Stefan Küng «Il est aussi difficile d'arriver à la cheville d'un Marco Odermatt»

ATS

3.4.2025 - 10:13

Stefan Küng aspire depuis longtemps à triompher d'une grande classique. Pour 2025, le Thurgovien a choisi une nouvelle approche de l'entraînement afin d'atteindre enfin ce grand objectif.

En 2025, Stefan Küng a choisi une nouvelle approche de l'entraînement.
En 2025, Stefan Küng a choisi une nouvelle approche de l'entraînement.
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Keystone-SDA

Küng fait partie depuis des années des acteurs majeurs des grandes courses d'un jour. Depuis 2022, le spécialiste du contre-la-montre et des classiques a obtenu au total cinq places dans le top 10 au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix. Une victoire dans l'un des monuments du cyclisme le fuit toutefois toujours.

Ce qui s'explique en partie par la domination de grandes stars bien difficiles à battre: dans 11 cas sur 15, le vainqueur s'est appelé Mathieu van der Poel ou Tadej Pogacar. Deux autres victoires ont été remportées par Remco Evenepoel. Il n'y a que deux fois où l'un des grands favoris ne s'est pas imposé: Dylan van Baarle (Paris-Roubaix 2022) et Jasper Philipsen (Milan-Sanremo 2024).

«Tu ne peux pas choisir tes concurrents», souligne Stefan Küng lors d'un entretien accordé à Keystone-ATS. Il fait une comparaison avec le ski alpin: «Il est aussi difficile d'arriver à la cheville d'un Marco Odermatt». Il y voit néanmoins un encouragement à s'améliorer continuellement et à chercher de nouvelles voies pour rester compétitif: «Tu dois pouvoir accepter que quelqu'un soit plus fort.»

Il faut être prêt

A 31 ans, le professionnel de l'équipe française FDJ n'a pas encore abandonné ses espoirs de réaliser le gros coup tant attendu, mais il est sûr d'une chose: «Tu ne peux pas forcer la chance. Tu dois rester cool et, si l'occasion se présente, tu dois être prêt et saisir la balle au bond.»

Pour battre les grands favoris, il faut aussi et surtout un bon sens tactique. Il faut anticiper leurs attaques, savoir quand il vaut la peine de suivre une accélération et quand il ne faut pas le faire. Car le risque existe de payer un trop plein d'efforts en fin de course.

«Pour gagner, il ne faut pas avoir peur de perdre», dit-il. Mais le multiple médaillé des championnats du monde voit justement là un problème. La raison en est la pression, à laquelle sont soumises les équipes qui doivent récolter suffisamment de points pour conserver leur statut sur le World Tour.

Un dilemme

Les équipes font face à un dilemme: «D'une part, elles veulent que tu gagnes des courses, d'autre part, elles veulent que tu gagnes le plus de points possible», explique Stefan Küng. «En tant que coureur, on réfléchit donc bien avant de tout tenter, avec le risque de se retrouver les mains vides à la fin».

Le Suisse évoque une situation survenue lors de la course d'un jour belge E3 Classic la semaine dernière, lorsqu'il s'agissait pour lui d'organiser la poursuite du petit groupe de tête autour du futur vainqueur Mathieu van der Poel: «Tout le monde avait peur de se faire distancer, c'est pourquoi ceux qui étaient devant avaient la partie facile.»

Küng a finalement terminé sixième. Pour l'équipe, c'est un bon résultat, pour lui-même «un autre top 10». Mais ce n'est pas ce à quoi il aspire. «On roule aujourd'hui de manière plus défensive, ce qui joue finalement aussi en faveur d'un van der Poel ou d'un Pogacar», constate-t-il.

Un rhume persistant

Küng a 16 jours de course dans les jambes en 2025, avant que la saison des classiques n'atteigne son point culminant dimanche avec le Tour des Flandres et une semaine plus tard avec Paris-Roubaix. La préparation ne s'est pas déroulée tout à fait sans souci.

Un rhume tenace l'a frappé à la mi-mars après Paris-Nice. «J'étais malade, c'est pourquoi nous avons décidé de ne pas participer à Milan-Sanremo», explique-t-il. Sa performance lors de l'E3 Classic le rend toutefois confiant: «Cela m'a donné confiance, tout comme ma performance lors de l'Omloop Het Nieuwsblad».

En ouverture de la saison des classiques, il est ainsi parti seul dans le final et n'a été repris qu'à environ 1 km de l'arrivée par le peloton de poursuivants qui arrivait en trombe. «Je n'ai jamais été aussi proche de la victoire lors d'une (semi-)classique», soupire-t-il.

Jours de vérité

Après un exercice 2024 mitigé malgré sa première victoire d'étape sur un Grand Tour lors du contre-la-montre final de la Vuelta, Stefan Küng espère récolter les fruits de sa nouvelle approche de l'entraînement. Avec son nouvel entraîneur, «nous avons accordé plus d'importance aux efforts courts lors de la préparation, et nous avons complètement renoncé à l'entraînement au contre-la-montre».

Küng est forcément curieux de voir si ces changements apporteront la plus-value espérée: «Les grandes classiques nous montreront si cela fonctionne». En tout cas, lui-même est prêt à tout miser sur une seule carte.