éducateurs professionnels. A terme, ce sont près de deux millions de bénévoles sportifs qui seraient concernés.
Roxana Maracineanu a par ailleurs annoncé la nomination d'une déléguée ministérielle chargée de la lutte contre les violences dans le sport, Fabienne Bourdais, issue de l'inspection générale. Quant à la cellule d'écoute mise en place au sein même des services du ministère depuis plusieurs mois, ses effectifs vont passer de trois personnes dédiées à six.
La ministre des Sports a profité de cette journée d'échanges qui a rassemblé plusieurs centaines d'acteurs du monde du sport et du tissu associatif pour faire passer un message clair aux fédérations et à leurs présidents, en particulier à ceux l'ayant séchée (onze présidents de fédérations olympiques étaient présents).
«Les présidents qui n'étaient pas là pour X ou Y raison, j'espère qu'ils seront là demain, a-t-elle lancé. Ce n'est pas un problème de femmes, c'est un problème d'instances, et de hautes instances.»
Dans la matinée, l'assemblée a vécu un moment fort quand l'ancienne championne de patinage artistique Sarah Abitbol, s'est exprimée. Son livre (Un si long silence) paru fin janvier, dans lequel elle dénonce les viols commis par son ex-entraîneur Gilles Beyer quand elle était adolescente au début des années 1990, a marqué le point de départ d'une accumulation de révélations d'autres affaires.
«Je n'aurais jamais imaginé prendre la parole sans honte. La honte se transforme en fierté, c'est ma plus belle victoire, ma médaille d'or olympique», s'est-elle félicitée avec émotion, avant de recevoir une longue ovation debout.
Depuis que Sarah Abitbol et d'autres anciennes patineuses ont brisé le silence il y a trois semaines, les témoignages de victimes se sont multipliés, dans différentes disciplines sportives: football, équitation, escalade, ski ou encore athlétisme.