Une étape du relais de la flamme olympique annulée, mise en garde inquiétante d'un responsable médical: à 100 jours exactement du coup d'envoi des Jeux de Tokyo, la pandémie de coronavirus jette une ombre sur le déroulement de la quinzaine olympique, déjà reportée d'un an et prévue cet été.
Le gouverneur du département d'Ehime, sur l'île japonaise de Shikoku (ouest), a annoncé mercredi que le relais de la flamme ne passerait pas par la ville de Matsuyama, sa capitale, à cause de la "pression extrême" que subit actuellement le système hospitalier local. Le Comité d'organisation Tokyo 2020 a précisé ensuite qu'il y aura une cérémonie fermée au public dans un parc.
Une semaine plus tôt, l'événement avait été jugé indésirable sur la voie publique dans un autre département, celui d'Osaka, où il avait également finalement eu lieu à l'intérieur d'un parc interdit aux spectateurs.
Ce nouveau revers, au moment précis où le Japon marque le cap des 100 jours avant la cérémonie d'ouverture des Jeux le 23 juillet prochain, vient encore compliquer la tâche des organisateurs, confrontés à des doutes persistants quant à la possibilité de tenir ces JO en toute sécurité.
Quelques heures plus tôt, le président de l'Association médicale de Tokyo, Haruo Ozaki, avait jugé qu'il serait "difficile d'organiser les Jeux olympiques dans leur forme actuelle avec des athlètes venant de tous les pays, si les cas d'infection continuent d'augmenter".
"J'aimerais vraiment que les organisateurs présentent des mesures concrètes" pour éviter l'augmentation des infections et demander la coopération de tous pour le bien des sportifs, a-t-il ajouté.
"Jeux magnifiques"
Du côté des instances olympiques, le message ne varie pas cependant. L'hypothèse de l'annulation n'est "certainement pas" sur la table, a martelé mercredi le vice-président du Comité international olympique (CIO), John Coates. "Les Jeux de Tokyo seront la lumière au bout du tunnel" de la pandémie, a-t-il affirmé à la presse.
Les organisateurs des Jeux ont publié des "manuels" énumérant les strictes mesures antivirus qui seront mises à jour ce mois-ci, dans l'espoir d'apaiser les craintes d'un public japonais encore largement opposé aux JO, déjà reportés d'un an en raison de la pandémie, une première en temps de paix.
Au cours d'une cérémonie sans faste mercredi matin à Tokyo pour marquer les 100 jours, la gouverneure de la capitale Yuriko Koike a exprimé son impatience de voir des "Jeux magnifiques" avec "tous les athlètes, du Japon et de l'étranger, qui se sont entraînés très dur". Evoquant le "grand combat de l'humanité contre l'ennemi invisible" de la pandémie, elle a fait le voeu d'un événement qui "restera dans les coeurs".
Une statue des mascottes de Tokyo-2020 a été présentée devant la mairie de la capitale, tandis que des anneaux olympiques géants étaient simultanément dévoilés sur une montagne à une cinquantaine de kilomètres de là, lors d'une cérémonie enveloppée par le brouillard.
"Protéger les vies"
L'optimisme des organisateurs s'appuie sur plusieurs nouvelles positives, comme les programmes de vaccination qui sont en cours dans de nombreux pays, certaines équipes olympiques ayant déjà été vaccinées.
Le Japon n'exige pas que les participants aux JO soient vaccinés, mais le CIO encourage les vaccinations et a obtenu des doses fabriquées en Chine pour les athlètes de pays n'y ayant pas accès.
Au Japon, les manifestations sportives se poursuivent, avec un nombre de spectateurs limité, et les supporters suivent déjà les règles qui seront appliquées aux Jeux cet été, notamment l'interdiction d'acclamer.
La décision de la Corée du Nord de ne pas participer aux JO de Tokyo en raison du virus n'a pas eu d'effet boule de neige, les sportifs semblant pour la plupart impatients de retrouver la scène internationale.
Au Japon, la nageuse Rikako Ikee a par ailleurs suscité l'engouement en gagnant une place dans l'équipe de relais olympique, deux ans seulement après un diagnostic de leucémie.
Parmi la population, les opinions sont partagées. "Le rôle du gouvernement est de protéger les vies des gens. Je pense que les Jeux olympiques devraient être annulés", a déclaré à l'AFP Midori Hinamoto, une habitante de la capitale âgée de 65 ans.
Mais pour Kenzo Tanaka, 27 ans, "dans cette période sombre, n'importe quelle nouvelle positive, comme une médaille d'or, ou quelque chose qui nous donne de l'énergie, sera apprécié".
ATS