Ces trois années sans Championnats du monde de l'Ironman à Hawaï ont paru une éternité pour Daniela Ryf, comme elle l'a laissé entendre dans une interview avec Keystone-ATS.
Dans la nuit de vendredi à samedi en heure suisse, la Soleuroise (35 ans) pourrait devenir championne du monde de l'Ironman pour la deuxième fois en cinq mois et pour la sixième fois au total. Avec un sixième sacre, elle rejoindrait au palmarès une autre Suissesse, Natascha Badmann.
Pour Daniela Ryf, «Badmann est une légende. C'est un honneur pour moi d'être comparée à elle. Mais nous n'avons jamais concouru l'une contre l'autre. Donc c'est difficile de faire une comparaison. Elle a eu une carrière merveilleuse. Ce qu'elle a réalisé pour elle et pour le sport est absolument unique. Elle restera pour toujours une icône à Hawaï.»
Qu'est-ce qui a changé dans votre vie d'athlète depuis le dernier Championnat du monde de l'Ironman à Hawaï en 2019?
«Plusieurs choses, et pas seulement dans le domaine du coaching. J'ai aussi évolué en tant que personne. Je me suis vraiment demandé avec des idées intenses pourquoi je faisais telle chose. Et qu'est-ce qui me rendait heureuse ou pas. Je me sens maintenant à un point de ma vie où je sais ce que j'aime et n'aime pas. C'est devenu moins important de savoir ce que les autres gens pensent de moi. Je suis devenue plus forte mentalement. Dans le sport, cela m'aide à composer avec la pression.»
Où vous situez-vous comme athlète par rapport à 2019
«Le monde a changé avec ces trois ans de pandémie du Covid. Ce ne sont que trois années. Mais je le ressens comme plus long. Je suis fière de mon développement, aussi comme athlète. Ce fut très bon de pouvoir accomplir la dernière préparation à nouveau à Maui. Ainsi, je pouvais comme auparavant m'astreindre à un entraînement très intensif. C'est sans doute la phase de ma vie où j'étais le plus en forme physiquement jusqu'ici à Maui. Malgré la chaleur, j'ai pu enchaîner les entraînements avec joie et je me sens très en forme et même plus forte qu'il y a trois ans.»
Aux Championnats du monde de l'Ironman à St-George, il y a cinq mois, vous portiez un masque lors de la conférence de presse d'avant course. Au contraire de beaucoup d'autres athlètes. Pourquoi?
«En raison du coronavirus, je suis devenue consciente qu'on devait se protéger. En mai à St-George, le Covid-19 était encore existant. Il a encore touché des athlètes qui sont tombés malades. Mais cela ne concerne pas que le coronavirus, mais aussi pour éviter les refroidissements à notre niveau. Sinon, on atteint plus son niveau habituel. Oublier une fois de se désinfecter et un jour faible du système immunitaire, tout ça peut se passer rapidement. En 2019, j'ai commis l'erreur d'avoir beaucoup trop de contacts. Deux jours avant le Mondial de l'Ironman, j'avais serré environ deux cents mains à la conférence d'avant course. C'est quelque chose qu'on peut optimiser et ainsi diminuer le risque. C'est simplement dommage de gâcher un entraînement de plusieurs mois pour le point culminant de la saison en raison d'une infection.»
A 35 ans, comment voyez-vous votre avenir et combien de temps allez-vous continuer? Ou planifiez-vous simplement d'une année à l'autre?
«Je ne continuerai certainement pas jusqu'à 45 ans, mais regardons d'abord d'une année à l'autre. Surtout, je vais choisir des compétitions qui me donnent du plaisir. Par exemple pour Hawaï, je «brûle» toujours comme avant. C'est pour moi la grande course, qui m'a toujours beaucoup motivée.»