Le calme avant la tempête : le Colombien Juan Sebastian Molano a remporté au sprint la 12e étape du Tour d'Espagne jeudi à Saragosse au bout d'une journée soporifique avant l'arrivée au Tourmalet vendredi.
Dominé jusque-là par Kaden Groves dans les sprints massifs sur cette Vuelta, le coureur d'UAE a pris sa revanche en devançant l'Australien de l'équipe Intermarché et le Néerlandais Boy van Poppel (Intermarché) dans les rues de Saragosse où le peloton est arrivé groupé après avoir repris les deux échappés du jours à 40 km du but. C'est la 23e victoire, la deuxième dans la Vuelta, pour le Colombien qui s'était imposé lors de la dernière étape l'année dernière à Madrid.
Il n'y a pas de changement au classement général : l'Américain Sepp Kuss (Jumbo-Visma) reste en tête devant l'Espagnol Marc Soler et le Belge Remco Evenepoel, vainqueur l'an passé. Le Slovène Primoz Roglic, qui a grappillé quatre secondes sur un sprint intermédiaire, est quatrième devant le Français Lenny Martinez, cinquième.
18,9 km de torture
Comme prévu, cette 12e étape, dans des paysages désertiques, a constitué un temps calme pour le peloton à la veille de deux étapes qui s'annoncent particulièrement difficiles. Dès mercredi, le Belge Remco Evenepoel avait rapporté que «tout le monde est un peu effrayé par l'étape du Tourmalet et celle du lendemain».
Vendredi, les coureurs vont franchir la frontière française pour se mesurer à un enchaînement redoutable de trois cols hors catégorie, l'Aubisque (16,5 km à 7,1%), Spandelles (10,3 km à 8,3%) et le vénérable Tourmalet, géant du Tour de France abordé côté Barèges pour 18,9 km de torture à 7,4% de moyenne, avant l'arrivée au sommet, à 2115 mètres. Cette étape courte (135 km) mais terriblement ardue s'annonce comme un moment de vérité pour dégager une vraie hiérarchie dans cette Vuelta alors que les principaux favoris se sont surtout neutralisés jusque-là.
Ce sera sans doute l'occasion aussi de clarifier la situation chez Jumbo-Visma. Sepp Kuss, habitué à un rôle de sherpa de luxe dans l'équipe néerlandaise, se mettra-t-il au service de Primoz Roglic, a priori le plus en forme, voire de Jonas Vingegaard ? Ou défendra-t-il son maillot rouge de leader avec l'idée de l'amener peut-être jusqu'à Madrid ? Le comportement de Remco Evenepoel, tenant du titre pris en tenaille par les trois Jumbo, sera également à suivre.
Et si jamais le Tourmalet ne livre pas un verdict suffisamment clair, l'étape de samedi, au départ de Sauveterre-de-Béarn dans les Pyrénées-Atlantiques, proposera un autre triptyque gratiné (Hourcére, Larrau, Belagua) susceptible de créer des différences avant la troisième semaine encore très montagneuse.