Double médaillé d'argent aux Européens 2022 en grand bassin, Antonio Djakovic était le grand absent des championnats de Suisse le week-end dernier aux Vernets. Blessé au cou il y a un mois, il vient de reprendre l'entraînement dans l'optique des Mondiaux de Fukuoka. Il lorgnera le podium au Japon.
«Je me suis blessé en faisant un faux mouvement lors d'un entraînement de force à Tenerife. Je me suis bloqué un nerf de manière stupide. Mais ça va beaucoup mieux. J'ai quatre mois pour me préparer au mieux dans l'optique de Fukuoka. C'est suffisant», affirme-t-il d'emblée.
Le Zurichois de 20 ans a vécu un hiver pas comme les autres: à l'heure de reprendre l'entraînement, il a également achevé son école de recrues pour sportifs d'élite la semaine passée. «C'était sympa. La formation de base m'a permis d'apprendre de nouvelles choses. Et j'ai rencontré de nouvelles personnes», explique-t-il.
«C'était difficile de s'entraîner au début, car on avait seulement une séance dans l'eau par jour», souligne le natif de Frauenfeld, qui n'a donc pas pu préparer de manière adéquate les championnats du monde en petit bassin de Melbourne en décembre dernier.
«Je ne pensais pas être capable de me qualifier pour une finale», poursuit celui qui s'était paré de bronze sur 400 m libre lors des Mondiaux 2021 en petit bassin. «Je suis donc largement satisfait de ma 5e place» obtenue sur 400 m libre en Australie, où il s'est ensuite classé 10e du 200 m libre.
«J'espère être prêt pour Fukuoka»
Avant de se blesser, Antonio Djakovic avait retrouvé son rythme normal de nageur dès le mois de janvier. Un camp d'entraînement de trois semaines à St-Moritz figurait ainsi à son menu dans le cadre de l'école de recrues en janvier. «J'avais pu m'entraîner à 100% dès le mois de janvier», se félicite-t-il.
Sa blessure à la nuque, qui le gêne de moins en moins, n'a pas de quoi réfréner ses ardeurs. «Si je parviens à m'entraîner parfaitement jusqu'à Fukuoka (réd: où les épreuves en piscine sont programmées du 23 au 30 juillet), il y aura peut-être une médaille à l'arrivée...», glisse-t-il.
«Je me suis retrouvé au repos forcé pour trois semaines», répète-t-il. «J'espère être prêt pour Fukuoka. Je devrai avant toute chose parvenir à me hisser en finale. Et si tout se déroule parfaitement, je devrais être en mesure de battre mes meilleurs chronos, que ce soit sur 400 m ou sur 200 m», développe-t-il.
«Une médaille serait alors envisageable, même si cela dépendra aussi du niveau de mes concurrents», poursuit Antonio Djakovic, qui a réalisé ses meilleurs temps (1'45''32 et 3'43''90) lors des Européens de Rome en août dernier. Et qui sait que sa tâche s'annonce forcément délicate, surtout sur 200 m libre.
Une concurrence féroce
«La concurrence est très grande sur 200 m», surtout avec l'avènement du prodige David Popovici (18 ans) qui a signé à Rome le 3e chrono de l'histoire (1'42''97). «Mais je n'ai pas de pression, et j'ai une motivation énorme. Et je peux aussi briller sur 400 m», où ses chances de médaille semblent plus élevées.
Que pense-t-il d'ailleurs de David Popovici, qui a aussi battu l'an dernier le «vieux» record du monde du 100 m libre (46''86)? Le Roumain est-il un modèle à ses yeux? «Il est très impressionnant. C'est un très grand talent, à même pas 19 ans. Il est devenu très fort très rapidement», répond Antonio Djakovic.
«Mais on verra s'il parvient encore à progresser dans le futur», poursuit le Zurichois, pour qui la nouvelle star de la natation n'est pas un exemple à suivre: «Je me concentre sur mes propres forces et mes points faibles. Je préférerais devenir moi-même un jour un modèle pour les jeunes nageurs suisses», sourit-il.
Objectif Paris 2024
S'il espère pouvoir signer un exploit à Fukuoka, Antonio Djakovic a déjà le regard tourné vers les JO 2024: «J'y pense depuis les Jeux de Tokyo», où il avait manqué de peu la finale sur 200 et sur 400 m avant de décrocher une superbe 6e place avec le 4x200 m libre.
«A Tokyo, je voulais surtout emmagasiner de l'expérience. Je savais que j'évoluerais à un autre niveau en 2024», lâche-t-il. «Ce sera un plaisir de vivre ces Jeux: nous aurons une superbe équipe masculine avec Jérémy (Desplanches), Noè (Ponti), Roman (Mityukov) et Niels (Liess)», se réjouit-il.
«Je serai certainement prêt pour rivaliser avec les meilleurs sur le plan individuel à Paris», assure-t-il. «Si je parviens en finale, tout sera possible: je pourrais très bien gagner une médaille d'or, ou terminer au dernier rang», conclut-il.