Thibaut Pinot «Il y a eu des années où je n'avais pas très envie d'aller sur le Tour»

AFP

28.6.2023

«Bien» physiquement et «libéré» dans sa tête, Thibaut Pinot dit dans un entretien à l'AFP vouloir «prendre comme une fête» son dernier Tour de France, sur lequel il espère «lever les bras une dernière fois» avant de prendre sa retraite en fin de saison. Avant tout au service de son leader David Gaudu, au sein de l'équipe Groupama-FDJ, le Franc-Comtois de 33 ans, qui va disputer sa 10e Grande boucle, compte aussi «saisir sa chance» sur les étapes où il sera «libre d'aller devant». Interview.

Thibaut Pinot va vivre son dernier Tour de France dès samedi.
Thibaut Pinot va vivre son dernier Tour de France dès samedi.
Keystone

AFP

Vous n'étiez pas prévu au départ mais est-ce finalement le Tour de France sur lequel vous aviez le plus envie de venir ?

«C'est vrai qu'il y a eu des années où je n'avais pas très envie d'aller sur le Tour parce que je ne le sentais pas ou que je me mettais trop de pression. Et, généralement, ça s'est mal passé. Les fois où j'ai eu envie de venir, ça m'a plutôt bien réussi. Pour ma dernière saison, ça aurait été un regret de ne pas y aller.»

Ça aurait fait bizarre pour le public aussi ?

«Ça fait chaud au coeur de voir que tout le monde me soutenait dans le fait d'enchaîner avec le Tour de France. C'est aussi pour ça que j'ai envie de bien faire. J'ai envie de profiter, de prendre ça comme un fête. Donner le meilleur de moi-même en espérant avoir d'aussi bonnes sensations que sur la fin du Giro. Si c'est le cas, il peut y avoir de bonnes surprises à Paris.»

Avez-vous récupéré du Tour d'Italie que vous avez fini à la cinquième place ?

«Je me sens bien et frais physiquement. J'ai rarement fini un grand Tour avec si peu de fatigue. Je n'ai pas eu de contrecoup comme j'ai pu en avoir dans le passé après le Tour ou la Vuelta. Je pense que c'est l'âge. On récupère plus facilement d'un grand Tour que quand on est jeune.»

Pourtant on ne voit plus beaucoup de coureurs enchaîner le Giro et le Tour...

«C'est vrai. Enchaîner Tour et Vuelta, il n'y a aucun souci. Mais enchaîner Giro et Tour, ça paraît compliqué. On va vérifier ça sur le terrain, je serai un peu le cobaye.»

Votre mission sera d'épauler David Gaudu mais est-ce que votre rôle peut évoluer ?

«C'est la course qui va décider. On part à la base pour aider David au maximum. Après, on sait que la course va s'ouvrir et qu'il va y avoir beaucoup d'opportunités, surtout sur un Tour de France aussi dur. Les grosses équipes comme Jumbo ne pourront pas contrôler tous les jours et il y aura forcément des bons de sortie et des jours où je serai libre d'aller devant. Ce sera à moi de saisir ma chance. J'aurai sûrement plusieurs rôles dans ce Tour et ça me motive aussi.»

Et jouer le classement général en fonction des circonstances ?

«Avec des si on peut tout imaginer. Mais, dans ma tête, je ne l'imagine pas trop. On verra au fur et à mesure».

Comprenez-vous les critiques de ne pas avoir beaucoup aidé David Gaudu l'an dernier ?

«J'avais un rôle d'électron libre. Mais je n'avais pas de bonnes sensations. J'ai eu le Covid huit jours avant. Pour moi, c'était vraiment un Tour compliqué. J'avais des choses à me prouver à moi-même, par rapport à ma blessure au dos notamment. Je voulais me prouver que j'étais encore le coureur que j'étais avant. Je comprends tout à fait les critiques. Moi aussi j'aurais voulu donner plus. Pour David, pour l'équipe et pour être mieux quand j'étais échappé. C'était un Tour frustrant pour moi.»

Etes-vous plus épanoui cette année ?

«Je m'éclate sur le vélo. Je me sens libéré d'un poids aussi. Je n'ai plus rien à prouver à personne, juste à prendre du plaisir. Ma carrière est faite. J'ai déjà fait cinq fois deuxième cette saison. Si je pouvais lever les bras une dernière fois sur le Tour de France, ce serait quand même une belle histoire.»